Une réforme du système de santé national doit être engagée, pour améliorer la riposte du pays face à d’éventuels risques sanitaires et tirer profit des leçons de l’actuelle pandémie de la Covid-19, a estimé, dimanche à Oran, Pr Mouffok Nadjet, Chef de service d’Infectiologie au CHU d’Oran.

S’exprimant au cours d’une intervention intitulée «La riposte nationale contre la Covid-19, les leçons à tirer», présentée lors des 4èmes journées internationales d’Ethique médicale organisées par l’Observatoire de l’handicap, de la réadaptation et de l’éthique en Santé (OHRES) du CHU d’Oran, la spécialiste a précisé que la propagation de la pandémie en Algérie a mis le système de santé national devant une rude épreuve et a montré sa vulnérabilité et ses manquements. A ce propos, l’oratrice a plaidé pour une nouvelle politique de santé solide globale et durable, «une nouvelle vision de ce secteur qui a tant souffert et souffre encore». Cette réforme du système de santé devra commencer, selon Pr Mouffok, par une décentralisation du secteur donnant une vraie autonomie aux régions sanitaires. «Une autonomie qui permettrait aux autorités sanitaires locales d’agir rapidement et efficacement selon les situations et de ne pas attendre les instructions et les orientations de la Centrale», a-t-elle précisé. «Lors de toute épidémie, le facteur temps est très précieux, d’où l’importance d’une réaction rapide et efficace. Une autonomie des régions sanitaires dans la prise de décisions et la gestion de la crise localement est plus que recommandée», a ajouté cette spécialiste. Même avec les moyens mis à la dispositions du secteur sanitaire pour faire face à la pandémie, de nombreux problèmes ont été rencontrés en matière de prise en charge, selon la même intervenante, citant dans ce sens le manque de lits dans des structures sanitaires saturées, le manque de certains médicaments, le manque d’oxygène ou son absence dans certaines régions, dus à une mauvaise logistique ou un manque de production et surtout une surconsommation, entre autres. A cet effet, Pr. Mouffok a fait un bref historique de la pandémie Covid-19 depuis son apparition et sa découverte dans la ville chinoise de Wuhan en 2019, tout en relevant la réaction des autorités nationales en matière de prévention et d’organisation des soins, avant même l’apparition des premiers cas de contamination par le coronavirus en Algérie. «Des frontières terrestres et aériennes fermées, des rapatriements des ressortissants se trouvant à l’étranger, des mesures de confinement, des fermetures des commerces et des mosquées, le renforcement des moyens, l’ouvertures d’autres structures de prise en charge dédiées à la Covid 19 comme les hôpitaux Nejma et El Karma à Oran, sont entrés les mesures prises par les autorités pour faire face à la propagation de la Covid 19 «, a signalé le Pr. Mouaffok. Et avec la réouverture partielle des frontières aériennes, d’autres mesures ont été prises comme l’obligation de présenter un test PCR négatif avant 36 h de la date de départ et d’une fiche sanitaire dûment renseignée à présenter à l’enregistrement et à remettre à l’arrivée, explique encore l’oratrice. Même avec cette réaction des autorités, de nombreux manquements en matière de gestion de la crise ont été observés, d’où l’importance de la révision du système actuel de santé pour plus d’efficacité, note-t-elle. Pour ce qui est de vaccination, la spécialiste a souligné que tous les moyens ont été rassemblés pour le succès de cette opération devant toucher plus de 20 millions d’Algériens âgés de plus de 18 ans. «Toutefois, une certaine réticence a été observée de la part des citoyens et seules 10,7 millions de doses ont été administrées, d’où l’importance d’un réel travail de sensibilisation et de communication pour faire face à la désinformation», a fait savoir Pr Mouffok. Plusieurs interventions ont marqué cette manifestation, dont «les aspects éthiques et déontologiques de la gestion hospitalières de la pandémie de la Covid 19» et «l’utilisation des nouvelles technologies dans la continuité de la prise en charge des patients avant et post-Covid 19», entre autres. (APS)