«Bond, James Bond». Cette célèbre répartie, il a été (presque) le premier à la décliner en 1962. C’était lors de l’entame de la série de films du plus célèbre espion, «James Bond contre Dr No», avec Sean Connery qui endossera le rôle mythique à sept reprises, «jusqu’à n’en plus vouloir». Il nous a quittés hier à l’âge de 90 ans.

Sean Connery, Thomas Sean Connery sur son bulletin de naissance, est né le 25 août 1930 à Édimbourg en Écosse. Acteur légendaire du cinéma britannique puis mondial, il s’est révélé grâce aux films d’espionnage du personnage d’Ian Fleming, James Bond. Son compère de toujours, Michael Caine, Britannique lui aussi, narrait que son ami Sean avait en horreur son personnage de James Bond qui, disait-il, «avait fini par l’emprisonner» dans le costume du fameux espion. Sean Connery avait failli avoir le même destin de l’assimilation au personnage, comme Peter Falk avec Colombo, Telly Savalas avec Kojak, Charlie Chaplin avec Charlot, plus près de nous, Daniel Radcliffe avec Harry Potter, et la liste est encore longue. Mais il quittera néanmoins le personnage de James Bond après sept opus, et reprendra en mains sa carrière. Auparavant, il sera figurant dans «South Pacific» en 1951, puis montera sur les planches, la télévision et le cinéma, «Au bord du volcan»» de Terence Young en 1957. Celui qui était né pauvre, d’un père conducteur d’engins et d’une mère femme de ménage, s’était d’abord engagé à 18 ans dans la marine, pour accumuler, ensuite, des petits métiers.
Ce que l’on connait moins, est que Connery a flirté avec le body building, et finira même par décrocher l’ultime récompense, Mister Univers, comme un certain Arnold Schwarzenegger après lui. Il sera aussi un temps footballeur avec le Man United, avant de s’imposer par un magistral bluff qui lui permettra de commencer sa carrière en 1962, le premier James Bond avec la plus pulpeuse des James Bond girls, la suissesse Ursula Andres.
Sa carrière d’acteur ne cessera de rebondir de succès en triomphe. Les biographes retiendront surtout «Le Nom de la Rose», «Highlander» ou encore «Indiana Jones et la dernière croisade».
De notre côté, hormis «Le nom de la rose» de Jean Jacques Annaud, nous retiendrons particulièrement «Pas de printemps pour Marnie» de Alfred Hitchcock en 1964, «A la poursuite d’Octobre rouge» de John Mc Tiernan en 1990, «Haute Voltige» de Jon Amiel, en 1999, avec madame Michael Douglas, l’italo américaine Cathrine Zeta-Jones, «La Colline des hommes perdus», en 1965, de Sidney Lumet, «Les incorruptibles de Brian de Palma en 1987, qui lui valut son seul et unique oscar pour un second rôle, mais et surtout «L’homme qui voulut être roi» de John Huston en 1975, en compagnie de son compère de toujours, Michael Caine.
Pour la petite histoire, Sean Connery n’a pas été le premier James Bond. Le rôle avait d’abord été joué par Barry Nelson en 1954 qui l’avait précédé dans un nanar que l’histoire du cinéma n’avait pas retenu.
Il ne sera pas comblé par Hollywood mais récoltera quand même une razzia de prix avec de nombreuses distinctions. Il obtient 26 prix, dont un Golden Globe pour «Les Incorruptibles» en 1988, un Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle toujours pour «Les Incorruptibles» en 1988 et deux BAFTA Awards, le premier en 1988 pour «Le Nom de la rose» et le second en 1998 pour l’ensemble de sa carrière.
Il deviendra pendant que le temps passait, «plus séduisant que jamais» pour être consacré en 1989, par le magazine People «homme vivant le plus sexy» alors qu’il pointait sur ses 60 ans. Il sera aussi consacré en 2013, acteur britannique préféré des Américains, dix ans après sa «retraite» au bout de 64 films. Le seul hiatus dans sa vie, et non dans sa carrière, aura été son combat pour l’autonomie de son Ecosse natale. Une position et avis qui n’étaient pas partagés par tous, notamment par la reine Elizabeth II qui l’a quand même ennobli en l’an 2000. Il a dû, d’ailleurs, à plusieurs reprises reporter sa pose du genou devant la Queen, mais avait fini par fléchir et recevoir le privilège de figurer dans la liste des personnes ennoblies par la souveraine britannique.
Un autre James Bond s’en va, puisque avant lui Roger Moore avait tiré sa révérence. Mais le «Bond, James Bond» continuera de hanter encore les grands écrans et distribuer une bonne dose d’adrénaline à ses groupies. C’est vrai qu’ «On ne vit que deux fois» avec James Bond, et que comme «Les diamants sont éternels», Sean Connery et «son» James Bond le seront aussi, pour toujours. n

Sean Connery en quelques films

Par Raphaëlle PICARD
Première incarnation de James Bond à l’écran, le producteur et acteur Sean Connery a prêté sa plastique de rêve, ses moustaches dans tous leurs états et son accent écossais à des dizaines de personnages qui lui valurent un Oscar, un Golden Globe et plusieurs Bafta.
James Bond, six fois

En 1962, naît le mythe James Bond avec «James Bond 007 contre Dr No». Pour incarner son personnage, le romancier Ian Flemming avait plutôt pensé à Cary Grant. Face à la divine Ursula Andress, il juge d’abord Sean Connery «trop frustre». Mais il va changer d’avis rapidement. Avec «Bons Baisers de Russie» de Terence Young (1963) et «Goldfinger» de Guy Hamilton (1964), Sean Connery assoit définitivement le mythe 007, l’agent secret britannique qui mélange avec élégance machisme, envie d’en découdre et bonnes manières. Suivront «Opération Tonnerre (1965) de Terence Young, «On ne vit que deux fois» (1967) de Lewis Gilbert, «Les diamants sont éternels» (1971) de Guy Hamilton et enfin le non-officiel «Jamais plus jamais» (1983) d’Irvin Kershner où James Bond vieilli est envoyé en cure par son supérieur.
Pas de printemps pour Marnie (1964)

Dans l’un des films les plus cruels d’Alfred Hitchcock, Sean Connery – qui échappe ainsi à son personnage de 007 – incarne un riche éditeur qui tombe amoureux d’une jeune secrétaire cleptomane et frigide (Tippie Hedren). Le maître du suspens semble fasciné par Sean Connery et sa virilité presque caricaturale, sa manière obsessionnelle de protéger celle qui deviendra sa femme et la découverte de toutes ses psychoses qui l’effraient et l’excitent.
L’homme qui voulut être roi (1975)

Dans les années 1880, deux anciens officiers britanniques rencontrent Rudyard Kipling et lui proposent de prendre le Kafiristan, un pays mythique où aucun Blanc n’est entré depuis Alexandre le Grand. John Huston livre un film d’aventure palpitant avec un Sean Connery passionné et mystique et un Michael Caine pragmatique.
Le nom de la rose, 1986

Sean Connery, alors en période de disgrâce, était loin d’être le premier choix de Jean-Jacques Annaud pour incarner le rôle principal du moine Guillaume de Baskerville. Mais le réalisateur français raconte avoir eu «la chair de poule» lorsque l’Ecossais a commencé à lire le script et il l’engage contre l’avis de son agent qui le taxe de «vieux ringard». Umberto Eco, l’auteur italien du «Nom de la rose», avait les mêmes appréhensions. «Ce que tu as réussis le mieux, c’est ce que je craignais le plus. Sean Connery est formidable», dira-t-il à Jean-Jacques Annaud. Le rôle a valu un Bafta du meilleur acteur à l’Ecossais.
Les Incorruptibles, 1987

Le chef d’oeuvre de Brian De Palma sur la pègre à l’époque de la prohibition vaudra un Oscar et un Golden Globe à Sean Connery (meilleur acteur dans un second rôle) et le titre du «pire accent au cinéma de tous les temps». Sean Connery, en vieux flic qui connaît bien le monde des truands, vole la vedette au jeune Kevin Costner face au grand Robert de Niro en Al Capone inattaquable.
«Indiana Jones et la dernière croisade (1989)

En 1989, Steven Spielberg a l’idée de réunir Harrison Ford et Sean Connery dans un formidable duo d’acteurs qui fera un triomphe. Sean Connery incarne avec malice et élégance un médiéviste farfelu mystérieusement disparu que son fils, l’aventurier Indiana Jones, va tenter de retrouver. En 2008, alors que Sean Connery était à la retraite depuis cinq ans, il refusa de rejouer son rôle dans le quatrième volet de la série «Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal», le jugeant trop anecdotique. (Source AFP)