Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière Abderrahmane Benbouzid a annoncé, hier, qu’au cours de ce mois de juillet sera inauguré, à Bab El Oued, un service spécialement dédié à la pédiatrie avec des service de neurochirurgie, de chirurgie orthopédique, d’hématologie et 140 lits exclusivement réservés à l’oncologie pédiatrique pour la prise en charge des enfants cancéreux. «Une acquisition très importante pour nous», a confié le ministre.

S’exprimant dans une interview filmée, accordée au site spécialisé Essaha.dz, le ministre de la Santé a souligné que la prise en charge, en Algérie, des malades atteints de cancer est un dossier prioritaire sur lequel travaille son département. Il a toutefois reconnu que, ces deux dernières années, marquées par la pandémie de la Covid, un retard a été enregistré pour la mise en place du grand chantier de l’oncologie en Algérie, tout en affirmant que cette année il y a eu une accélération de la concrétisation des mesures concernant ce dossier.
Il conforte ces propos en rappelant l’adoption d’un guide de traitement des pathologies cancéreuses par l’ensemble des oncologues algériens afin de garantir une meilleure prise en charge des patients. Le ministre de la Santé s’est aussi engagé à déployer des efforts afin de garantir la disponibilité des médicaments nécessaires pour les protocoles thérapeutiques d’oncologie.
Par ailleurs, l’autre chantier prioritaire sur lequel travaille le département de la santé est celui des structures des urgences médicales. Le ministre de la Santé explique à ce propos : «C’est le dossier numéro un approuvé par le président de la République qui a donné des instructions pour l’accélération de sa mise en place effective.»
Il souligne également à propos de l’importance de ce dossier, que «la véritable évaluation se fera à travers les services des urgences et leur capacité à prendre efficacement en charge les citoyens». Enchaînant que «c’est aux urgences que le système de santé peut être identifié comme étant capable de répondre à une demande, que ce soit en matière d’équipement, de personnel médical ou des conditions d’accueil. C’est pour cela qu’il est important que tous les moyens doivent être mis en place pour une bonne prise en charge du malade dès qu’il franchit le seuil des urgences».
Afin de concrétiser la feuille de route concernant les structures d’urgences, Abderrahmane Benbouzid a annoncé qu’«on est en train de réhabiliter toutes les structures d’urgences. Il y a un grand nombre d’hôpitaux qui vont être exclusivement consacrés aux urgences chirurgicales-médicales, comme la thrombolyse, la thrombectomie, les affections cardiaques et autres urgences, que ce soit à Oran, Annaba ou Alger. L’autre dossier sur lequel travaille le ministère de la Santé est celui de la relance de la santé de proximité à travers la réhabilitation des polycliniques. Il rappelle à ce sujet que des instructions ont été données aux directeurs de santé de wilaya pour la mise en place d’au moins deux projets pilotes de polycliniques de proximité ouvertes 24H/24.
Il affirme ainsi que, jusqu’à présent, une trentaine de polycliniques modèles à travers le territoire national sont déjà opérationnelles 24H/24. Il précise également que ces polycliniques sont dotées d’équipements et de matériels modernes dont de radiologie, un laboratoire d’analyse, une pharmacie et deux fauteuils dentaires avec caméra en double cale.
Il explique que l’objectif à travers la réhabilitation de ces polycliniques de proximité dotées de moyens matériels et humains «est de redonner de l’importance au statut du médecin référent ou médecin de quartier qui va être la pièce la plus importante dans le circuit de la prise en charge du malade».

Plusieurs chantiers en cours

Une autre priorité sur laquelle travaille le département de Benbouzid est le projet de la numérisation du secteur de la santé confiant que «sans numérisations on ne pourra pas atteindre les objectifs fixés pour l’amélioration du secteur».
Le ministre de la Santé enchaîne en soulignant qu’avec la création de l’agence nationale de la numérisation du secteur de la santé, l’opération de numérisation a déjà démarré dans certain hôpitaux, à l’exemple de l’hôpital de Souk Ahras et, prochainement, au niveau de l’hôpital des urgences chirurgicales d’Annaba, qui sera doté du dossier électronique du malade. Il ajoute qu’en plus de la mise en place du dossier électronique du malade, la numérisation du secteur permettrait d’avoir «plus de visibilité sur le stock de médicaments, le parc des ambulances et toutes les données en termes de moyens matériels et humains. Déclarant qu’«il faudrait que nous puissions arriver à avoir en temps réel les données sur écran de tout ce dont dispose le secteur pour que l’on puisse travailler de manière plus efficace et optimale».
Parmi les dossiers qui sont toujours en cours d’élaboration, Abderrahmane Benbouzid cite celui de la contractualisation. «A l’heure actuelle, nous n’avons même pas les outils pour évaluer les activités», a-t-il indiqué. Ajoutant que «c’est un très gros dossier qui nécessite l’implication finalisée d’autres ministères afin de faire la codification et la tarification des actes médicaux pour savoir qui fait quoi ?» Selon cette évaluation, il y aura une évaluation des budgets par rapport au rendement. Ceci avec l’optique de faire en sorte que «les directeurs de santé deviennent de véritables managers avec une optimisation des budgets mis à leur disposition afin de répondre aux demandes des professionnels mais avec des redditions de comptes. C’est-à-dire avec une évaluation du rapport entre les actes médicaux effectués et des dépenses».

Les statuts des professionnels de la santé toujours à l’étude

En outre, concernant les revendications socioprofessionnelles des travailleurs de la santé, Abderrahmane Benbouzid souligne que la question des statuts des professionnels de la santé est en étude. Affirmant qu’«il y a des commissions qui ont été installées pour accélérer les travaux afin que ces statuts soient finalisés avant la fin de l’année, selon les instructions du président de la République».
Il précise que sur les dix statuts qui sont en cours de révision, six statuts sont en train d’être examinés au niveau de la Fonction publique, expliquant qu’«il y a des demandes qui sont absolument justifiées qui ne dépendent pas du secteur de la santé mais plutôt de la Fonction publique». Le ministre souligne également l’importance de mettre en place une véritable coordination entre les structures de santé à travers le territoire national, notamment afin que «cessent les évacuations intempestives». Quand à la valorisation des efforts déployés par les professionnels de la santé, il a déclaré qu’«il faut que l’on puisse définir ceux qui sont véritablement engagés et les encourager en instaurant des primes et des récompenses», tout en ajoutant qu’«il y a encore beaucoup de choses à faire mais j’ai une totale confiance en mes collègues et en nos partenaires sociaux qui sont des structures de conseils, d’orientations et de négociations et de discussions parce qu’ils sont directement sur le terrain».
Finalement, selon Benbouzid, d’ici la fin de cette année, à travers les différents chantiers mis en place avec la priorité accordée à la prise en charge des cancéreux, la réhabilitation des services d’urgences, la numérisation et la contractualisation ainsi que d’autres chantiers qui vont être également ouverts, les Algériens pourront constater une amélioration effective de la santé publique dans une prise en charge optimale.