A chaque rencontre entre deux pays africains, c’est pratiquement un saut vers l’inconnu. Une rencontre entre deux contrées, deux entités économiques et politiques qui se connaissent probablement, mais qui s’ignorent le plus souvent.
Le nouvel ordre mondial multipolaire qui se profile à l’horizon incite plusieurs pays à chercher une coopération voisine loin des relations passées qui se caractérisaient plus par une domination ou un asservissement, qu’une coopération.
L’Algérie qui regarde depuis quelques années vers le Sud du continent africain «découvre» des alliés potentiels qui ne se dessinaient qu’avec le bon vouloir des puissances économiques occidentales. Après les accords avec la Mauritanie, la Libye, les pays du Sahel, l’Egypte et le Nigeria, sans oublier la Tunisie, bien sûr, voilà que la Côte-d’Ivoire débarque à Alger par le biais du patronat local. Avec son homologue algérien, le CAPC, beaucoup de choses intéressantes ont été passées en revue, avec comme perspective la création d’un conseil d’affaires algéro-ivoirien avant la fin de l’année.
Comme signalé plus haut, les deux pays se «découvrent» et remarquent l’énorme potentiel bilatéral qui pourrait résulter d’une coopération plus poussée entre Yamoussoukro et Alger. La coopération Sud-Sud, dont on vante les mérites et les bienfaits depuis son émergence dans les années 70 du siècle dernier, n’a jamais pu aller au-delà des intentions et la «révolution économique» qui devait relier le continent noir à celui d’Amérique du Sud est restée une chimère. Quant aux échanges africains-africains, ils sont restés un vœu pieu, le désir des décideurs africains butant à chaque fois sur les thèses occidentales et le nouveau colonialisme.
L’ogre occidental démystifié, c’est tout un continent qui se libère des «conseils» de son ancien colonisateur, avec comme étendard le désir de plusieurs pays africains de se débarrasser du Franc CFA, «un clou de Djeha» omniprésent dans beaucoup de pays d’Afrique noir.
Mercredi, Sami Agli et son homologue ivoirien, Jean-Marie P. Ackah, ont renforcé les liens entre Africains malgré un retard de plusieurs décades. La saga africaine voulue par El Mouradia se renforce donc davantage et vient raffermir les attaches entre pays du même continent, avec comme corollaire un développement commun, loin des règles bancales sur lesquelles étaient nouées les relations économiques et politiques entre le Nord et le Sud.
Et ce n’est là qu’un des nombreux jalons posés par des pays qui ne voudraient plus se rendre chez leur voisin pour un «rendez-vous en terre inconnue».