L’ouverture de la gigantesque mine de fer de Gara Djebilet, située dans la wilaya de Tindouf, témoigne, depuis samedi dernier, que ce projet vieux de sept décennies a enfin pris forme. Un événement de taille compte tenu du fait qu’il constitue un atout majeur pour l’industrie minière et ses dérivés dans le pays.
Par Bouzid Chalabi
Il suffit pour s’en convaincre de savoir, qu’une fois son exploitation mise en marche, ce mégaprojet va non seulement répondre à la demande nationale en fer mais procurer au pays des recettes importantes en devises issues de l’exportation du minerai de fer traité sur place. Sur ce dernier point, on estime que, dans une première phase, les exportations rapportent entre 2 et 3 milliards de dollars par an. Pour l’heure, et concernant le détail de la mise en exploitation de mine de Gara Djebilet, le ministre de l’Energie Mohamed Arkab, qui présidait la cérémonie d’ouverture, a indiqué lors de son allocution que la mine connaîtra, dans la première phase d’exploitation qui va s’étaler de 2022 à 2025, une production minière de 2 à 3 millions de tonnes par an.
Toujours dans ce contexte d’exploitation, il a indiqué que les volumes de minerai de fer extrait seront acheminés par voie terrestre vers Béchar où ils seront transformés et valorisés par des opérateurs nationaux «désirant investir dans ce domaine, en attendant la réalisation de la voie ferrée Gara Djebilet-Béchar», a-t-il rapporté. Ajoutant dans ce sens «une fois la voie ferrée réalisée, la seconde phase commencera, ce qui permettra d’optimiser l’exploitation de la mine en produisant de 40 à 50 millions tonnes/an à l’horizon 2026». A propos de la mise en œuvre de la nouvelle voie ferrée, selon la fiche technique de ce projet, elle sera longue de 1 000 km et va permettre le transport du minerai de fer de Gara Djebilet (Tindouf) vers Béchar. «Un chantier qui devrait être lancé au cours du premier trimestre 2023», a annoncé Mohamed Arkab, non sans instruire ses accompagnateurs que le projet en question «est en phase d’étude par un comité technique intersectoriel composé de plusieurs départements, à savoir le ministère de l’Energie et des Mines, le ministère des Transports, ainsi que celui des Travaux publics».
Le ministre a en outre confié à l’ouverture de la mine de Gara Djebilet : «Nous sommes parvenus à cette étape après plusieurs années de travaux et d’études menés dans les plus grands laboratoires internationaux. Ce qui nous a permis de déterminer les produits commercialisables aux plans national et international, dont le concentré de fer, les boulettes de fer ainsi que les produits semi-finis, à l’exemple des pellets.» Mohamed Arkab a, également, évoqué à cette même occasion le programme de développement du secteur des mines et de développement de grands projets industriels miniers visant à valoriser les ressources minérales locales, à l’instar des projets de transformation du phosphate (Tébessa), d’exploitation du zinc et du plomb dans la vallée d’Amizour (Béjaïa) et de développement de la mine de fer à Gara Djebilet.
Cela dit, il y a lieu de savoir que le projet d’exploitation de Gara Djebilet, lorsque il a été évoqué pour la première fois, a fait couler beaucoup d’encre d’autant que les sceptiques arguaient à l’époque que le projet relevait de l’impossible tant la teneur de phosphore dans le minerai de fer extrait de cette mine était élevé rendant ainsi sa valeur marchande très en deçà du coup d’extraction. Tandis que d’autres opposants à ce projet invoquaient des installations gigantesques pour arriver à rentabiliser l’exploitation de cette mine, de très gros camions à acheminer sur place et enfin une voie ferrée à réaliser sur plus de 1 000 km. En somme, on parlait surtout à l’époque d’un projet impossible à réaliser. Mais depuis, les contours de ce méga projet esquissés au mois d’août 2020 prennent aujourd’hui forme. n