Par Feriel Nourine
La crise du gaz bat son plein en Europe. En plus des prix qui continuent à monter et renouveler les records, les pays du Vieux Continent font face, depuis quelques semaines, à un retour en force des hostilités entre la Russie et l’Ukraine, éveillant systématiquement les craintes d’un arrêt de livraisons du gaz russe. C’est, en tous les cas, ce qui se produirait si Moscou décidait de frapper l’Ukraine et poussait l’UE à réagir par des sanctions à l’égard de la Russie.
Autant dire que c’est carrément le spectre du choc gazier qui plane, sur fond d’une crise ukrainienne qui dure et qui rappelle aux Européens combien leur dépendance énergétique de la Russie est grande. En effet, les principaux fournisseurs de ce continent, dont les besoins en énergie sont en grande partie assurés par les importations, sont la Russie avec 41% de gaz importé en 2019 et la Norvège (16,2%) alors que l’Algérie arrive en troisième position sur le registre, suivi du Qatar, du Nigeria et des Etats-Unis.
Privée du gaz russe, l’Europe se retrouverait dans une situation impossible à gérer. C’est pourquoi elle est en train de multiplier les contacts pour diversifier ses approvisionnements en la matière, par crainte de mesures de rétorsion de Moscou, indique Le Monde. Parmi ces contacts, les Etats-Unis seraient bien placés en leur qualité de premier producteur de gaz naturel liquéfié (GNL) qui pourrait se substituer en grandes quantités au gaz classique.
«Les Etats-Unis et l’UE travaillent conjointement à assurer un approvisionnement continu, suffisant et ponctuel de gaz naturel à l’UE depuis diverses sources à travers la planète pour éviter des chocs d’approvisionnement, y compris ceux qui pourraient résulter d’une nouvelle invasion russe de l’Ukraine», ont déclaré, vendredi dernier, dans un communiqué commun, le président américain, Joe Biden, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Les deux parties évoquent également les contacts avec les autres producteurs de GNL, entre pays du Golfe, l’Egypte et la Russie, de sorte qu’ils réorientent une partie de leur production vers le Vieux Continent.
L’inclusion de l’Algérie dans la liste des pays pouvant compenser une éventuelle fermeture du robinet de gaz russe n’a sans doute rien d’une surprise. Ceci d’autant que le renforcement des exportations énergétiques du pays vers ce continent sont régulièrement évoquées en guise de réduction de la dépendance européenne vis-à-vis de la Russie. En tous les cas, l’Algérie, même en temps de paix entre la Russie et l’Ukraine, n’a jamais caché ses ambitions de renforcer ses exportations de gaz vers l’Europe. Les responsables du secteur ont récemment réaffirmé la disponibilité de Sonatrach à répondre à toute demande supplémentaire de gaz naturel pour ses clients européens. Selon des experts, notre pays s’apprêterait même d’ores et déjà à augmenter ses exportations
de GN vers ce continent dès cette année 2022, avec l’objectif de les hausser de 30%.
La crise actuelle entre la Russie et l’Ukraine est en train de pousser l’UE à rechercher un plan anti-choc gazier appelé à durer pour affranchir l’Europe de la dépendance du gaz russe. Une opportunité pour l’Algérie.