PAR MILINA KOUACI
Les statistiques de l’Anade viennent de révéler l’ampleur de la prolifération du phénomène des projets fictifs et de la dilapidation de l’argent public. Plus de 12 000 PME n’ont aucune existence sur le terrain, alors que 1448 ont acheté les équipements nécessaires, sans qu’elles ne soient en état d’activité.
L’Agence nationale d’appui au développement des entreprises a expliqué dans un communiqué rendu public avoir visité plus de 22 687 PME depuis le mois de septembre dernier, et ce, dans le cadre de sa démarche visant à réformer et à restructurer l’Agence.
Une analyse de données a démontré l’ampleur de la propagation du phénomène de projets fictifs. En effet, il s’est avéré que « 12528 PME n’ont aucune existence sur le terrain, alors que 1448 ont acheté les équipements nécessaires, mais elles ne sont pas en activité », souligne l’ANADE, alors que « le nombre de sociétés actives était de 8464 ». « L’analyse de ces statistiques vise à assurer une transparence totale de ces financements et garantir un environnement plus propice aux petites entreprises loin des transactions suspectes telles que la surfacturation, le transfert de fonds publics de leur principal destination », indique la même source.
L’enquête de l’ANADE révèle ainsi une véritable gabegie, d’autant que le nombre important de jeunes entrepreneurs avaient bénéficié d’importants financements pour des projets qui n’ont pas abouti.
D’ailleurs, c’est en raison de ces dépassements que le ministère de l’Économie de la connaissance, des Startup et des Micro-entreprises avait envisagé d’entreprendre des réformes et a relevé la nécessité de procéder à des changements structurels en vue d’assurer son passage d’une approche sociale à une approche économique.
A ce propos, une commission ministérielle présidée par le ministre de l’Economie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, Yacine El Mahdi Oualid, s’était engagée à soumettre un rapport détaillé au Premier ministre, avant la fin de janvier avec des propositions pour « changer le mode de soutien de l’Etat aux micro-entreprises en l’orientant vers des critères économiques incitant les jeunes entrepreneurs à se lancer dans l’entrepreneuriat et le monde des affaires sur des bases réalistes et avec des objectifs générateurs de richesses et d’emplois ». Ces réformes interviennent « suite aux nombreux dépassements que l’ANADE a connus depuis sa création, notamment à travers la propagation du phénomène des projets fictifs et des prestataires corrompus impliqués dans la dilapidation de l’argent public », avait précisé le communiqué.
Raison pour laquelle l’ANADE a engagé des poursuites judiciaires contre les fournisseurs impliqués dans des affaires de corruption et ceux ayant escroqué les porteurs de projets. n