La guerre entre le Polisario et le Maroc s’est animée ces derniers jours d’un nouveau front, où Rabat accuse les indépendantistes sahraouis d’être des pourvoyeurs de terrorisme dans la région. Une accusation contre laquelle le gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) s’est énergiquement élevé, affirmant dans un communiqué que «l’Etat d’occupation marocain reste le premier exportateur de terrorisme dans la région et même au-delà». Mercredi, 10 mars, Cherkaoui Habboub, responsable marocain et directeur du Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), déclarait à l’hebdomadaire Jeune Afrique qu’il «est établi qu’il y a un encadrement dans les camps de Tindouf et un endoctrinement assuré par les imams des camps. C’est aussi un facteur qui a fait de la région du Sahel ce qu’elle est aujourd’hui, une menace aussi bien pour le Maroc que pour les autres pays».
«Ce constat établi nous renvoie à l’implication des éléments du Front Polisario dans les groupuscules terroristes, soit au sein d’Aqmi, soit de l’Etat islamique au Grand-Sahara», a ajouté ce responsable sécuritaire marocain. Après leurs chutes respectives en Afghanistan et en Syrie, les deux principales organisations terroristes, à savoir Al-Qaïda et Daech, ont trouvé dans le Sahel un «terrain fertile», a-t-il indiqué, ajoutant que plusieurs organisations y sont actives. Certaines sont affiliées à Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique), d’autres à Al-Qaïda. Il y a aussi l’Etat islamique dans le Grand-Sahara (EI-GS), dirigé par Adnane Abou Walid al-Sahraoui, natif de Laâyoune et ancien membre actif du Front Polisario, qui, entre 2016 jusqu’en 2020, a revendiqué plusieurs opérations terroristes dans la région.
M. Habboub, qui a déclaré que «plus de 100 séparatistes du Polisario s’activent au sein d’Al-Qaïda au Maghreb islamique», a fait savoir qu’outre la région du Sahel, le retour des combattants terroristes marocains constitue «l’un des plus grands défis pour le BCIJ et le Royaume», soulignant que 1 654 Marocains ont rejoint les rangs de l’organisation terroriste de l’Etat islamique depuis son émergence en 2014 et que ces individus ont été formés à la fabrication d’explosifs et de poisons mortels, entre autres.
Pour la RASD, les déclarations du sécuritaire marocain sur le Polisario et ses supposés implications dans des réseaux terroristes n’est qu’«une énième tentative désespérée du régime marocain de parasiter la lutte de libération légitime menée par le peuple sahraoui contre l’occupation marocaine illégale de parties de la République sahraouie». Une lutte «qui est entrée dans une nouvelle phase, le 13 novembre 2020, suite à l’acte d’agression perpétré par l’Etat d’occupation marocain sur le territoire national libéré». «La vérité que nul ne peut nier est que l’Etat d’occupation marocain n’est pas seulement le premier exportateur de cannabis, il est aussi le premier exportateur de terrorisme dans notre région et même au-delà», a soutenu le gouvernement sahraoui, rappelant que «plus de 2 500 Marocains, dont des Européens d’origine marocaine, ont rejoint, ces dernières années, des mouvements terroristes dans plusieurs régions, de l’aveu même de l’Etat d’occupation».
Evoquant le rapport d’un Institut américain ayant révélé «les liens entre les attaques terroristes perpétrées à Londres, Paris, Barcelone et Bruxelles et des terroristes d’origine marocaine», le gouvernement sahraoui a souligné que «le Maroc est un terreau du terrorisme et le point de départ des attaques terroristes en Europe». Dans ce sens, le gouvernement sahraoui a évoqué l’article publié au mois d’août 2017, intitulé «Born in Morocco» qui a lié l’exécution du plus grand nombre d’attentats terroristes en Europe à des marocains. Le gouvernement sahraoui a accusé le Royaume marocain de soutenir le terrorisme à l’intérieur et à l’extérieur de la région tout en utilisant la carte de la migration clandestine, pour exercer un chantage sur l’Europe, rappelant la menace de l’ancien souverain marocain contre ses partenaires européens en 1994, en déclarant «si le Maroc était incapable d’exporter la tomate, il sera donc obligé d’exporter des terroristes». Et d’ajouter qu’ «El Makhzen a fait du cannabis localement cultivé une ressource principale pour le financement de ses actes terroristes dans le Sahel et le Sahara»