Les sanctions américaines contre le pétrole iranien sont entrées en vigueur hier, mais avec des dérogations accordées à certains pays, autorisés à continuer à acheter du pétrole iranien. Ces exemptions accordées au dernier moment par l’administration Trump ont permis au marché de digérer le choc que l’on pensait imminent.
Or, pour la première journée, hier, l’impact de cette décision de rétablir les sanctions contre le secteur pétrolier iranien sur le marché n’a été que minime. Certains analystes ont eu tout compte fait raison de minimiser l’effet des sanctions contre l’Iran. Preuve en est que les fonds spéculatifs pariaient moins sur la hausse des prix du pétrole. Des paris à la baisse qui courent depuis maintenant cinq semaines malgré les tensions géopolitiques et les prévisions d’un retour des sanctions américaines contre l’Iran. Les contrats à terme ont plongé de 20% ces cinq dernières semaines, sur fond de tensions entre Américains et Iraniens, ce qui confirme – du moins pour le moment – que l’impact des sanctions sur le marché pourrait ne pas être pesant. Hier, premier jour des sanctions, vers 14h00, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 73,12 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 29 cents par rapport à la clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat de décembre cédait 2 cents à 63,12 dollars. Les Etats-Unis ont détendu quelque peu l’atmosphère en accordant des exemptions à huit pays parmi les clients traditionnels de l’Iran. Les analystes ont interprété cette politique de dérogations comme étant une velléité d’adoucir les sanctions, une tentative d’enrayer une hausse des cours du brut, alors que l’Opep, menée par l’Arabie saoudite, pompe bien au-delà de ses quotas. Les Saoudients, en augmentant leur production le mois dernier, tentent également de compenser les sanctions sur Téhéran. Quoi qu’il en soit, l’incertitude qui entoure les sanctions est plus que parfaite. C’est pourquoi, les analystes les plus avertis préfèrent rester prudents sur l’issue de ces tensions entre Américains et Iraniens, voire sur l’évolution du marché pétrolier et des cours, même si certains d’entre eux redoutent un excédent de l’offre si l’Iran continue à produire autant, alors que des pays se sont mis à pomper davantage pour compenser une éventuelle défection de Téhéran.
A ces deux éléments, s’ajoutent les données sur la production américaine qui semble revenir au galop, ce qui laisse dire à certains qu’un nouveau déséquilibre n’est pas à exclure. Pendant ce temps là, la volatilité des marchés pétroliers a atteint des niveaux sans précédent depuis plus d’un an, alors que les investisseurs sont plus que jamais incapables d’estimer un quelconque résultat des sanctions américaines. Le marché était animé d’une forte préoccupation sur l’offre et les pronostics d’une pénurie imminente, avant qu’il ne soit quelque peu inquiété par l’éventuel retour à une situation d’excédent. Parallèlement à ce changement assez spectaculaire de la psychologie du marché, les craintes liées à la croissance de la demande de pétrole résultant d’une guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine pèsent également. En tout cas, hier, premier jour des sanctions contre le secteur pétrolier iranien, l’on est passé à côté de la crise contre laquelle ont averti nombre d’analystes. L’impact était loin d’être ce séisme que l’on a prédit, alors que les conséquences pourraient être, à l’avenir, contraires aux paris initiaux si la production continue à être aussi abondante, à l’heure où les querelles commerciales opposant la Chine aux Etats-Unis pourraient affecter la croissance de l’économie mondiale et, par ricochet, la demande en énergie.