Par Sihem Bounabi
Une semaine après l’annonce du ministère de la Santé, dans un communiqué public, donnant instructions aux directeurs de la Santé et des établissements hospitaliers de verser les primes Covid en retard au plus tard jeudi dernier, leur non-versement dans la majorité des établissements risque encore une fois de faire monter la tension de la protesta qui ne cesse d’enfler dans les rangs des syndicats de la Santé. La publication du communiqué du ministère de la Santé, qui se voulait rassurant pour « l’amélioration de la situation des professionnels de la santé », a suscité, dans la réalité, beaucoup d’interrogations et une levée de boucliers chez les syndicats.
Ainsi, selon le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), la prime n’a pas encore été versée dans la majorité des établissements. Déclarant « certes, théoriquement, le ministère de la Santé a dit qu’elle serait versée jeudi dernier, mais sur le terrain, elle n’a pas été versée dans la plupart des établissements sur le territoire national ». Ajoutant que « le ministre et les cadres du ministère peuvent se déplacer au niveau des établissements tout à côté du ministère, et le constater de visu, comme c’est le cas dans plusieurs établissements à Alger».
Le président du SNPSP ajoute que dans certains établissements « les salaires d’avril n’ont toujours pas été versés», bien que des instructions ont été données aux directions chargées des finances pour que les salaires mensuels du personnel de la santé soient versés dès le début du mois de Ramadan. Au 10 avril, il y a beaucoup d’établissements qui n’ont toujours pas versé les salaires du mois d’avril».
En plus de la problématique du versement de la prime Covid, qui en est, à ce jour, à plus de trois trimestres de retard et le retard du versement du salaire durant ce mois de Ramadan, la tension est montée d’un cran suite à l’annonce du ministère de la Santé de la finalisation de la révision de certains statuts et que d’autres étaient en cours d’examen au niveau de la Direction générale de la Fonction publique.
Concernant l’annonce de la révision des statuts, Dr Lyes Merabet explique que concernant ce dossier, « des propositions ont été remises au ministère de la Santé, mais se désole toutefois : « On ne comprend plus rien… lorsqu’on a remis le travail, qui se limitait à des propositions, au ministère de la Santé, il y a eu un engagement pour que ces propositions soient étudiées et d’organiser d’autres réunions pour donner des réponses et finaliser le projet de la révision des statuts de manière consensuelle, signée par les deux parties, avant de l’envoyer à la Fonction publique ».
Le président du Snapo tient à mettre en exergue que sur ce sujet, le communiqué du ministère pose deux problèmes importants. Il estime que le premier est le fait que « les partenaires sociaux, et donc notre syndicat, a été informé par un communiqué rendu public, qu’ils ont finalisé les statuts sans revenir aux partenaires sociaux et c’est vraiment grave ».
Il souligne ainsi que le point le plus important à régler – un problème de fond – est cette considération qui doit toujours être présente dans la relation des partenaires sociaux qui sont des syndicats représentatifs et sur le terrain. C’est à travers eux que le plan d’actions a été réalisé par rapport à la lutte contre la Covid. Il se désole que « qu’il y a un réel manque de respect vis-à-vis des partenaires sociaux ».
Il ajoute : « Le deuxième problème, qui est aussi grave et important, c’est que nous apprenons qu’il y a deux mois, il y a un travail concernant l’amendement du statut général de la Fonction publique. Et là, c’est très grave, car on a placé la charrue avant les bœufs. » Expliquant que « les statuts particuliers découlent de la nature du statut général de la Fonction publique, on ne peut donc concevoir des statuts particuliers alors qu’il y a un statut général de la Fonction publique qui est en train d’être amendé ! ».
Le président du SNPSP enchaîne, en soulignant que «cette annonce de révision du statut de la santé n’est ni normale ni logique, sauf si c’est pour encore perdre du temps ». Il enchaîne à ce sujet que «cette démarche est incompréhensible et illogique. Nous considérons qu’il y a une continuité à différer les problèmes qui vont encore prendre du volume. Cela risque d’éclater à travers des protestations dans le secteur de la santé ». <