Le double tremblement de terre qui a frappé hier le sud-est de la Turquie et la Syrie voisine est l’un des plus violentes catastrophes naturelles enregistrées durant ces dernières décennies. L’ampleur du bilan humain – plus de 2000 morts selon un décompte provisoire – et les dégâts matériels importants ont provoqué le chaos dans les régions touchées. Les secours s’organisent dans des conditions météorologiques difficiles à cause du froid et des chutes de neige. L’aide internationale partout dans le monde se mobilise dans un bel élan de soutien et de solidarité.
Par Lyes Sakhi
Le sud-est de la Turquie a été frappé hier par un double puissant séisme d’une magnitude de plus de 7 degrés sur l’échelle de Richter. La catastrophe a touché la Syrie voisine et le nombre de victimes dans les deux pays, davantage en Turquie, dépasse les deux mille de personnes, selon un bilan provisoire
Par deux fois, la terre a très fortement tremblé hier dans le sud-est de la Turquie. Le premier séisme, de 7, 7 sur l’échelle de Richter, a frappé la région de Pazarcik la province de Kahramanmaras et tué des milliers de personnes. Le deuxième, de magnitude de 7,5 sur l’échelle de Richter, a secoué la ville d’Ekinozu dans le district d’Elbistan. Le bilan humain est lourd, près de 1.498 morts et au moins 8533 blessés selon le chef de la Direction turque de la gestion des catastrophes et des situations d’urgence (AFAD).
D’après ce responsable, Yunes Sezer, cité par l’agence de presse Anadolu, cet inventaire macabre risque de s’aggraver en raison de l’ampleur majeure de la catastrophe et du grand nombre de personnes piégées sous les décombres, alors que les opérations de recherche et de secours sont rendues difficiles par les intempéries qui touchent les régions impactées.
«Il n’est pas possible de dire combien de personnes sont mortes et blessées pour le moment, car il y a tellement de bâtiments détruits», a déclaré à ce sujet le gouverneur de Kahramanmaras Omer Faruk Cosku. Une mosquée datant du XIIIe siècle a été partiellement détruite dans la province de Maltaya, où un bâtiment de 13 étages, avec 28 appartements, s’est effondré. Les gazoducs alimentant la région ont aussi été touchés et les provinces de Hatay, Kahramanmaras et Gaziantep sont privés de gaz, a affirmé l’organisme public Botas. Le Kurdistan d’Irak a annoncé avoir suspendu «par sécurité» ses exportations de pétrole vis la Turquie.
A Adana, Gaziantep, Sanliurfa et Diyarbakir, on ne compte plus le nombre d’immeubles effondrés comme des châteaux de cartes. A Iskenderun et Adiyaman, ce sont les hôpitaux publics qui ont cédé sous l’effet du séisme, survenu à une profondeur d’environ 17,9 kilomètres, rapportent les médias turcs relayés par les réseaux sociaux qui diffusent des vidéos insoutenables pour certaines.
Vidéos et images insoutenables
La neige, qui tombe en abondance et la baisse des températures, qui devrait se prolonger aujourd’hui dans cette région montagneuse de la Turquie selon les services météorologiques, rend encore plus compliqué le travail des secours et la situation des personnes se retrouvant sans abri.
Les principaux aéroports autour de Diyarbakir et Malatya sont restées paralysés hier. En attendant que l’aide nationale et internationale s’organise et déploie des moyens conséquents, partout dans la région sinistrée, les habitants se mobilisent et tentent de dégager les ruines à mains nues, à la recherche des rescapés dont certains ont pu être extirpés des ruines.
Dans un tweet, le chef de l’Etat turc a appelé à l’union nationale. «Nous espérons que nous sortirons de cette catastrophe ensemble le plus rapidement possible et avec le moins de dégâts possible», a-t-il écrit. Dans la journée de lundi, le président Tayyip Recep Erdogan s’est ensuite exprimé lors d’une conférence de presse tenue depuis le quartier général de l’AFAD, où il s’est rendu pour coordonner et superviser les opérations.
Espérant que le bilan ne s’aggravera pas davantage, il a souligné qu’il s’agit d’une des plus importantes catastrophes rencontrées par la Turquie ces dernières années, indiquant que 2 818 immeubles se sont effondrés pendant et après les deux tremblements de terre. Concernant les opérations de recherches et de secours, il a expliqué que «9 000 secouristes effectuent des opérations de secours sur le terrain» et que ce chiffre «augmente constamment». Dix autres gouverneurs ont été missionnés pour assister les gouverneurs des 10 provinces touchées par le séisme. Grâce à ces opérations, 2 470 personnes ont été secourues pour l’heure, s’est-il aussi réjoui. «Des contacts ont été établis avec notre pays. En dehors de l’OTAN et de l’UE, 45 pays nous ont adressé leurs propositions d’aides», a-t-il dit à propos des aides internationales.
Plus 105 répliques, 2 818 immeubles effondrés
Le double séisme qui a frappé la Turquie a été suivi par de nombreuses répliques – plus 105 plus ou moins puissantes selon l’AFAD à Ankara. Il a touché la Syrie voisine où le bilan des victimes dans l’ensemble du pays (régions contrôlées par le régime et l’opposition confondues) s’est provisoirement élevé hier à plus de 810 morts et 2.315 blessés.
Selon les agences de presse, le ministère syrien de la Santé avait annoncé un bilan de 403 morts et 1 284 blessés, constatés pour la plupart à Lattaquié, Alep, Hama et Tartous. De son côté, la Défense civile syrienne (Casques blancs) a rapporté que le bilan des victimes dans le nord-ouest de la Syrie (zones échappant au contrôle du régime de Damas) a atteint les 380 morts et 1 000 blessés.
Des sources syriennes ont indiqué que des centaines de familles sont toujours piégées sous les décombres, sur fond de difficultés majeures sur le terrain et par manque de matériel et machineries lourds pour le sauvetage.
Les secousses du séisme dévastateur ont été ressenties au Liban et à Chypre, ainsi qu’au Kurdistan irakien dans le nord du pays à Erbil et Douk, mais aucune victime n’a été signalée. Selon l’institut géologique danois, les secousses ont été ressenties jusqu’au Groenland. Il rappelle que la Turquie est située dans une zone tellurique parmi les plus actives, rendant parfois dérisoires les dispositifs d’anticipation et de prévention. Le tremblement qui a frappé le pays le 17 août 1999 a causé la mort de 17.000 personnes, dont un millier à Istanbul. n