PAR NAZIM BRAHIMI
Une voix de l’Union africaine (UA) a apporté, hier, des précisions quant à l’expulsion samedi de la délégation israélienne des travaux de la 36e session du Sommet de l’organisation panafricaine.
L’UA a, en effet, affirmé dimanche qu’elle n’a «ni autorisé ni invité» une délégation de l’entité sioniste, qui s’était infiltrée au 36e Sommet de l’organisation panafricaine, dont les travaux ont débuté avant-hier dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, sous le slogan «Accélération de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf)».
En réaction à cet incident, Ebba Kalondo, porte-parole du président de la Commission de l’UA, Mahamat Moussa Faki, a précisé dans un tweet que «l’UA n’a ni autorisé ni invité l’individu en question, qui a été dûment expulsé, à assister à l’ouverture de notre sommet». Le même responsable a souligné, par la même occasion, que le statut de l’entité sioniste au sein de l’UA «fait actuellement l’objet d’un examen par un comité des chefs d’Etat», ajoutant que cette expulsion «sera prise en compte» par ce dernier.
La veille, Ebba Kalondo avait indiqué à l’AFP que l’UA avait adressé une invitation unique à l’ambassadeur d’Israël auprès de l’UA, Aleli Admasu, et cette invitation ne pouvait être utilisée par personne d’autre, a-t-elle poursuivi, considérant «regrettable que la personne en question ait abusé de cette faveur».
A rappeler que le président de la Commission de l’UA avait pris une décision unilatérale, en juillet 2021, concernant l’octroi à Israël le statut d’observateur au sein de l’UA, décision qui s’est heurtée à une forte opposition au sein de l’organisation continentale, notamment par des pays qui soutiennent le droit constant du peuple palestinien à la liberté et à l’indépendance.
De nombreuses parties africaines et arabes ont considéré la démarche de Mahamat Moussa Faki comme une «violation flagrante» de la Charte africaine des droits de l’Homme et des principes et valeurs de l’Union et de son statut, qui défend la lutte contre le racisme, la décolonisation et le droit des peuples à l’autodétermination.
Lors des travaux de la précédente session ordinaire du Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA, la décision de suspendre l’octroi du statut d’observateur à l’entité sioniste a été adoptée à l’unanimité, avec la formation d’un comité de sept chefs d’Etat, dont l’Algérie, pour soumettre une recommandation au sommet de l’Union sur cette question.
Après ce qui s’est passé samedi à Addis Abeba, un porte-parole de la diplomatie israélienne a réagi estimant que cette expulsion reste «grave» car Mme Bar-li avait «une accréditation en bonne et due forme en qualité d’observateur». Pour sa part, le Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir en Afrique du Sud, estime que l’expulsion de la délégation israélienne des travaux du sommet de l’UA est une mesure «encourageante».
Dans un communiqué rendu public hier (dimanche), l’ANC, qui compare Israël à un «Etat d’apartheid», a apporté un soutien clair à cette expulsion, qui vise, selon lui, à contrecarrer une «tentative d’empêcher le sommet de l’UA d’examiner un rapport sur la question d’accorder ou non un statut d’observateur à Israël».
Lors de son dernier sommet en 2022, l’UA n’avait pas pu conclure les discussions sur l’accréditation controversée d’Israël en tant que pays observateur, un statut contesté particulièrement par l’Algérie et l’Afrique du Sud.
«Tous les pays arabes et africains membres de la Ligue arabe et de l’UA, de la Mauritanie jusqu’à l’Egypte, ont été contre l’octroi du statut d’observateur à Israël à l’exception du Royaume du Maroc qui a mené campagne en faveur de ce statut», a déploré, novembre 2021, le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra.
Ce dernier a considéré que le président de la Commission de l’Union africaine «n’avait pas le droit de mettre en péril l’unité de son organisation sur une question politiquement sensible sans le bénéfice de consultations préalables», ajoutant que le comportement d’Israël «n’est pas conforme aux buts et principes de l’Union africaine». <