La société pétrolière libyenne entend faire de l’année 2023 celle de son grand retour sur le marché international des hydrocarbures.

Par Kahina Sidhoum
C’est qu’on comprend de son nouvel appel aux sociétés étrangères qui opèrent sur le sol libyen de reprendre au plus vite leur travail d’exploration et de prospection. L’argument de la Noc tient de son constat que la situation sécuritaire en Libye s’est nettement améliorée et qu’elle ne représente plus de danger pour le business dans le secteur des hydrocarbures, les grands sites pétroliers ayant été souvent investis par le passé par des groupes armés. Suivant son analyse du terrain, la NOC a ainsi appelé à travers un communiqué publié dans la nuit du lundi à mardi «les entreprises internationales opérant dans le secteur du pétrole et du gaz, avec lesquelles des accords d’exploration et de production de pétrole et de gaz ont été signés, à lever la force majeure invoquée de leur côté». «L’état de force majeure» est une mesure invoquée dans des circonstances exceptionnelles, permettant une exonération de la responsabilité de la NOC, ou dans ce cas, des entreprises opérant en Libye, en cas de non-respect d’obligations contractuelles. Pour la NOC, elle n’est plus d’actualité. Son appel au retour des groupes et entreprises qui exploitent et fouillent son sous-sol intervient après de multiples contacts avec des majors et différentes compagnies présentés en Libye. Un tour de table entre la compagnie libyenne d’hydrocarbures et le géant italien ENI à la mi-novembre s’est même, semble-t-il, conclu par un accord sur le retour d’envie à l’activité dans le courant de l’année 2023. Un accord similaire aurait été signé avec le canadien SUNCOR pour une reprise de ses opérations. La NOC explique avoir lancé son appel à ses partenaires pétroliers après avoir effectué une «évaluation» de la situation sécuritaire et constaté une «amélioration spectaculaire» sur certains sites où il était difficile d’opérer. Elle entend surtout tirer profit d’une situation de marché exceptionnelle marquée par la pression occidentale sur la Russie et des hydrocarbures et par une demande de Brut de plus en plus forte des pays industrialisés et consommateurs. Ainsi, la NOC exhorte les compagnies étrangères à «reprendre leurs opérations» d’exploration et d’extraction, leur assurant qu’elle leur fournirait «tout l’appui nécessaire» afin qu’elles puissent travailler «dans un environnement sûr», en «coopération avec les autorités civiles et militaires» sur place. Au lendemain de sa nomination mi-juillet à la tête de la NOC, Farhat Bengdara avait annoncé la levée d’un blocus sur six gisements et terminaux pétroliers majeurs, fermés depuis mi-avril par des groupes proches du camp de l’est. Début novembre, il a indiqué que son pays cherchait à augmenter sa production pétrolière «à 2 millions» de barils par jour, soit un quasi doublement par rapport au niveau actuel de 1,2 million de barils/ jour. Un retour à plein régime de la Libye sur le marché aura des effets certains sur sa configuration actuelle. <