Les résultats du référendum populaire sur la révision constitutionnelle communiqués lundi par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) continuent de faire réagir aussi bien les voix gouvernementales et du pouvoir que celles des différents courants politiques.
Marqué par la victoire du «oui», mais surtout par le taux élevé de l’abstention, le rendez-vous référendaire, en raison du contexte politique exceptionnel dans lequel il s’est déroulé et en raison des résultats qu’il a dégagé, ne laisse plus personne indifférent. Jusqu’à donner lieu, outre les diverses interprétations, à l’évocation de scénarios qui n’étaient pas à l’ordre du jour avant son déroulement.
Et si les formations politiques du courant islamiste, le MSP et le FJD notamment, semblent s’être empressées à surfer sur la vague de l’abstention pour réclamer l’annulation des résultats d’une échéance à laquelle elles ont pris part en appelant à voter «non», la Présidence de la République semble considérer l’issue du scrutin référendaire plutôt comme «un moyen» à travers lequel la parole a été donnée au peuple, en attendant les développements à venir.
Dans le communiqué conventionnel rendu public lundi soir, soit le lendemain de la consultation populaire, la Présidence a estimé que les résultats sont «l’expression réelle et intégrale de la volonté du peuple et démontrent que le Président de la République a tenu ses engagements», jugeant que «les résultats sont à «la hauteur» de l’attente du Gouvernement dans un «contexte particulièrement contraignant marqué par les mesures préventives de lutte contre le Coronavirus».
Sur la régularité du scrutin, la Présidence a mis en évidence «la transparence et la probité» qui ont caractérisé ce rendez-vous, ajoutant que «dorénavant, et dans la continuité des élections du 12 décembre 2019, toutes les élections seront l’expression des aspirations de ce que souhaite le peuple algérien pour son avenir».
Pour la Présidence, il s’agit d’un «moment historique» à travers lequel les citoyens «ont encore une fois exprimé l’attachement du peuple algérien à son unité nationale, à la crédibilité de ses institutions et à sa souveraineté pleine et entière», ce qui s’apparente à une validation de la consultation en dépit des appels à son annulation que légitimerait le faible taux de participation.
Et si les partis islamistes tiennent à son annulation, et que les formations de l’ex-majorité se réfugient dans un mutisme d’embarras, les partis qui réclament un processus constituant ont trouvé à travers les résultats du référendum un argument supplémentaire pour défendre leur revendication. C’est ce qu’a indiqué, hier, le Parti des travailleurs (PT), lequel a estimé que «par-delà la nature de ce scrutin, de la signification de ses résultats, les problèmes demeurent entiers et sont exacerbés par le climat politique lourd d’incertitudes».
Pour le PT, réunir les conditions de la reconstruction du pays passe par «une seule issue conforme à la démocratie : la réunion d’une Assemblée Constituante nationale souveraine». Selon le parti de Louisa Hanoune, cette Assemblée, «forte de la légitimité et du mandat populaire, aura l’audace et la force de définir, à partir des aspirations populaires librement exprimées, la nature du régime à mettre en place, les politiques conformes aux besoins exclusifs des travailleurs, de la jeunesse, des larges couches exploitées et opprimées, c’est-à-dire de la majorité du peuple, des politiques conformes donc aux seuls intérêts de la nation en rupture avec le pillage local et étranger».
Pour sa part, le RCD a mis en garde contre ce qu’il appréhende comme la «persistance dans cette démarche et la promulgation d’une Constitution rejetée par 86,3% des électeurs», estimant que ce serait «ouvrir la voie au désordre porteur de tous les périls».
Le FFS regrette, quant à lui, que «face à la spectaculaire dynamique populaire amorcée grâce à la révolution populaire du 22 février 2019, qui a pu ressusciter l’espoir chez l’écrasante majorité du peuple algérien, le régime en place a préféré reconduire ses vieux réflexes».
Pour Hakim Belahcel, membre de la direction du FFS, «le référendum qui a été décidé d’une manière unilatérale et arbitraire par les tenants du pouvoir, vient de subir comme nous l’avons prédit, un rejet populaire général».