Après plusieurs semaines d’appels sans écho pour le retrait des deux avant-projets de loi relatifs aux modalités d’exercice du droit syndical et à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à l’exercice du droit de grève, les syndicats autonomes passent à l’action avec l’annonce d’une journée de protestation nationale le 28 février prochain.

Par Sihem Bounabi
En effet, dans un communiqué publié hier, cosigné par 31 syndicats de la santé, de l’éducation et d’autres secteurs, il est souligné qu’après avoir longtemps attendu une réponse positive de la part de la Présidence, du Conseil constitutionnel et des deux chambres parlementaires, et suite à une réunion de la trentaine de syndicats autonomes de différents secteurs de la Fonction publique, «un appel a été lancé à la mobilisation de la base pour une journée de protestation nationale, le 28 février prochain, exigeant le retrait des deux avant-projets de loi, relatifs aux modalités d’exercice du droit syndical et à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à l’exercice du droit de grève».
Dr Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), explique le choix de cette date qui «coïncide avec le premier jour de la plénière à l’Assemblée populaire nationale (APN), pour l’entame des débats autour de ces deux projets malgré le rejet affiché par la majorité des syndicats algériens dont l’UGTA».
Il explique que ce recours à la protestation s’est imposé après avoir épuisé tous les recours et plusieurs actions de sensibilisation des pouvoirs publics, des parlementaires et de l’opinion publique de la «dangerosité de ces deux projets de loi sur le droit de défendre les intérêts des travailleurs».
Le syndicaliste rappelle que depuis pratiquement la mi-janvier, les syndicats ont lancé plusieurs alertes sur ces projets qui, dans la forme, ne respectent pas le circuit normal qui existe dans tout projet de loi, affichant ainsi un certain mépris vis-à-vis des partenaires sociaux, ni dans le fond : «C’est une véritable mise à mort de l’activité syndicale, des libertés syndicales et du droit de grève avec une transgression flagrante des lois et des conventions internationales.»
Il rappelle également que ces deux projets de loi remettent en cause l’exercice syndical et le droit à la grève et donne le droit aux pouvoirs publics de s’immiscer dans l’activité syndicale, dans l’organisation, dans la gestion, dans les statuts syndicaux et dans le règlement intérieur et «cela à l’encontre de la Constitution» ; «le syndicat n’est pas une institution de l’Etat».
Ainsi cette journée de protestation nationale du 28 février prochain est une journée «pour dénoncer ces deux projets de loi et nous prenons à témoin l’opinion publique que le premier magistrat du pays et toutes les institutions du pays ont été saisis». Martelant qu’«il y a péril en la demeure ainsi qu’un grave problème sur les libertés syndicales, le droits de grève et tout simplement le droit de défendre les travailleurs».
En diapason avec la trentaine de syndicats contestataires, le président du SNPSSP réitère son appel pour le retrait du projet et qu’«il soit remplacé par un projet qui sera discuté en concertation entre les pouvoirs publics et les partenaires sociaux qui tiendront compte de toutes les propositions faites par les partenaires sociaux et qui respectent les conventions internationales signées par l’Algérie».
Au final, un appel est lancé à toutes les organisations syndicales pour se mobiliser avec pour objectif «la défense des libertés syndicales et barrer la route à une mise à mort de l’activité syndicale et du droit constitutionnel des syndicats de s’organiser librement et indépendamment des pouvoirs publics». n