La situation épidémique préoccupe et inquiète les professionnels de la santé qui tentent de sensibiliser chaque jour sur le risque que continue de faire peser sur le pays la pandémie du nouveau coronavirus.

PAR INES DALI
Le variant Delta se propage et prend de l’ampleur et l’Omicron ne tarderait pas. «Ce n’est pas un jeu !», a averti, hier, le Pr Ryad Mahyaoui, membre du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de Covid-19.
Le bilan quotidien faisant état des contaminations, des malades graves et des décès est là pour le prouver. L’alerte lancée par les spécialistes exerçant dans les hôpitaux, donc ceux qui prennent en charge les patients Covid et qui sont tous les jours en contact avec cette maladie, est un autre indicateur que la situation est en train de s’aggraver.
La situation sanitaire «risque réellement de dégénérer» dans les prochains jours au vu de l’augmentation des cas d’infection au Covid durant ces derniers temps et de la détection du premier cas du variant Omicron en Algérie la semaine dernière, a mis en garde le Pr Mahyaoui lors de son passage à la Radio nationale. Comme l’ensemble de ses confrères spécialistes, il redoute de voir se rééditer le scénario de la meurtrière 3e vague de l’été dernier qui a endeuillé des centaines de familles algériennes. Il est possible de l’éviter en faisant preuve de «vigilance», a-t-il martelé, après avoir déploré le «laisser-aller» faisant croître le nombre de malades dans les structures sanitaires, où l’on compte quelque 3000 malades hospitalisés dont 95% ne sont pas vaccinés. «Tout le monde doit être vigilant en respectant les mesures préventives et les gestes barrières, et inciter les autres à se faire vacciner», a soutenu le membre du Comité scientifique. Cela d’autant qu’«on est en période de grippe saisonnière» et que «les gens malades ne le déclarent pas. Ils viennent travailler avec des éternuements et des écoulements nasaux mais personne ne se soucie de tout ça», a-t-il regretté, revenant sur la nécessité de se faire vacciner pour endiguer la propagation de l’épidémie et ses effets néfastes.
Eventuelle vaccination des 11-17 ans après accord parental
En plus d’un suivi «plus pointilleux de la situation épidémique», le Comité scientifique compte étudier les tous prochains jours la probable décision d’élargir la vaccination aux adolescents de moins de 18 ans, a fait savoir le Pr Mahyaoui. «Au Comité, une réunion est prévue, jeudi prochain, avec les experts qui ont fait une lecture de la situation à l’échelle internationale. On va donc probablement trancher en fin de semaine ce volet de la vaccination et on va peut-être privilégier d’abord, progressivement, les adolescents qui se rapprochent un peu plus de l’adulte pour pouvoir passer aux enfants d’un âge plus bas. Je pense qu’on pourrait, éventuellement, aller vers la vaccination des 12 ou des 11-17 ans», a-t-il déclaré, faisant remarquer qu’«il y a beaucoup de gens qui demandent à ce que les enfants soient vaccinés».
Si la décision venait à être prise, «elle sera soumise, bien sûr, à l’accord des parents», a tenu à préciser le Pr Mahyaoui pour éviter tout amalgame, soutenant que «l’autorité parentale est importante dans notre pays». A propos de la vaccination des enfants, il y a lieu de noter qu’une réunion ayant regroupé des responsables du groupe Saidal avec une délégation des laboratoires Sinovac conduite par son directeur général Qiang Gao, s’est penchée sur cette question. La réunion a permis, entre autres, aux responsables de Sinovac de «présenter les résultats préliminaires des études cliniques en cours relatives à l’efficacité de CoronaVac sur le nouveau variant Omicron ainsi que sur l’utilisation de ce vaccin chez les enfants de plus de trois ans», peut-on lire dans un communiqué du ministère de l’Industrie pharmaceutique rendu public hier. La délégation de Sinovac a entamé jeudi une visite de travail au niveau du site de production de Constantine 1, dans le cadre du suivi et du renforcement de la coopération avec le groupe public Saidal. «Accompagné par le directeur des affaires internationales au niveau du Sinovac Kevin Zhang, M. Gao a présidé une réunion de travail avec la PDG de Saidal, Fatoum Akacem, consacrée à l’étude de l’état d’avancement du partenariat pour la production du CoronaVac en Algérie ainsi que la collaboration dans le cadre de la certification OMS», selon la même source, ajoutant que «les deux parties ont également passé en revue le renforcement du partenariat et son élargissement à la production d’autres vaccins».

Omicron : 12 décès au Royaume-Uni
Le problème majeur de l’heure est la vaccination contre le Covid-19, plus précisément son meurtrier variant Delta, les professionnels de la santé étant tous d’accord que c’est lui qui constitue une véritable menace actuellement avec sa forte propagation, avant l’inévitable propagation du variant Omicron dont les spécialistes ignorent encore tous les effets, sauf qu’il se transmet bien plus rapidement que le Delta.
C’est à ce titre que le Pr Mahyaoui est revenu sur «la propagation inquiétante du variant Omicron dans le monde» et qui, en quelques semaines seulement, a affecté près plus de 77 pays, dont certains recensent jusqu’à 100.000 cas par jour. «Ce n’est pas un jeu, l’Angleterre prévoit 6000 morts au mois de janvier», a-t-il affirmé. La question mérite d’être examinée de plus près si l’on considère que ce pays, ayant pourtant atteint un taux de vaccination très élevé, a fait état, hier, de douze décès. «Douze personnes contaminées par le variant Omicron du Covid-19 sont mortes et 104 sont hospitalisées au Royaume-Uni, confronté à une vague de contaminations suscitant des appels à de nouvelles restrictions», a déclaré son vice-Premier ministre.
Appels à la 3e dose
Un autre haut responsable a affirmé que tout ce qu’ils savent sur Omicron, c’est qu’il «se répand très rapidement», estimant qu’il y a «un décalage dans le temps en termes de données, donc nous ne savons pas vraiment à quel point ça va être grave». D’où des appels sont lancés pour «la piqûre de rappel qui fait bénéficier d’une protection efficace à plus de 70%». Près de la moitié des plus de 12 ans ont reçu un rappel ou une troisième dose de vaccin anti-Covid au Royaume-Uni, frappé par une forte augmentation du nombre de cas (+82.886 enregistrés en 24 heures dimanche), selon les agences de presse.
La même grande inquiétude est notée aux Etats-Unis, où l’éminent scientifique Anthony Fauci, conseiller de la Maison Blanche sur la crise sanitaire, a averti qu’Omicron «se déchaînait» à travers le monde, en s’inquiétant que près de 50 millions d’Américains éligibles restaient non vaccinés et en avertissant qu’Omicron «va prendre le dessus» vu sa vitesse de propagation.