Les entreprises industrielles, dont la production ne dépend pas des importations de matières premières ni de pièces de rechange, bénéficieront d’un soutien de l’Etat, a indiqué mardi le ministre de l’Industrie, Ferhat Aït Ali.

« L’industrie qui nous renvoie au port ne sera pas favorable au développement », a déclaré M. Aït Ali, qui répondait aux questions des membres de la Commission des finances et du budget de l’APN, consacrée au débat du budget du secteur au titre du projet de loi de finances 2021.
Laquelle déclaration confirme la volonté des pouvoirs publics à ouvrir l’industrie nationale à l’intégration locale, comme le répète le premier responsable du secteur depuis plusieurs mois. Elle rappelle, en ce sens, les nouvelles dispositions de loi visant à soutenir les opérateurs qui font de l’intégration une base réelle à leur développement, en se lançant eux-mêmes dans la production des matières premières, à l’instar des producteurs de boissons et de jus, ou de la pièce de rechange et autres composants, comme les industriels de l’automobile.
Pour ces derniers, le nouveau cahier des charges trace la voie à suivre, à travers un dispositif qui privilégie l’intégration locale. Dans cette logique, les entreprises intéressées bénéficieront d’un transfert à leur profit des avantages fiscaux et autres facilités accordées par le passé à des usines qui n’ont servi qu’à promouvoir l’importation déguisée. Le sort de ces entreprises a d’ailleurs été évoqué lors du passage du ministre devant les députés de la même commission, dont certains se sont interrogés sur leur sort, sachant qu’elles se trouvent à l’arrêt depuis de nombreux mois, et que la quasi-totalité des responsables d’usines automobile sont en train de purger de lourdes peines de prison pour de nombreux chefs d’inculpation ayant trait à une lourde corruption.
« Certaines de ces entreprises sont actuellement poursuivies en Justice », a noté M. Aït Ali, relevant que « le secteur ne peut s’immiscer dans le travail de la justice. Toutefois, le secteur prendra en charge les marchandises entreposées dans les ports pour assurer la sortie et la préservation des équipements jusqu’à ce que la justice se prononce à leur égard et ce dans le cadre de la responsabilité morale du secteur », a-t-il expliqué. Il a ajouté que son département s’attelle actuellement au tri de ces entreprises ayant des actifs et des chiffres d’affaires et en mesure de reprendre l’activité sans recourir aux ports pour l’importation. « Nous ne pouvons continuer dans la même activité pour laquelle nous poursuivons d’autres en justice », précisant que « la loi leur permet de poursuivre la même activité sans recourir aux importations ».
Concernant le cahier des charges relatif à l’industrie automobile, jugé trop contraignant par certaines parties, le ministre a déclaré que ce nouveau texte « convient à tous » et « n’est pas conçu sur mesure pour une catégorie particulière ».
Le secteur « ne permettra pas aux opérateurs et concessionnaires automobile de se servir de l’argent des citoyens pour faire du business et les laisser à leur merci en attente de leurs véhicules durant plusieurs mois, comme c’était le cas auparavant », a-t-il averti dans le même sens. Et d’ajouter que « la modification de certains articles juridiques est intervenue pour barrer la route à certaines parties étrangères qui avaient plain-pied en Algérie dans le domaine de l’importation et de la commercialisation de voitures et exigeaient un taux d’investissement supérieur à 49/51% ».
En matière de stratégie de privatisation des entreprises, Ferhat Aït Ali a relevé, devant les députés, qu’« il existait par le passé une politique visant à mener les sociétés industrielles dans le secteur public vers la faillite, de même que les sociétés productives dans le secteur privé ». D’où les recommandations qu’il fera à l’adresse des sociétés désirant poursuivre leurs activités en les exhortant à « mettre en place un plan minutieux de redressement et de refonte pour réorienter l’activité vers la production, en se basant sur les ressources nationales, a précisé le premier responsable du secteur ».
Il n’hésite pas à soutenir ses orientations en évoquant « plusieurs dépassements relevés » au cours de sa visite inopinée aux unités industrielles. Une visite informelle qu’il a menée sans aviser les walis, a-t-il précisé, citant en particulier « l’acheminement de la matière première destinée au recyclage vers d’autres pays pour assurer cette opération, et l’absence préméditée de maintenance des matériels, en sus de la coupure anarchique de la ressource hydrique destinée à certaines structures ayant enregistré des pertes colossales en termes d’équipements ».
Il dira aussi avoir découvert que plus de 60 entreprises activant dans plusieurs secteurs appartenaient à une seule personne et que « le foncier industriel est détourné de sa vocation » et « le foncier public de l’Etat hypothéqué pour l’obtention de crédits bancaires et autres ». n