Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé, dans un rapport qu’il a remis au Conseil de sécurité le 18 février dernier, au retour de la totalité de la composante civile de la Minurso et à l’organisation d’un référendum d’autodétermination, selon ce qu’a révélé hier Bechraya Hamoudi Bayoune, ambassadeur de la République sahraouie qui a animé une conférence de presse à Alger.

Ce n’est pas tout ! Selon le dernier, les positions du SG de l’ONU ont «surpris les Marocains, comme son prédécesseur le Sud-Coréen Ban Ki-moon ». Le rapport de M. Guterres, poursuit l’ambassadeur sahraoui, a d’autant plus surpris les Marocains qu’ils s’étaient félicités au lendemain de son élection à l’ONU de trouver en lui un « ami » des Marocains. Pour lui, le Maroc est actuellement « dans une impasse après son adhésion à l’Union Africaine dont il n’a pas tenu compte des répercussions », a-t-il ajouté. « Lors du prochain sommet de l’UA, les pays membres vont d’ailleurs demander au Maroc de respecter les fondements de l’organisation panafricaine ainsi que la charte de l’UA ratifiée par son Parlement et qui insiste sur le respect des frontières au lendemain de l’accès à l’indépendance », renchérit M. Bayoune. M. Guterres, et quelques mois auparavant le verdict de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) sur l’accord de libre-échange entre l’UE et le Maroc ont « irrité le roi ». De ce fait, le Maroc, argue l’ambassadeur de la RASD, veut mettre la pression sur Guterres pour qu’« il abandonne les Sahraouis ». « La situation avant le déploiement de nos forces arrangeait le Maroc.
Pas moins de 1 000 camions, chacun avec une cargaison de 20 tonnes, passaient par Guerguerat vers les autres pays africains et dont l’origine de la marchandise est principalement des ressources sahraouies pillées et qui lui rapportent des millions de dollars », dit-il. Le combat avec le Maroc ne se limite pas uniquement au plan politique et diplomatique, mais aussi sur le volet économique, constate, de son côté, le Dr Ghali Zoubeir, président de l’instance sahraouie des mines. « Le pillage des ressources sahraouies est illégal et le Maroc continue ainsi à piétiner le verdict de la CJUE et autres résolutions internationales ». En 2015, le Maroc a exporté du port d’El Ayoun 1,4 million de tonnes de phosphate avec un coût estimé à 167,8 millions de dollars, a souligné le Dr Ghali, ajoutant que 100 navires de cargaison sortent du port d’El Ayoun annuellement. Le président de l’instance sahraouie des mines, qui se réfère à un rapport de la FAO de 2016, a même parlé du pillage des ressources halieutiques en indiquant que « le Maroc est classé premier exportateur au niveau africain et du Monde arabe dans l’activité halieutique et 17e à l’échelle mondiale ».
Il estime que « 75 à 80% des ressources halieutiques exportées proviennent des eaux sahraouies ». « L’exportation des huiles de poisson rapporte au Maroc 30 millions d’euros annuellement », a-t-il précisé. « Certes, il existe des multinationales qui exercent toujours sur les territoires sahraouis occupés même après la décision de la CJUE, mais d’autres établissements l’ont respectée, à l’image des entreprises danoises qui ont abandonné toutes leurs activités dans les territoires occupés », a-t-il soutenu.