L’année qui s’achève aura été marquée notamment par la reprise des grands chantiers de réformes économiques et financières. Au plan de la production et de l’exportation des hydrocarbures et des produits hors hydrocarbures, la moisson a été bonne. Les positions financières intérieures et extérieures se sont sensiblement améliorées également.

Par Hakim Ould Mohamed
L’année 2022 aura été une année économique par excellence. L’exercice a vu l’adoption de plusieurs réformes majeures qui encadrent la vie économique du pays, dont la nouvelle loi sur l’investissement qui constitue un pas important sur le chemin de la révision des cadres juridiques régissant l’économie. Cette nouvelle loi est venue fixer l’ensemble des règles du jeu, dont la définition des prérogatives à l’ensemble des organismes en charge de l’investissement, les avantages et les régions considérées comme prioritaires ainsi que les projets déclarés stratégiques et structurants. En délibérant sur ce projet de réforme longtemps attendu par les investisseurs, le gouvernement affiche sa ferme détermination à faire aboutir l’ensemble des chantiers liés à la réforme de l’économie et ses dispositifs réglementaires, pour le moins figés et archaïques. L’enjeu n’est pas des moindres au sortir d’une pandémie qui a mis à genoux nombre d’entreprises et qui a aggravé le poids social de la crise. Pour faire face aux stigmates de la crise sanitaire et des années de crise financière et de stagnation de l’activité économique, l’Exécutif table désormais sur un retour sur investissement plutôt prometteur de cette nouvelle. La réforme de la loi sur la monnaie et le crédit, dont le projet a été validé en Conseil des ministres, lors de sa dernière réunion de dimanche dernier, constitue à tout point de vue une révolution non des moindres promettant de lancer les banques et les entreprises algériennes sur des perspectives plus prometteuses. Le gouvernement a levé une partie du voile sur le contenu de ce projet de réforme, tout en soulignant qu’elle serait d’un impact considérable sur les entreprises et l’ensemble des agents économiques, tant il est vrai qu’elle est censée, entre autres, libérer le secteur bancaire ainsi que plusieurs activités économiques, dont l’exportation de biens et services. Cette année a vu également la signature de nouveaux contrats dans le domaine des hydrocarbures dans le cadre de la nouvelle loi n° 19-13 régissant les activités du secteur pétrolier et gazier. Le premier contrat a été signé, rappelons-le, en 2021 avec l’italien Eni et le second au premier trimestre de l’année en cours avec le chinois Sinopec. En juillet dernier, un nouveau contrat portant sur le développement du périmètre contractuel de Berkine (Ouargla) a été conclu avec l’américain Occidental Petroleum, l’italien Eni et le français Total Energies. C’est un contrat d’une valeur de près de 4 milliards de dollars, censé faire croître considérablement la production de gaz ainsi que les volumes destinés à l’exportation. Après avoir augmenté considérablement sa production en 2022, Sonatrach vise la production de 200 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) par an, en investissant davantage dans l’exploration, le développement des 35 découvertes réalisées entre 2020 et 2022 ainsi que dans le renouvèlement des réserves d’hydrocarbures.
Il s’agit également de doubler les exportations actuelles de gaz naturel afin de pouvoir répondre aux nouveaux engagements contractuels de l’Algérie avec ses partenaires européens. Un investissement de l’ordre de 8 milliards de dollars/an en moyenne a été mobilisé par le groupe public durant les trois (3) dernières années, dont plus 70% dans l’exploration-production. D’ici à 2026, Sonatrach entend injecter 40 milliards de dollars dans l’exploration, la prospection et la production. La conjoncture actuelle, marquée par une hausse des prix du pétrole et du gaz, a amené Sonatrach à revoir à la hausse ses prévisions de recettes pour l’année en cours, tablant sur des revenus de 50 milliards de dollars en 2023, contre 35 milliards de dollars en 2021.
Les exportations hors hydrocarbures ont connu à leur tour un bond important cette année, s’établissant à plus de six milliards de dollars à fin novembre dernier. L’objectif que se fixe l’Exécutif est d’atteindre une valeur de 7 milliards de dollars à la fin de l’exercice et de 10 milliards de dollars à fin 2023. Quant à l’état des positions financières extérieures, fragilisées par les longues années de crise financière et sanitaire, l’Algérie est parvenue à recouvrer dès cette année sa santé financière avec, au tableau, un excédent de 17,7 milliards de dollars de la balance commerciale à la fin de l’année en cours, contre 1,1 milliard de dollars l’année précédente, et un excédent de 11,3 milliards de dollars (6,3% du PIB) de la balance des paiements, un niveau jamais atteint depuis 2014. Pour ainsi dire, l’année 2022 aura été marquée par la reprise des grands chantiers de réformes économiques et financières, traduite par l’adoption de la nouvelle loi sur l’investissement et le projet de loi sur la monnaie et le crédit mais aussi par l’application de loi organique des lois de finances en rédigeant le budget de 2023 en fonction des règles exigées par cette loi. Au plan de la production et de l’exportation des hydrocarbures et des produits hors hydrocarbures, la moisson a été bonne. Les positions financières intérieures et extérieures se sont sensiblement améliorées également. <