Les mêmes causes produisent les mêmes effets. A l’approche du mois de ramadhan et par crainte d’une tension sur la semoule dans le circuit de la distribution, comme celle intervenue à la veille de ce même mois en 2021, une certaine frénésie à l’achat de cette denrée s’est emparée des consommateurs ces derniers jours au point de la rendre rare sur les étals du commerce de détail.

Par Bouzid Chalabi
Toujours est-il, si la crise sur ce produit de très large consommation se justifiait en 2021 pour cause de confinement strict des populations, contraintes à s’approvisionner en grande quantité pour se mettre à l’abri d’un éventuel recul de l’offre sur le marché local, cette fois, il est difficile d’admettre que nous sommes retombés dans le même scénario. Preuve en est, et de l’aveu même de certains patrons de minoterie, leurs chaînes de production tournent à plein régime et dépositaires et grossistes s’approvisionnent sans contraintes, c’est-à-dire à profusion. Mais cela commence à baisser au niveau des grossistes- détaillants.
Omar Ameur, président du comité des grossistes de Oued Smar, haut-lieu du commerce de gros, où viennent s’approvisionner en denrées alimentaires l’ensemble des détaillants du Grand-Alger, explique à Reporters que «tout ce que nous ramenons ces derniers jours comme semoule au quotidien est très vite écoulé par l’effet d’un surplus de demande subite et en quantité de la part de notre clientèle. Ainsi, il n’est plus possible de disposer de stock en la matière à même de satisfaire notre clientèle sur le champ. Nous sommes donc dans le système premier arrivé, premier servi. Les suivants prendront le petit volume restant quand c’est le cas».

La spéculation de retour ?
Face à ces approvisionnements importants en volume par les détaillants, une question se pose : pourquoi sur leurs étals point de trace de semoule ? Est-ce que là aussi c’est le même schéma, toute la semoule est écoulée en un temps record sous l’effet de la frénésie des consommateurs à vouloir s’approvisionner sans commune mesure en semoule ? Difficile d’y croire. L’hypothèse, que certains détaillants font dans la rétention, autrement dit, conservent une partie de leur stock à l’abri des regards indiscrets, histoire de ne satisfaire que certains de leurs clients, tient la route. Ce que rejettent quelques détaillants approchés par nos soins qui attestent à l’unanimité : «Chez les grossistes, on n‘est livré que par petites quantités. Résultat, tous les sacs de 5 kg ont vite fait d’être écoulés. C’est comme si la population a eu vent de l’arrivée imminente d’une grave crise sur cette denrée. La rumeur aidant, on assiste ces quatre derniers jours à une ruée sur la semoule au point où les sacs de 10 et 5 kg, dont nous disposons se vendent comme des petits pains, la clientèle se rabat ensuite sur le sac de 1 kg.» A notre question de savoir si cette tension sur la semoule résulte d’une spéculation, on apprend qu’avec les lourdes sentences que peuvent encourir les auteurs de pratiques commerciales illégales, cela est improbable, «mais il peut se trouver des personnes qui osent braver la loi et acquéreur de gros tonnages de semoule à des fins spéculatives pour se faire en un temps record au grand gain au détriment des consommateurs».
Finalement, cette tension sur la semoule, qui a fait son apparition ces derniers jours, risque de faire couler beaucoup d’encre si elle venait à perdurer à moins que les pouvoirs publics n’interviennent. Mais les consommateurs doivent se rendre à l’évidence qu’une bonne discipline dans leurs achats est un moyen efficace d’annihiler toute forme de tension sur le marché de la consommation.