Paru aux éditions Chihab, l’ouvrage intitulé « Aux sources du Hirak », paru en 2019, a fait l’objet avant-hier d’un débat animé par l’auteur, Rachid Sidi Boumedine, qui a proposé, à cette occasion, des clés de lecture de nature à faciliter la compréhension du mouvement populaire en cours tout en ouvrant la voie à la réflexion et au débat.
Dans sa présentation de l’ouvrage de 236 pages et paru au mois d’octobre dernier, soit la veille du Salon international du livre d’Alger (Sila), l’auteur a mis en évidence la nature de l’Etat, dont la compréhension est jugée nécessaire pour saisir la portée de l’ouvrage et son message final. L’auteur a indiqué qu’il a été question dans son ouvrage de mettre en évidence autant les raisons profondes de la revendication que les pratiques des tenants du pouvoir, que le Hirak dénonce depuis dix mois. « Il faut s’arrêter davantage sur la nature clientéliste de l’Etat ainsi que sur le mode de fonctionnement de ses institutions, notamment dans la distribution de la rente, pour comprendre les sources de ce mouvement », a relevé le conférencier, dont le parcours universitaire et professionnel semble lui dicter une autre approche que celle qu’adopterait un journaliste. En effet, M. Boumedine, après avoir mené des études scientifiques et travaillé dans le secteur de l’énergie, c’est plutôt l’activité de sociologue qu’il a exercée, soit comme enseignant-chercheur, soit dans le domaine de l’urbanisme et de l’aménagement. Il a dirigé, en sus de ses travaux personnels, plusieurs organismes publics d’études et de recherches. Après une activité de recherche, menée au Cread en qualité de directeur de recherches associé, avant sa retraite, il se consacre à la consultation et à l’écriture.
Ce dernier fera part, lors de la présentation de son ouvrage, de son intérêt pour d’autres questions qui ne sont pas si loin des causes ayant généré la colère citoyenne contre le système Bouteflika et les figures qui lui sont apparentées. « Je m’intéressais déjà à la question de la migration clandestine », dira-t-il, relevant, par ailleurs, avoir constaté des signes d’un « désespoir affreux, en 2018, auprès de la jeunesse et d’autres catégories sociales ». En parallèle, fera-t-il remarquer, il y avait également des signes réjouissants, citant l’initiative des citoyens à Jijel qui ont pris la responsabilité de construire un pont afin que les enfants puissent rejoindre leurs établissements scolaires sans risque. Au-delà de ce que ce geste est révélateur d’un sens de la générosité, il est aussi annonciateur d’une rupture entre le citoyen et ses dirigeants, expliquera le conférencier, selon qui le mouvement populaire traduit la volonté « de construire un ordre plus juste, opposé à un système clientéliste basé sur des réseaux rentiers ». Il poursuivra en investissant le champ des concepts et en soulignant qu’« insulter l’Etat n’a aucun sens », mais le plus important est de se questionner sur ce qu’est l’Etat, ou, c’est quoi cette entité qu’on appelle l’Etat, dans nos rapports en tant que citoyens.
Sur l’appellation « Hirak », il dira qu’il n’est pas approprié, mettant en évidence le caractère pacifique des manifestations populaires, où il n’y avait pas de place pour les actes de violence, en dépit de quelques-uns enregistrés récemment, mais sans incidence majeure. Sur sa lancée, il a indiqué que « le renouvellement des messages, des mots d’ordre et des slogans du Hirak affirme l’existence d’une dynamique et d’un mouvement. Il avisera, cependant, à la fin du débat, de l’existence d’un regard sur le Hirak qui change, car sa composition semble changer et les mots d’ordre s’adaptent à l’évolution de la situation».<