La mobilisation des syndicats pour le retrait des deux projets de loi portant respectivement sur l’exercice du droit syndical et la prévention des conflits en milieu du travail et le droit de grève se poursuit sur le terrain notamment avec la poursuites de l’organisation d’assemblées générale et régionale des différentes organisations syndicales pour sensibiliser la base sur cette question cruciale de défense des acquis et des droits des travailleurs, ainsi que la préparations des troupes pour d’éventuelles actions à mener dans le cas où le gouvernement maintient le silence face aux appels des partenaires sociaux.

Par Sihem Bounabi
En plus des multiples démarches entamées par les syndicats de la Confédération des syndicats algériens, de la Fonction publique et de l’UGTA, qui ont réitéré leur appel à l’intervention du président de la République Abdelmadjid Tebboune pour le retrait de ces deux projets jugés «liberticides», «anticonstitutionnels» et «à l’encontre des conventions internationales ratifiées par l’Algérie notamment avec l’Organisation internationale du travail», les partenaires sociaux appellent à l’ouverture d’un véritable débat public autour de ces deux projets de loi.
A ce sujet, Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), souligne que «ce n’est pas normal tout ce black-out sur une question essentielle qui concerne les citoyens et les travailleurs au-delà des syndicats». Enchaînant que «ce n’est pas normal qu’au niveau du débat public on est en train de nous zapper et de passer sous silence des questions essentielles qui concernent toute la société».
Dr Lyes Merabet tient à préciser qu’un courrier a été adressé à la presse et aux médias, aux directeurs de rédaction et de chaînes publiques et privées pour demander l’ouverture d’un débat public sur cette question relative aux projets de loi qui sont en discussion au niveau de l’APN. Le syndicaliste tient à mettre en exergue l’importance de l’ouverture de ces débats publics en affirmant «qu’il est important d’expliquer à l’opinion publique pourquoi les syndicats sont en divergence avec le gouvernement. Les citoyens et les travailleurs doivent comprendre pourquoi on rejette ces projets de loi et pourquoi nous sommes en train d’interpeller les pouvoirs publics et les députés pour que les projets ne soient pas étudiés, examinés et adoptés tels qu’ils ont été présentés par le gouvernement et pourquoi cela représente un danger pour les acquis et les droits des travailleurs».
Il estime ainsi que «c’est le débat public qui doit apporter cet éclairage. Malheureusement, on constate que notre droit d’informer et de communiquer à travers les outils de communication, qui doivent être à la disposition de tous, n’est pas mis à la disposition des syndicats». Le président du SNPSP tient à souligner que «le constat amer est que le débat en amont lors de l’élaboration de ces deux projets de loi n’a pas eu lieu malgré l’engagement du gouvernement. Aujourd’hui, le débat public est également verrouillé», commentant que «ceci est en contradiction avec ce qui est défendu par le gouvernement» qui dit qu’«on est pour le débat, on n’est pas pour l’exclusion, on veut prôner une approche participative par rapport aux partenaires sociaux sur les questions qui concernent l’activité syndicale. Malheureusement, le gouvernement est vraiment en contradiction avec ce qu’il prône». Dr Lyes Merabet tient à rappeler les différentes démarches et alertes lancées sur les dangers de ces deux projets de loi. Au départ, la Confédération des syndicats algériens (CSA) et actuellement une trentaine de syndicats de la Fonction publique ont saisi le président de la République afin qu’il intervienne pour le retrait de ces deux projets de loi, mais également par courrier officiel le président du Conseil constitutionnel, le président du Sénat et le président de l’APN.
Il déclare à ce sujet : «Nous espérons qu’il y ait une prise de conscience et une prise en compte de cette démarche des syndicats qui va dans le sens des responsabilités, de sagesse et de modération. Nous demandons tout simplement que l’on puisse discuter sereinement et calmement autour des questions pour lesquelles on n’est pas d’accord. Je pense qu’il y a toujours des solutions pour les uns et les autres afin de revenir avec deux projets de loi discutés de manière consensuelle».
Le syndicaliste estime cette revendication d’autant plus légitime que «tout le monde est en train de décrier et dénoncer ces deux projets de loi, y compris l’UGTA», soulignant que «rarement on s’est retrouvés dans une situation où tous les syndicats sans exception, qu’ils soient autonomes ou affiliés à l’UGTA, qu’ils soient de la Fonction public ou du secteur économique, sont d’accord sur cette question essentielle, car ces deux projets de loi sont anticonstitutionnels et remettent en cause des questions de droit et de liberté pour les citoyens que nous sommes». n