Dans cet énorme blackout sportif, il est difficile de trouver des lueurs d’espoirs. Surtout quand on voit que nos athlètes ont pris la porte sans faire long feu dans les différentes épreuves. Un seul parmi eux a pu animer une finale : Yasser Mohamed–Tahar Triki (24 ans) qui a terminé 5e du triple saut olympique. C’est la même place qu’a pu décrocher la boxeuse Imane Khelif (22 ans) après une élimination aux portes des demies chez les -60kg. Ces deux-là seront attendus dans 3 ans aux JO de Paris.
Par Mohamed Touileb
Le potentiel est indéniable. Tout comme la détermination affichée pour aller conquérir la gloire olympique. «Je n’ai pas accompli ce que je voulais en venant ici à Tokyo. Mais je me sens béni d’avoir pu terminer mon aventure olympique à la 5e place dans l’une des finales du triple saut les plus disputées dans l’histoire des jeux. Je suis désolé de ne pas avoir pu gagner une des trois médailles. Mais je promets de faire toujours de mon mieux pour bien représenter le drapeau vert, blanc et rouge. Ce que Dieu nous prévoit et plus grand que tous nos plans», c’est avec ces mots que Triki a réagi après la fin de ses Olympiades.
Il aura été l’unique Algérien à se hisser jusqu’en finale. Compte tenu de ce qu’il avait montré avant ce rendez-vous, on s’attendait désespérément à ce qu’il sauve miraculeusement la participation algérienne au Japon. Ce n’était pas pour avoir un nouvel arbre qui cache la forêt comme ce fut le cas avec Taoufik Makhloufi en 2016. Mais parce qu’on en avait marre des humiliations tout au long de ce rendez-vous.
Les quelques centimètres qui changent un destin
Pour 4 centimètres, le natif de Constantine a raté le podium. Triki a donné le meilleur de lui pour tenter d’aller accrocher le top 3 même s’il ne faisait pas partie des favoris du concours. Cependant, il aura assumé un statut de jeune outsider même s’il prenait part à la gigantesque manifestation pour la première fois de sa carrière. Aussi, on rappellera que la préparation du triple-sauteur était loin d’être parfaite. Elle a été grandement perturbée. Désabusé par sa situation, il avait même pensé à renoncer aux JO japonais avant que Salima Souakri, Secrétaire d’État chargée du sport d’élite au MJS, ne lui présente des garanties pour lui retaper le moral et lui permettre de se remettre d’aplomb.
Par la suite, il a même pu battre le record d’Algérie avec un bond de 17.31m le 04 juin dernier à Alger et un autre de 17.33m le 06 juillet en Hongrie. Après un dernier stage en Turquie, Triki a rallié l’archipel sachant que la concurrence sera rude. Notamment en présence de Pedro Pichardo (Portugal) et Hugues-Fabrice Zango (Burkina Faso) qui faisaient partie des favoris.
Trouver la bonne impulsion
A partir de là, il n’y avait une place potentielle dans le «top 3» à aller chercher. Surtout que Christian Taylor (États-Unis), double-champion olympique (2012 et 2016) et quadruple champion du monde (2011, 1015, 2017 et 2019), avait dû déclarer forfait en raison d’une rupture du tendon d’Achille. Le Portugais et le Burkinabé ont assumé leurs rangs. C’est le premier nommé qui a raflé l’or de Tokyo en sautant à 17,98m tandis que Zango a terminé en bronze (17,47m).
Malheureusement, l’autre place sur le podium n’était pas en faveur de l’Algérien puisque c’est le Chinois Zhu Yaming (17,57 m) qui a terminé vice-champion olympique 2020. Triki a raté la médaille de peu. Avec 5 centimètres de plus, il aurait pu s’adjuger la 3e place. Quand on voit sa planche sur son meilleur essai (17.43m) et la marge qu’il a laissée (20 cm), on peut se douter qu’il aura des regrets. Tout comme nous d’ailleurs.
Dans cette compétition, l’athlète Dz a pu corriger le record national à 3 reprises (17.40m, 17.42 puis 17.43). On ne peut pas dire que le protégé de l’entraîneur Azeddine Talhi ne s’est pas surpassé dans le but d’aller chercher une médaille dont l’Algérie avait plus que jamais besoin afin de sauver son honneur dans ce raout planétaire. Gageons qu’avec un vrai suivi et du travail, Triki pourra se permettre de réaliser son rêve dans 3 ans à Paris. Sa marge de manœuvre reste conséquente et sa courbe de performance ascendante.
Khelif devra allier l’efficacité au style
Comme Triki, la boxeuse Khelif a fini 5e dans la catégorie des poids «légers» chez les femmes. Arrivée dans la capitale du pays du Soleil Levant les rêves plein la tête, la sociétaire de l’équipe de la Sécurité Civile avait la confiance pour aller loin. Mais il lui aura manqué de l’expérience. Un élément qu’elle pourra cumuler les trois prochaines années.
L’Irlandaise Harrington Kellie Anne (31 ans) l’a sortie en quarts de finale des -60kg. Malgré cela, Khelif a montré de belles choses laissant espérer qu’elle soit prête pour les JO-2024 à Paris (France). En tout cas, elle le savait préalablement. Telle une prémonition. Dans une interview qu’elle avait accordée à La Gazette du Fennec avant de s’envoler pour l’ultime stage pré-Olympiades en Russie, la pugiliste avait cité celle qui a mis fin à son parcours comme sérieux obstacle dans sa quête de médaille au Japon. «Je sais qu’il y aura des boxeuses de haut niveau face à moi. Je citerais la Brésilienne Beatriz Ferreira, championne du Monde 2019. Il y a aussi l’Irlandaise, championne du Monde en 2018», avait-t-elle énuméré. Et elle n’avait pas tort puisque les deux adversaires qu’elle a nommés ont pu se hisser en finale chez les -60kg. Cinquième du classement mondial, la Dz a tenu son rang et confirmé son classement mondial.
Resserrer les gants
Désormais, pour celle qui a commencé la boxe après les JO-2016 de Rio (Brésil), il y a ce palier à franchir. Après cette première expérience sur les rings olympiques, elle ne peut qu’en sortir grandie. Avant ce rendez-vous, elle s’était fixé comme objectif de devenir championne du monde en 2021. Elle a certainement su qu’il lui reste du travail pour dominer sa catégorie sans partage.
Pour cela, il faudra du travail et ne pas brûler les étapes. Le sacre mondial pour 2021 paraît trop précoce. Cependant, sur le long terme, il y aura les joutes parisiennes dans 3 ans pour lesquelles elle pourrait se présenter dans dispositions mentales et athlétiques optimales. Elle aura aussi le vécu nécessaire pour bien aborder les combats. Le jeune âge reste un atout considérable pour la Tiertoise qui a tout pour faire un crochet par la gloire. <