Soutenu pendant sa campagne par les organisations de la société civile, Abdelmadjid Tebboune vient de surprendre plus d’un en éliminant les partis de la majorité, le FLN et le RND en l’occurrence, de la composante de son premier staff exécutif. Une première ! Bien qu’il faille s’y attendre, d’abord, parce que les deux partis de la majorité ont apporté leur soutien à Azzedine Mihoubi pendant la campagne électorale et, ensuite, parce que l’image de changement qu’il envisageait de donner, et qu’il promettait pendant sa campagne, ne pouvait être faite avec le FLN et le RND. Ces deux partis sont ainsi les grands perdants de l’élection d’Abdelmadjid Tebboune après avoir misé sur le mauvais cheval. Avec l’annonce, jeudi dernier, de la composante du premier gouvernement d’Abdelmadjid Tebboune, les deux partis majoritaires au Parlement sont désormais sous pression au point où l’on se demande légitimement si le FLN et le RND pourraient se relever de cette dure épreuve à laquelle ils étaient confrontés depuis le scrutin du 12 décembre dernier. C’est la première fois que le pays se dote d’un gouvernement apolitique, même si le président de la République est issu des rangs du FLN, un parti qui lui a tourné le dos dans les temps morts. Pis, le FLN est allé jusqu’à demander à ses militants de se mobiliser en faveur d’un candidat qui n’est pas issu de ses troupes. Lors de sa première sortie médiatique post-élection, Abdelmadjid Tebboune disait qu’il était le candidat de la société civile, une flèche décochée à l’adresse de ses compagnons du FLN. Sa volonté de réécrire la loi électorale pourrait cacher une intention légitime de se doter d’une nouvelle majorité en dehors des classiques, autrement avec de nouvelles directions au sein du FLN et du RND. Forcément, le coup dur porté à ces deux partis, avec l’annonce d’un gouvernement dont les couleurs de la majorité sont quasiment, voire complètement, absentes, pousserait les militants des deux partis à demander des comptes à leurs directions, ce qui se traduirait par des mouvements au sein de ces deux partis. Abdelmadjid Tebboune a en tout cas tracé des perspectives sans le FLN ni le RND. C’est l’une des surprises de l’actuel gouvernement. Ce serait aussi un clin d’œil, le énième, envoyé au Hirak, témoignant de sa volonté de pousser vers un réel changement. Après la libération de nombreux détenus, jeudi dernier, le Président a jugé que le second signal envoyé au Hirak soit aussi fort ; un gouvernement où le FLN et le RND sont complètement exclus. C’était aussi l’une des revendications de la rue qui réclamait qu’il était temps de faire sans ces deux classiques. Face au constat que la mobilisation dure, le chef de l’Etat a jugé qu’il faut répondre par des gestes forts. Mais il faut se rendre à l’évidence, également, que le FLN et le RND paient aussi pour avoir misé sur le mauvais cheval. Laminés par le Hirak et exclus par le chef de l’Etat, ces deux partis pourront-ils se relever d’une si dure épreuve ? Pas si sûr. La situation au niveau de ces deux partis est, quoi qu’il en soit, de plus en plus tendue. Les critiques se sont fait entendre ces derniers jours dans les rangs de la majorité aussi bien sur le choix des directions, lors de la dernière élection, que sur la gestion respective des deux partis depuis l’incarcération de leurs secrétaires généraux. Les couleurs de l’actuel gouvernement donnent en tout cas un avant-goût de la volonté du chef de l’Etat de se détourner des précédentes pratiques politiques. Mais la composante de ce gouvernement est un second coup dur pour les deux partis de la majorité qui devraient se préparer à des lendemains de tensions internes presque certaines.<