Les réserves nationales de change ont connu une phase de stabilité remarquée en 2021 et permis au pays un répit de plusieurs années, selon les scénarios les plus optimistes. Une détente due à la bonne rentabilité du baril de Brent.

Par Khaled Remouche
L’économie nationale reste fragile puisque l’embellie en matière d’exportations est due en grande partie à la bonne tenue des prix du baril de pétrole, une moyenne de 41,365 dollars à fin septembre 2020, contre une moyenne de 68,917 dollars à fin septembre 2021, soit une hausse de 66,6%.
Le niveau des réserves de change s’est stabilisé au cours de l’année en cours. Le Gouverneur de la Banque d’Algérie Rosthom Fadli a indiqué, mardi dernier, au cours de la rencontre Banque centrale-banques commerciales et établissements financiers, que le matelas de devises de l’Algérie s’est situé à 46 milliards de dollars au 20 décembre 2021. «Les réserves de change ont dépassé hier les 46 milliards de dollars», a-t-il annoncé. Elles étaient à fin septembre 2021 à hauteur de 44,724 milliards de dollars. De quoi assurer un an d’importations de biens et services.
Cette hausse des réserves de change en décembre, par rapport au niveau de septembre dernier, montre que la balance des paiements enregistre un solde positif. Ce qui ne s’est pas produit depuis le début de la crise sanitaire en Algérie. Ce court répit donne néanmoins la latitude pour le gouvernement de rectifier le tir en engageant les réformes structurelles sans lesquelles il est vain de s’attendre à une reprise durable de la croissance économique de l’Algérie. Cette amélioration de la situation en matière d’équilibres macro-économiques, visibles à travers cet indicateur, résulte en partie de la croissance des exportations globales de marchandises, d’exportations d’hydrocarbures et d’exportations hors hydrocarbures. A fin septembre 2021, les exportations globales étaient de 28,702 milliards de dollars dont 3,015 milliards de dollars hors hydrocarbures, contre 18,513 milliards à fin septembre 2020. Les exportations hydrocarbures ont augmenté de 57,3% : 23,387 milliards de dollars à fin septembre 2021. A ce rythme, les exportations hydrocarbures pourraient atteindre plus de 30 milliards de dollars en 2021. A cela, pourrait s’ajouter 4 à 5 milliards d’exportations hors hydrocarbures. Bémol, les importations de biens et services sont en hausse, de plus de 1 milliard de dollars à fin septembre 2021 par rapport à la même période de 2021, 32,928 milliards de dollars contre 32,388 milliards de dollars. Les importations pourraient donc atteindre en fin d’année le niveau de 2020, voire connaître une augmentation par rapport à l’année dernière en dépit des restrictions administratives à l’importation imposées par le gouvernement. Cette hausse est due en bonne partie à l’augmentation importante des prix des produits de base sur les marchés internationaux. Il s’agit de savoir si la balance commerciale connaîtra un excédent en 2021 et si la balance des services connaîtra aussi un excédent.
Cette amélioration du niveau des réserves de change serait probablement due au soutien financier du Fonds monétaire international (FMI) accordé pour soutenir la balance de paiement des pays africains et que ces pays impactés par la crise sanitaire puissent renouer avec la croissance économique en 2021 et 2022. Un soutien manifesté par l’injection prévue dans ses réserves en devises des pays du continent de milliards de dollars, exprimés en Droits de tirages spéciaux (DTS). Il faut donc attendre la fin de l’année, voire le début de l’an prochain, pour savoir si la balance des paiements, la balance commerciale et la balance des services connaîtront un excédent en 2021. Leur évolution à l’évidence détermine l’augmentation ou la baisse du niveau des réserves de change.
L’amélioration de la situation financière du pays est donc due en grande partie à la bonne tenue des prix du pétrole : une moyenne de 41, 365 dollars à fin septembre 2020, contre une moyenne de 68, 917 dollars à fin septembre 2021. Ce qui montre la fragilité de l’économie nationale qui reste fortement dépendante des fluctuations des prix du pétrole. A noter un bon point, la baisse des importations de services qui tournaient, bon an mal an, de 10 à 11 milliards de dollars et qui ont chuté à 5,015 milliards à fin septembre 2021. La question est de savoir si ce résultat n’est pas le fruit du gel de grands projets de développement de Sonatrach et le moindre recours à l’expertise étrangère, même en cas de besoin, ou du moins en période transitoire créée par le retard dans la finalisation des textes d’application de la nouvelle loi sur les hydrocarbures.