La récupération par l’Etat des entreprises appartenant à des hommes d’affaires emprisonnés est en train de se poursuivre et touchera un bon nombre d’entités, a fait savoir, hier, le Directeur général de la Gestion du secteur public au ministère de l’Industrie, Hocine Bendif, inscrivant cette démarche dans le cadre de la relance industrielle que les pouvoirs publics s’attellent à concrétiser sur le terrain.

Par Feriel Nourine
Intervenant sur la chaine privée Echourouk TV, M. Bendif a précisé de nouveau que les entreprises concernées par cette opération sont celles dont les biens ont été saisis par la justice après un jugement définitif. Sur ce registre, il a cité notamment celles appartenant aux hommes d’affaires emprisonnés Ali Haddad, les frères Kouninef, Mahieddine Tahkout et Maazouz. «Tous les biens industriels saisis par la justice seront transférés au secteur public», a-t-il souligné, précisant que pour ce faire, son secteur devra «payer l’Etat et le Trésor public parce qu’il s’agit de leurs propriétés. En plus de la récupération des entreprises, les pouvoirs publics vont «préserver les postes d’emploi ainsi que les patrimoines de ces entités», a insisté l’intervenant.
En ce qui concerne le groupe KouGC (Kouninef), M. Bendif a rappelé le cas de l’usine d’huile Cogral (corps gras) filiale de l’Entreprise nationale des corps gras, située au port d’Alger, que les frères oligarques avaient pu récupérer à leur compte il y a 13 ans, mais qui est retournée récemment dans le giron étatique par la porte du groupe industriel public Agrodiv, né de la restructuration du secteur public marchand en février 2015. Comme l’avait indiqué le ministre du secteur, Ahmed Zeghdar, lors de sa visite à cette usine non encore opérationnelle, en octobre dernier, M. Bendif a souligné que les diverses procédures administratives ont été accomplies pour relancer cet investissement important auquel des partenaires étrangers sont associés. Une fois opérationnelle, cette usine couvrira 40 % des besoins du marché national en huile de table et 70 % en aliments de bétail, avaient fait savoir ses responsables. Concernant les nombreux biens saisis au groupe Tahkout, M. Bendif citera l’entreprise de transport des étudiants qui sera «bientôt transférée au ministère des Transports», a-t-il fait savoir. Toutes les entreprises dont les biens ont été saisis dans le cadre des scandales de corruption «vont passer par ce processus et seront réactivées», a insisté la même source.

Plus de 50 entreprises publiques en souffrance
M. Bendif a fait ce compte-rendu du devenir des entreprises, dont les patrons ont été définitivement condamnés par la justice, après avoir dressé un aperçu sur le paysage industriel public et la stratégie mise en place pour la relance du secteur. Lequel compte 10 groupes industriels comptabilisant plus de 180 entreprises et unités, dira-t-il, non sans se réjouir de ce nombre «important qui représente les branches de l’industrie lourde du pays», fera-t-il remarquer. N’empêche toutefois que nombreuses parmi ces entreprises se trouvent actuellement en souffrance dont certaines risquent carrément la disparition. Celles-ci sont au nombre de 51, chiffrera M. Bendif, mettant ces souffrances sur le compte de trois principaux paramètres décisifs, à savoir «le retard technologique, la concurrence face aux produits importés et la faiblesse de gestion de certaines entreprises», précisera-t-il. En guise de solutions au mal de ces entreprises, M. Bendif dira que son secteur est en train d’opérer, à travers la nouvelle vision de l’Etat, dont la privatisation figure parmi les voies à suivre pour les sauver. «Ce sera au cas par cas», a-t-il souligné, expliquant que l’ouverture du capital des entreprises publiques fait partie de la stratégie adoptée par le gouvernement, mais qu’elle devrait se faire «dans le souci d’insuffler une nouvelle dynamique aux entreprises».

Partenaires étrangers pour l’Enie et l’Eniem
Interrogé sur les cas précis de l’Enie et l’Eniem, le Directeur général de la Gestion du secteur public au ministère de l’Industrie estime que pour l’Enie, la situation n’est pas aussi préoccupante qu’elle semble être. Cette entreprise a «besoin d’un partenaire pour développer sa technologie et se hisser aux standards internationaux», considère-t-il. Un pas a, d’ailleurs, été franchi dans ce sens, puisque l’Enie a signé récemment une convention de partenariat avec un groupe italien de renommée mondiale dans la filière, annoncera-t-il. Dans le cas de l’Eniem, «le problème est plus profond car cette entreprise souffre actuellement d’un sérieux problème financier», reconnaîtra l’intervenant, avant de faire le lien entre ce problème et le secteur sensible dans lequel évolue cette entreprise comptant plus de 1 700 travailleurs. Cependant, «il existe des propositions pour un partenariat avec un groupe étranger, non pas pour l’ouverture du capital, mais pour l’amélioration de certains produits du groupe», annonce M. Bendif. «Aussi, pour le règlement définitif du cas Eniem, nous sommes en négociations avec sa banque pour l’octroi d’un crédit de 1 milliard de DA qui permettra de lui assurer l’équilibre financier», ajoutera-t-il, assurant que ces négociations sont en bonne voie et qu’elles ne devraient pas tarder à aboutir.