Le secteur public économique a été récemment audité par les services du ministère de l’Industrie. Objectif : un nouveau plan de restructuration au prix d’une recapitalisation et d’une réforme des systèmes de management et de gouvernance des entreprises de l’Etat, qui passerait par le débarquement de patrons en situation d’échec. Une mission difficile en situation de stress financier aigu.
L’absence de ressources financières rend davantage compliquée la gestion des groupes publics économiques, dont certains demeurent suspendus à l’espoir d’un plan de restructuration auquel réfléchit actuellement l’Etat propriétaire. Le secteur public économique a fait l’objet récemment d’un audit, dont l’opération vient d’être clôturée par les services du ministère de l’Industrie. C’est un exercice qui précède l’énième plan de restructuration des entreprises publiques promis par le gouvernement. Lequel passerait par la réforme du mode de gouvernance de ces entreprises, la désignation de nouveaux managers, une ultime opération de recapitalisation et des contrats de performances que l’Etat imposera aux futurs gestionnaires, avons-nous appris. Cependant, acculé par la tension sociale qui s’exacerbe, le gouvernement cherche à étouffer le feu en sacrifiant certains managers, à l’image de celui de l’ENIEM (Entreprise nationale des industries de l’électroménager). Il semblerait que d’autres gestionnaires sont sur la sellette. Une mesure d’urgence pour faire face aux remous, en attendant la finalisation du plan de restructuration de l’ensemble du secteur public économique. Le dossier s’annonce chaud et complexe sur fond de baisse drastique des ressources financières. Il est question de slalomer entre les impératifs d’une énième recapitalisation de certaines entreprises, étant inévitable, de concilier les impératifs sociaux et les besoins de croissance, relancer les entreprises sur une perspective de pérennité et de stabilité tout en les affranchissant du concours permanent du trésor. Il s’agit surtout de ne pas refaire les erreurs du passé, tant au plan de l’organisation du secteur public qu’en matière de gestion et de privatisation. Les précédentes expériences se sont soldées par un échec cuisant. Preuve en est que les entreprises publiques sont plus que jamais dépendantes de la dette et des aides implicites de l’Etat propriétaire. C’est le sempiternel retour à la case départ. Face à ces impératifs, le gouvernement sait aussi que le temps joue contre lui et qu’il faudra agir vite et de manière efficace. Autrement, l’agitation sociale risque de compromettre les chances de voir le plan de restructuration aboutir, notamment pour les entreprises candidates à une ouverture du capital via la Bourse. Les investisseurs potentiels n’investiront assurément pas dans des entreprises peu stables et peu viables. Ces dernières semaines, les mouvements sociaux se sont multipliés au sein des entreprises publiques en difficultés, à l’image de l’ENIEM, l’ENAD, ENIE, Tonic Industrie, et les demandes de soutien financier commençaient à pleuvoir au sein du gouvernement. Le dossier des entreprises en difficulté, qui vient s’ajouter à celui des groupes privés dont les patrons sont en prison, s’avère une bombe à retardement et financièrement plus complexe et lourd. Les faillites seraient financièrement plus intéressantes, prise en charge des plans sociaux compris, qu’une opération de restructuration. Néanmoins, le gouvernement fait le choix d’aller jusqu’au bout de ce qu’exige la politique sociale de l’Etat et tente un ultime plan de sauvetage. Même si les projecteurs des syndicats d’entreprises resteront braqués sur les mesures d’urgence pour faire face au boulet social, le gouvernement tente d’avancer sur la réforme du secteur public économique, un dossier qui prendra du temps et dont les premières décisions devraient tomber avant l’été. Mais ce plan de relance doit être déployé particulièrement en un temps record aux fins de resusciter la confiance, la mobilisation des investisseurs, l’engagement des banques et des assurances et, par la même, soutenir la croissance, absorber le chômage et réduire le coût social de la crise. La mise en œuvre ne risque pas d’être sans couacs d’ailleurs au vu de la situation financière difficile que traverse le pays. Là aussi, le gouvernement doit slalomer entre les impératifs de réforme du marché boursier et financier, les risques qu’impliquerait un arrêt brutal de l’investissement budgétaire et la nécessité de recapitaliser les banques pour faire face aux besoins. n