Dans la wilaya de Sétif, pas moins de 11 morts sont enregistrés depuis le début de la nouvelle année 2020, alors que d’autres personnes ont été sauvées de justesse. L’intoxication au monoxyde de carbone (CO) reste la principale cause de décès par intoxication en Algérie durant la saison froide. Le passage à la nouvelle année a été endeuillé par deux accidents mortels à Sétif dus au monoxyde de carbone enregistrés dans la soirée du réveillon et le lendemain. Le mardi 31 décembre 2019, vers 10H16, un quinquagénaire a été retrouvé sans vie chez lui, au douar
El-Ayayda (commune de Guedjel), suite à l’inhalation du CO qui s’échappait du chauffage.

Le second incident a été enregistré le lendemain, dans la localité de Tata Ouzrar (commune d’Aïn Legradj) avec la mort de deux personnes d’une même famille, asphyxiées au monoxyde de carbone, qui se dégageait de leur appareil de chauffage. Il s’agit d’un père de famille (58 ans) et de son fils de 16 ans. La deuxième journée de 2020 a été également marquée par un autre drame qui a secoué le douar de Beni Ghaboula (commune de Aïn Legraj). Un adolescent de 15 ans et sa sœur de 5 ans ont perdu la vie lors d’une intoxication au monoxyde de carbone dans leur maison, tandis que la mère (35 ans) et le fils (9 ans) ont été sauvés de justesse. Quant aux raisons de ces accidents, la Protection civile de Sétif, dans un communiqué, affirme qu’ils sont dus au non-respect des règles de sécurité, notamment une mauvaise évacuation des gaz brûlés et le blocage des conduites d’évacuation des gaz brûlés émis par les appareils. Jeudi 2 janvier 2020, vers 16H50, les corps sans vie de trois personnes de la même famille ont été découverts par les éléments de la Protection civile à la cité Yahiaoui (daïra de Tanger, commune de Sétif). Elles sont mortes asphyxiées au monoxyde de carbone dégagé par le chauffage de leur maison. Il s’agit de trois hommes de la même famille, un quinquagénaire et deux jeunes hommes de 32 et 26 ans. A moins d’une semaine, un autre accident mortel dû au CO est survenu le jeudi 9 janvier 2020 à la cité des 500/Logements, commune de Sétif, causant la mort de deux personnes d’une même famille, la mère âgée de 61 ans et sa fille 33 an. Deux autres membres de la même famille, âgés de 46 et 20 ans, ont été sauvés de justesse. La wilaya a été secouée encore une fois par un drame lorsqu’une mère (80 ans) et sa fille (45 ans) sont mortes, le mardi 14 janvier 2020, asphyxiées au monoxyde de carbone dans leur maison à la cité Boudène Otmane, commune de Tachouda. Le bilan est donc de 11 morts par monoxyde de carbone, survenus dans la seule wilaya de Sétif, depuis le début du nouvel an 2020. Sur la base de ce lourd bilan, les incidents d’intoxication au monoxyde de carbone sont devenus le titre principal du quotidien du simple citoyen, se désole la Protection civile. Elle lance un message à la population : « Nous ne pouvons que confirmer et exhorter les citoyens à prendre leurs précautions et à faire preuve de prudence, de surveillance périodique des appareils qui causent une mort certaine, s’ils sont mal utilisés. »

Un tueur silencieux
Invisible et donc indécelable, le monoxyde de carbone (CO) fait des ravages en Algérie. Comme chaque hiver, des centaines de personnes sont victimes d’intoxications au monoxyde de carbone du fait d’un chauffage défectueux, d’une mauvaise installation des conduites d’évacuation des gaz brulés et d’absence de ventilation. Incident qui se révèle mortel pour la majorité d’entre elles. On enregistre des victimes presque chaque jour à travers le territoire national. Des familles entières ont été décimées par le monoxyde de carbone. Avec l’arrivée de la période de grand froid, la Protection civile et les services de santé de la population, mettent cette année encore les citoyens en garde. En 2018, les statistiques de la Protection civile révèlent plus de 2 793 personnes incommodées par les gaz brulés, dont 1 849 par le monoxyde de carbone CO sauvées et 131 décédées. Durant l’année 2019, 145 décès par asphyxie au monoxyde de carbone CO, ont été enregistrés au niveau national, selon le bilan de la Protection civile. Parmi les sources les plus courantes d’émission en CO qui peuvent conduire à une intoxication, les chauffe-eaux ou les appareils de chauffage à domicile se classent en première position. En Algérie, l’origine des décès est accidentelle dans la majorité des cas et due aux équipements de chauffage défectueux, chauffage ou chauffe-eau. Les décès par intoxication surviennent généralement à domicile, avant l’admission en hôpital, précise une source de la Protection civile. L’intoxication au monoxyde de carbone menace les victimes de décès anoxiques brutaux et de séquelles neurologiques graves. Les préjugés estimant que les intoxications sont l’apanage de milieux sociaux défavorisés, utilisant des procédés de chauffage obsolètes, et que leur fréquence diminue à la faveur du perfectionnement des moyens de chauffage ou de la qualité des combustibles, sont en grande partie erronés, a estimé le Pr. Salah Bouchoucha dans une communication. La qualité des appareils de chauffage vendus dans les marchés nationaux sont également pointés du doigt, la majorité des chauffages ne répondant que rarement aux règles de sécurité. Un contrôle sérieux des marques existantes s’impose fortement afin de pouvoir minimiser le nombre de décès qui devient alarmant. Il y a lieu de rappeler que trente personnes ont trouvé la mort et plus de 270 autres ont été secourues au cours de la première quinzaine du mois de janvier en cours dans des accidents d’intoxication au gaz de monoxyde de carbone (CO), avait indiqué le directeur de l’information et des statistiques à la direction générale de la Protection civile, le colonel Farouk Achour. Dans une déclaration à l’APS, le colonel Achour a fait état de 30 personnes décédées suite à l’inhalation du CO à leurs domiciles, et de plus de 273 autres secourues depuis le 1er janvier courant, contre 145 personnes décédées et 2000 autres secourues l’année écoulée. « Ces chiffres sont en hausse en dépit des campagnes de sensibilisation lancées par les services de la Protection civile », a précisé le colonel Achour qui s’est dit consterné par les accidents répétés, en raison des émanations de ce tueur silencieux. Pour lui, ces accidents sont dus à la mauvaise installation « des équipements de chauffage par des personnes non qualifiés, outre l’absence d’entretien et le non contrôle des équipements vendus au marché ».n