Le président du Mouvement pour la société et la paix (MSP) Abderrazak Makri est revenu longuement, hier lors d’une conférence de presse qu’il a organisée au siège national de son parti à Alger, sur les raisons de la décision de son parti de «voter non» lors du référendum sur la révision de la Constitution prévue le 1er novembre prochain.
«La décision a été prise lors du conseil consultatif national réuni en session extraordinaire le samedi 26 septembre. Nous avons décidé de participer au référendum, mais en votant contre le projet de révision de la Constitution», a-t-il lancé d’entrée, avant d’évoquer précisément les raisons de cette décision. Sur le plan de l’identité, Makri lance qu’«il y a des articles toxiques», à l’instar de l’article 65 alinéa 4 : «Cet article qui rend le système éducatif neutre sans rapport avec l’identité de la nation ne doit pas subir les influences idéologiques et politiques». «Nous ne sommes pas d’accord avec cette orientation où l’empreinte laïque est claire et bien visible». L’Article 51 alinéa 3 déplaît tout autant à Makri puisqu’«il considère la mosquée comme étant une institution laïque qui l’empêche de s’immiscer dans les domaines politiques et idéologiques». «Cet article est laïc et veut sortir la mosquée de son rôle de conscientisation du citoyen», regrette-t-il. L’article 40 qui concerne les aspects privés liés à la famille ne convient pas non plus à Makri. «Cet article permet une immixtion, y compris entre les murs d’un foyer», lance-t-il, une manière de s’immiscer dans les affaires privées de la famille. Ce qui n’est visiblement pas à son goût. L’article 71 en rapport avec la protection de la famille suscite tout autant l’ire de l’orateur, selon lequel «dans les Constitutions précédentes, il était question d’une protection de la famille par l’Etat et par la société, et là, ils ont enlevé le mot société. Mais pourquoi ont-ils enlevé le mot société ?», interroge-t-il avant d’y répondre : «C’est-à-dire que cette Constitution a une orientation idéologique sans conteste». A propos de tamazight, Makri lance d’entrée «on a recommandé qu’elle soit prise en charge dans son cadre arabe et islamique». «Nos révolutionnaires ont appelé à l’unification de l’Afrique du Nord dans un cadre arabe, mais les concepteurs de la Constitution n’ont pas accepté notre proposition». La non-adoption de la chariaa islamique «comme source de législation nationale» suscite tout autant le mécontentement de Makri. Dans le même ordre d’idées, le président du MSP estime que «la révision de la Constitution est dans tous les cas non consensuelle, compte tenu de la composante non consensuelle de la commission d’experts chargés de sa révision, de son vote, qui n’a été approuvé que par les partis de l’ancienne Alliance présidentielle de Bouteflika, ni à travers les réactions qu’elle a suscitées après être rendue publique». «C’est un grand dommage qu’il n’y ait pas eu consensus autour de la loi fondamentale», lance-t-il avant de noter qu’«on aurait aimé que l’on saisisse cette occasion et que les Algériens s’écoutent, s’assoient autour d’une même table et élaborent une Constitution de tous les Algériens». «Malheureusement le régime politique refuse une telle démarche et nous a fait perdre cette démarche», note-t-il. Aussi, et tout en expliquant que «ce que contient le projet n’est nullement conforme à la position de la majorité ni à celle de la plupart des acteurs de la scène politique nationale», Makri explique de plus, il n’y a pas eu de réponses à la majorité de «nos» propositions, surtout s’agissant de la nature du régime, de l’indépendance de la justice, la désignation d’un Premier ministre issu de la majorité, la criminalisation de la fraude électorale, la consécration de la chariaa comme base législative, une seule chambre du Parlement. <