La probabilité d’une nouvelle chute, encore plus prononcée, des cours pétroliers n’est pas un scénario à exclure, « même au cas où les producteurs de brut s’alliaient, une fois encore, pour diminuer les niveaux actuels de leur production ».
C’est ce qui ressort de l’analyse du professeur Chemseddine Chitour, enseignant à l’Ecole nationale polytechnique d’Alger et spécialiste des questions énergétiques. Intervenant hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, l’expert Chemseddine Chitour a relevé que la stratégie de l’Opep qui avait décidé de réduire sa production de brut en novembre dernier a «apparemment marché, puisque les prix ont grimpé autour des 55 dollars le baril».
Cependant, nuance-t-il, la situation reste toujours « fragile », cette hausse s’étant manifestée à une période hivernale, durant laquelle la demande est habituellement importante. Il n’écarte pas dans ce sens « la menace d’une nouvelle chute des cours, drastique cette fois, ». Le fait s’explique, a-t-il soutenu, par la décision de la nouvelle administration américaine d’encourager l’exploitation des énergies fossiles, ainsi que par l’augmentation du nombre des sites d’exploitation des gaz de schiste. L’expert s’est tout de même montré « favorable » à une reconduction de l’Accord de l’Opep, estimant que les pays producteurs devraient aller encore « plus loin » afin qu’ils puissent compenser les quantités de pétrole mises sur le marché par les Etats-Unis. «Si on ne fait rien, d’ici juin, les cours du brut pourraient connaître une chute brutale pour se situer à un niveau de 30 dollars le baril », a-t-il expliqué, se référant dans son analyse à une récente étude de l’agence d’information Blomberg soutenant cette éventualité en rappelant que la Chine, tout autant que l’Arabie saoudite, sont toutes deux en train de «pomper au maximum » et que les Etats-Unis, encouragés par un relèvement du pétrole de schiste, devenu rentable à partir de 50 dollars, « sont désormais capables de noyer le marché». Face à ces sombres perspectives, le professeur Chitour a appelé à se dépêtrer de la « rente pétrolière » afin que le pays n’ait pas à « se tenir le ventre », chaque fois que les cours du but se mettent à fluctuer dangereusement. Quoi qu’il en soit, les « mises en garde » du professeur Chitour interviennent alors que le pétrole consolidait ses gains, mardi dernier, en fin d’échanges européens, porté par un regain d’optimisme des investisseurs sur la capacité de l’Opep à limiter l’offre mondiale de brut. Ainsi, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 57,00 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 82 cents par rapport à la clôture la veille. Quant au cours du Brent, il est monté vers midi à 57,45 dollars, son niveau le plus élevé en près de trois semaines.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat de mars, dont c’est le dernier jour de cotation, gagnait 1,01 dollar par rapport à la clôture de vendredi, à 54,41 dollars. «Le cours du WTI est monté à son plus haut niveau de l’année après que le secrétaire général de l’Opep, Mohammed Barkindo, a déclaré que malgré le respect à 90% des limitations de production (décidées en fin d’année dernière par l’Opep et une dizaine de pays partenaires), des mesures supplémentaires sont nécessaires pour contenir l’excès d’offre qui ne montre pour l’instant pas de signes de diminution», a commenté Michel Hewson, analyste chez CMC Markets.
M. Barkindo a tout de même jugé qu’il était trop tôt pour évoquer un possible renouvellement de l’accord au-delà des six premiers mois de l’année. Il a également souligné que l’Opep tablait sur un niveau encore plus élevé de respect de l’accord, espérant atteindre 100% «en temps utile».