Le manque de médecins dans les wilayas de l’intérieur, l’importation de médicaments, l’insécurité au sein des établissements de santé publique, la surcharge des hôpitaux et le service civil des médecins figurent parmi les points abordés par le Conseil des ministres, réuni samedi dernier, et qui a vu le président de la République instruire le gouvernement pour l’adoption d’«un plan d’urgence» et la «rupture» avec les pratiques du passé dans le domaine de la Santé.
Ce plan d’urgence doit s’axer sur deux priorités, à savoir la prise en charge dans «les services d’urgence» et celle «des femmes enceintes». Les orientations de Tebboune ne semblent pas pour autant convaincre les syndicalistes et les présidents d’associations et collectifs de la santé publique. Pour ces derniers, c’est du «déjà vu» «et «déjà promis».
Pour le professeur Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), les promesses du gouvernement dans le secteur de la santé font partie de la «redondance», car, explique-t-il, «nous avons l’habitude d’entendre dire que des mesures sont prises pour résoudre les problèmes, malheureusement, ce sont ces mêmes problèmes qui reviennent parce qu’ils n’ont jamais été réglés». Notre interlocuteur estime que le «pouvoir centralisé» contribue grandement à empêcher la résolution des problèmes de la santé en Algérie. «Le ministère de la tutelle perd son efficacité devant un Etat qui détient tous les pouvoirs. Il est difficile de s’attendre au changement dans ce cas», soutient-il.
Concernant le plan d’urgence qui doit servir à réformer le secteur, le Pr Khiati, président de la Forem, estime que celui-ci doit inclure la situation du citoyen, mais aussi celle du corps médical. Il s’agit d’«améliorer la prestation de service et pas seulement celles des services des urgences, comme il est impératif de mettre en place un système de soins qui soit performant et offrant des prestations qui répondent aux attentes des usagers de la santé», souligne-t-il, précisant que cette démarche passe par «une rémunération adéquate du corps médical». Et de rappeler dans ce chapitre que «le gouvernement a dédié un budget important pour le secteur de la santé, alors que sur le terrain, les prestations ne sont pas à la hauteur des investissements consentis».

«Il faut pénaliser la violence faite au corps médical»
Concernant le recours aux sociétés de gardiennage décidé pour garantir la sécurité du personnel, le Pr Khiati considère que cette mesure» ne va pas solutionner le problème» de la violence dans les hôpitaux et les autres structures sanitaires publiques. «Ce ne sont pas les sociétés de gardiennage qui vont régler le problème», juge-t-il, avant de préconiser «la pénalisation des agressions afin de mettre fin aux violences faites au corps médical».
Pour rappel, lors du dernier Conseil des ministres, le Président de la République a demandé la prise de mesures pour contrecarrer le phénomène de la violence à l’égard du personnel médical au sein des établissements hospitaliers, notamment «la contractualisation avec des sociétés privées» afin de garantir, a-t-il déclaré, la sécurité des personnels et des infrastructures de santé. n