La levée de bouclier contre les deux projets de loi, portant respectivement sur l’exercice du droit syndical et la prévention des conflits en milieu du travail, s’est encore renforcée avec la position officielle du Syndicat national des médecins généralistes (SNMG/SP). Ce dernier a lancé un appel à l’intervention du président de la République Abdelmadjid Tebboune pour le retrait de ces deux projets jugés «liberticides», «anticonstitutionnels» et qui vont «à l’encontre des conventions internationales ratifiées par l’Algérie, notamment avec l’Organisations internationale du travail».

Par Sihem Bounabi
Ainsi dans un communiqué, le SNMG/SP, et «après une étude approfondie des deux projets de loi relatifs à l’exercice du droit syndical et à la prévention et au règlement des conflits collectifs du travail», exprime «sa réserve sur ce qu’ils contiennent, notamment en ce qui concerne la violation des lois internationales et de la Constitution, qui a établi le principe de la liberté d’expression et de la liberté d’exercice syndicale et collective». Le SNMG/SP lance officiellement un appel à l’intervention du président de la République pour le retrait de ces deux projets de loi et l’élaboration d’un nouveau projet consensuel basé sur le dialogue avec les partenaires sociaux.
Dr Abdelhamid Salah Laouar, président du SNMG/SP, a souligné à propos de l’appel au président de la République pour surseoir à ces deux projets de loi, qu’«il est important d’associer les syndicats afin d’élaborer de nouveaux textes consensuels qui prennent en compte les intérêts des travailleurs dans le respect des lois de la République». Il ajoute qu’il est aussi important de tenir compte de toutes les réserves émises par les syndicats concernant ces deux projets de loi en soulignant que «certes, il est important que l’exercice syndical soit encadré par des lois, mais il faut que cela consacre une véritable émancipation des libertés syndicales qui respectent la Constitution et les conventions internationales ratifiées par l’Algérie».
Le président du SNMG/SP tient à mettre en exergue le fait que «dans leur ensemble, ces deux projets de loi sont liberticides et s’il venait à être adoptés, cela signifierait tout simplement la mort du syndicalisme en Algérie».
Il insiste sur le fait que ces projets «limitent et entravent considérablement les activités syndicales, les moyens pacifiques de revendications et portent atteinte au droit de grève». Il ajoute que «de façon générale, les droits légitimes des travailleurs ne sont plus garantis dans le texte actuel et donnent une grande marge de manœuvre à l’administration au détriment d’une activité syndicale libre». Dr Abdelhamid Salah Laouar indique également que les nouveaux articles de loi imposent des conditions contraignantes aux syndicats qui entravent le bon déroulement de l’activité syndicale. Il annonce qu’actuellement il y a des rencontres de concertation avec d’autres syndicats de la Fédération nationale des syndicats de la santé pour «éventuellement, entamer des actions sur le terrain qui peuvent prendre plusieurs formes et qui seront décidées dans les prochains jours». Estimant que «l’appel est à la mobilisation générale pour défendre les intérêts des travailleurs». Ainsi, après le travail d’alerte et de sensibilisation sur le terrain, notamment vis-à-vis des pouvoirs publics et de l’opinion publique, il annonce que les «actions menées s’intensifieront jusqu’au retrait de ces deux projets de loi». Insistant sur le fait que «la majorité des articles de ces projets de loi est vraiment létale pour l’activité syndicale et fait obstacle à toute contestation en n’offrant plus aucune possibilité aux travailleurs de se défendre».
Pour rappel, il y a quelques jours, une trentaine de syndicats autonomes algériens de la Fonction publique, dont les 14 syndicats de la Confédération des syndicats de la santé, Coordination des syndicats algériens (CSA), ont relancé l’appel au président de la République pour le retrait de ces deux projets de loi. La centrale de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a également pris position contre ces deux projets mettant en relief leur contradiction avec la Constitution et les droits des travailleurs dont le droit de grève. <