Avec la rentrée des classes, hier, pour les élèves des cycles moyen et secondaire, c’est les trois paliers du secteur qui sont désormais « pourvus » dans un contexte d’urgence sanitaire marqué par le rebond des cas de contaminations qui fait planer davantage d’incertitudes sur la suite de l’année pédagogique.
Le coup d’envoi des deux cycles supérieurs a été donné par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, au niveau d’un établissement dans la nouvelle ville de Sidi Abdallah (Alger), deux semaines après avoir signé la rentrée du cycle primaire à partir de la wilaya de Batna, dans ce qui peut être considéré comme un gage du gouvernement pour réunir les conditions nécessaires dans le cadre de la lutte contre la propagation de la Covid-19.
Pas moins de 4 790 671 élèves ont rejoint les bancs des établissements des cycles moyen et secondaire sur un total de 10 095 367 élèves inscrits dans les trois paliers d’enseignement. Un total de 3 313 448 élèves sont inscrits dans le cycle moyen, encadrés par 169 684 enseignants, répartis à travers 5 780 CEM, contre 1 477 187 élèves pour le cycle secondaire, encadrés par 109 900 enseignants, répartis à travers 2 573 lycées.
En prévision de cette rentrée scolaire, le ministère de l’Education nationale a tracé récemment les plans exceptionnels de reprise des cours pour les élèves des cycles moyen et secondaire, « en présentiel » dans la mesure du possible, tout en tenant compte de « la nécessaire » préservation de la santé des élèves et des personnels, exhortant ces derniers à sensibiliser les élèves et à les accompagner, en impliquant les parents dans cette démarche.
Le ministre de l’Education nationale Mohamed Ouadjaout a appelé au « strict respect » du protocole sanitaire approuvé par le Comité scientifique du ministère de la Santé et à l’engagement de mettre en œuvre toutes les mesures préventives qu’il contient.
Les syndicats toujours peu rassurés
Les assurances des autorités compétentes n’apaisent pas, en revanche, les parents d’élèves qui s’inquiètent de la santé de leurs enfants. Le président de l’Organisation nationale des parents d’élèves (ONPE) Ali Benzina a appelé de nouveau à la fermeture des établissements scolaires, d’autant que « 9 wilayas » ont procédé à la fermeture d’établissements scolaires du cycle primaire où des cas avérés de coronavirus ont été enregistrés. Ce dernier prévoit la fermeture d’autres écoles dans les prochains jours avec la recrudescence de l’épidémie. Pour lui, le protocole sanitaire n’a pas été respecté dans nombre d’écoles ne disposant pas de moyens de prévention. Ce dernier indique également que des collèges et lycées ne disposent pas des moyens de préventions et mêmes de pupitres, de chaises et de l’eau courante, ce qui complique davantage la « tâche » des responsables du secteur, poursuit M. Benzina. Ce dernier insiste à cet effet sur la nécessité de « fermer les établissements scolaires des trois paliers jusqu’à la maîtrise totale de l’épidémie ».
Pour sa part, le porte-parole de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef) Abdelouahab Lamri Zegar redoute la rentrée des classes bien qu’il est convaincu que la tutelle ne peut priver durablement les enfants d’école. Pour lui, l’année scolaire ne se résume pas au seul jour de la rentrée scolaire. « L’année pédagogique comprend 200 jours de cours. Ce qui nécessite de renforcer le protocole sanitaire et d’éviter tout laxisme dans l’intérêt de la société », poursuit M. Zegar.
Ce dernier qui constate une rentrée sans bavure au premier jour, souhaite que l’année scolaire se déroule dans « un climat serein et calme », faisant remarquer que la rentrée « s’est déroulée au premier jour dans des conditions normales sauf dans un lycée qui a été fermé en raison du manque de moyens de désinfection et de prévention ».
Pour rappel, la Coordination nationale des enseignants du cycle primaire a brandi la menace de grève car ils se disent « exposés avec les élèves aux risques sanitaires ». Les enseignants inquiets des risques de propagations et du manque de moyens pour lutter « efficacement » contre l’épidémie estiment que les conditions sanitaires pour une rentrée sans risque « ne sont pas toutes réunies ». n