Près d’une semaine après le séisme qui a frappé lundi 6 février 2023 la Turquie et la Syrie, les équipes de secours poursuivent leurs opérations à la recherche des survivants. D’après les derniers bilans officiels, le tremblement de terre d’une magnitude de 7,8 a fait au moins 25.880 morts : 22.327 en Turquie et 3.553 en Syrie.
Par Kahina Sidhoum
Selon le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui sillonne les zones sinistrées et qui était hier en visite dans la ville de Sanliurfa (sud-est), 21 848 corps ont été retrouvés à ce stade en Turquie. Les autorités syriennes, elles, ont dénombré 3 553 morts dans leur pays.
Dans le froid hivernal, les sauveteurs continuent à extirper des personnes vivantes, dont des enfants, des décombres cinq jours après la catastrophe. Les équipes de la protection civile algérienne ont pu sauver une dizaine de personnes, selon un communiqué officiel (lire article).
Alors qu’on s’affaire à prendre en charge les rescapés, les médias turcs ont annoncé l’ouverture d’une enquête sur l’effondrement brutal de certaines constructions et l’arrestation d’une douzaine d’entrepreneurs, principalement dans la région de Sanliurfa, l’une des plus touchées. De médiocre construction, des bâtiments n’ont laissé pratiquement aucune chance à leurs résidents, ajoutent les mêmes médias, suscitant la colère dans le pays.
Le ministère turc de la Justice a ordonné aux procureurs des dix provinces d’ouvrir des «bureaux d’enquête sur les crimes liés aux tremblements de terre». Parmi les personnes placées en détention figurent un entrepreneur de la province de Gaziantep et onze de la province de Sanliurfa, précise l’agence turque DHA. D’autres arrestations sont attendues après que le procureur de Diyarbakir, l’une des dix provinces touchées par le sinistre, a annoncé avoir émis 29 mandats d’arrêt, rapporte l’agence officielle Anadolu. Selon cette source, l’une des personnes en détention est un entrepreneur qui a bâti des immeubles à Gaziantep et a été interpellé à Istanbul. Plusieurs enquêtes ont été également lancées par les procureurs dans les provinces frappées comme Kahramanmaras, où le district de Pazarcik s’est trouvé à l’épicentre du séisme.
Selon l’agence Anadolu, quarante-huit personnes ont été arrêtées pour pillage dans les provinces sinistrées Des éléments de l’armée autrichienne ont annoncé la suspension de leurs opérations de sauvetage dans les zones turques affectées, invoquant «la situation sécuritaire». «Il y a eu des agressions entre des groupes», a déclaré à l’AFP un porte-parole à Vienne, sans plus de détails. Une décision similaire a été prise en Allemagne par l’Agence fédérale pour le secours technique (THW), ainsi que par l’ONG I.S.A.R. Germany, spécialisée dans l’assistance aux victimes de catastrophes naturelles, selon un porte-parole de l’ONG. Selon un tweet de l’ambassade de Turquie à Vienne, «l’équipe autrichienne ne rencontre actuellement aucun problème de sécurité». En Syrie, l’acheminement des aides restait hier limité au point de passage frontalier avec la Turquie de Bab-El-Hawa, mais Damas a déclaré accepter l’acheminement des aides humanitaires à «l’ensemble» du territoire syrien, zones sous le contrôle des rebelles comprises. Ce qui suscite l’espoir de voir s’ouvrir d’autres points de passage. Pour son premier déplacement dans une des zones touchées par le séisme, vendredi 10 février, le président syrien s’en est pris à l’Occident.
Dans les rues d’Alep, Bachar Al-Assad a indiqué que les sanctions occidentales envers son régime étaient responsables du manque d’aide humanitaire aux victimes. «Il semble que l’Occident ait donné la priorité à la politique sur un cas humanitaire, ce n’est pas correct», a-t-il déclaré. Sur place depuis hier, le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré tout faire pour l’aide aux victimes. «J’ai le coeur brisé en voyant les conditions auxquelles les survivants sont confrontés – un temps glacial et un accès extrêmement limité aux abris, à la nourriture, à l’eau, au chauffage et aux soins médicaux», a-t-il tweeté.
L’OMS estime que 23 millions de personnes en Turquie et en Syrie sont «potentiellement exposées, dont environ cinq millions de personnes vulnérables» et redoute une crise sanitaire majeure qui causerait plus de dommages que le séisme. (Sources agenges)