Quatre plaintes ont été déposées contre le Maroc devant le Comité des Nations unies contre la torture, concernant quatre défenseurs sahraouis des droits humains «gravement torturés», ont indiqué des ONG vendredi 10 juin.
Par Salim Benour
Les plaintes ont été préparés notamment par le Service international des droits de l’Homme (ISHR), l’ACAT-France et la Ligue pour la Protection des Prisonniers Politiques Sahraouis dans les prisons marocaines (LPPS). Dans un communiqué, les ONG indiquent que les quatre requérants, Mohamed Lamine Haddi, Hassan Dah, Abdelmoula El-Hafidi et Mohamed Bani, «sont détenus depuis six à douze ans sur la base d’aveux obtenus sous la torture, en violation du droit international et en l’absence de procès équitable». Ces plaintes, déposée devant le Comité contre la torture de l’ONU jeudi 9 juin, «symbolisent l’espoir de reconnaître les tortures subies par ces derniers en violation des engagements internationaux du Maroc», écrivent les ONG. Grâce à la LPPS, les associations et avocats ont pu communiquer avec leurs familles, notamment à l’occasion du déplacement d’une délégation internationale à Rabat en mai. Les ONG affirment que «comme de nombreux prisonniers, les requérants ont été contraints de signer des aveux sous la torture, c’est-à-dire des violences physiques et psychologiques voire sexuelles appliquées intentionnellement par les forces de l’ordre marocaines». Elles indiquent qu’ils «continuent de subir, au quotidien, des actes de torture et traitements inhumains et dégradants», et que certains d’entre eux sont maintenus à l’isolement depuis des années, «comme Mohamed Lamine Haddi, placé à l’isolement total depuis maintenant cinq ans». Dans ce contexte, le secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, a affirmé jeudi 9 juin que la cause sahraouie conserve sa nature juridique internationale grâce à la détermination du peuple sahraoui à arracher ses droits légitimes. «La présence marocaine au Sahara occidental est une occupation militaire illégale comme l’a déjà affirmé la justice européenne en statuant que le Sahara occidental et le Maroc sont deux territoires distincts», a souligné le leader sahraoui à l’occasion du 46e anniversaire de la Journée du martyr aux camps des réfugiés de «Lâayoune» à Tindouf. Il a ajouté que le «Sahara Occidental continue à consacrer sa place en tant que membre fondateur de l’Union africaine (UA) tout en renforçant ses relations à l’international». M. Ghali a soutenu que la coopération de la partie sahraouie avec les efforts de règlement menés par l’envoyé personnel du SG de l’ONU, ne pourrait se poursuivre au vu des politiques hostiles croissantes de l’occupant marocain. «L’ONU doit assumer sa responsabilité dans la décolonisation de notre pays et la protection des citoyens sahraouis sans défense», a-t-il déclaré. Le président Ghali a appelé, dans ce contexte, l’UA à agir pour le règlement du conflit opposant la République sahraouie et le Maroc dans le cadre du respect de la charte constitutive de l’Union africaine, notamment le principe de l’intangibilité des frontières héritées aux indépendances. «Nous rappelons à l’Espagne, en tant que force coloniale et puissance administrante du Sahara occidental, ses responsabilités politiques, juridiques et morales envers le peuple sahraoui, des responsabilités imprescriptibles qui ne sauraient s’effacer par le soutien des politiques expansionnistes du Maroc», a-t-il souligné. n