La ministre de la Culture, Mme Soraya Mouloudji, a fait savoir lundi que le « mécanisme de soutien » à la production cinématographique, qui s’effectuait jusque-là dans le cadre du Fonds national pour le développement de l’art, de la technique, de l’industrie cinématographique et de la promotion des arts et des lettres (FNDATICPAL), serait « remplacé » par « un nouveau mécanisme consistant en l’octroi de subventions au titre du budget de fonctionnement du ministère de la Culture et des Arts ».
Par NADIR KADI
Une annonce qui répond visiblement au « cri d’alarme » lancé par une cinquantaine de cinéastes et de professionnels du septième art.
En clair, la responsable du secteur de la culture tente de rassurer la profession suite à la disparition de l’unique source de financement public du cinéma algérien. Quant aux réactions des signataires de la lettre ouverte au ministre de la Culture, ils se disaient hier en partie « satisfaits » que la ministre réponde à la problématique, mais restent toutefois dans l’attente de plus d’informations sur le contenu de la réforme du mode de subvention. Les cinéastes et artistes de cinéma avaient notamment mis en garde, dans le document publié en fin de semaine, contre les conséquences d’une « décision unilatérale (…) sans concertation préalable avec les cinéastes » et qui « menace directement l’accès au public » à un « cinéma algerien, libre et indépendant ». En ce sens, plusieurs réalisateurs, contactés hier, nous déclarent en substance qu’il est encore difficile d’avoir un avis tranché sur l’annonce du secteur de la culture. La ministre Soraya Mouloudji a invité des artistes à se réunir avec ses services dans les jours à venir. « Nous avons été contactés par le ministère (…) Nous attendons la rencontre avec la ministre pour savoir comment devrait fonctionner ce nouveau fonds », nous explique une réalisatrice. Avant d’ajouter : « La rencontre est normalement prévue la semaine prochaine (…) Les artistes qui participeront à la rencontre représenteront les intérêts de toute la profession. »
Pour l’heure, en effet, le contenu de la « réforme » annoncée du système de subvention publique à la production cinématographique reste encore imprécis, même si la ministre de la Culture a promis que « l’Etat ne renoncera jamais à l’accompagnement des projets des acteurs de l’industrie du cinéma ». Mme Soraya Mouloudji a annoncé dans cette logique, lors de sa rencontre des acteurs du domaine cinématographique et des représentants de l’administration centrale du ministère de la Culture que la « réforme, et plus précisément le projet du nouveau programme de soutien à la production cinématographique est déjà lancé et sera proposé aux services du ministère des Finances pour approbation ». « Dès l’adoption de ces procédures, dans les prochaines semaines, il sera procédé à l’octroi de subventions aux projets cinématographiques déjà acceptés, alors que les nouveaux projets seront étudiés ultérieurement », a-t-elle indiqué.
Et dans cette logique, il est à rappeler que la lettre ouverte au ministère de la Culture par les acteurs de l’industrie du cinéma met également en garde contre la perte des subventions publiques, en faisant le parallèle avec la perte d’une certaine forme de liberté de ton. En effet, le document explique que les artistes seraient contraints de chercher d’autres sources de financement : « Le cinéma véhicule notre langue, notre culture, notre histoire, notre identité, notre esprit et nos luttes. Si nous ne pouvons plus raconter nous-mêmes notre histoire et mettre en scène nos univers, nous prenons le risque que d’autres le fassent à notre place ; nous prenons le risque d’être dépendants de fonds étrangers uniquement et de ne plus pouvoir porter notre voix librement ; nous prenons le risque que notre public ne se sente plus représenté. » A suivre donc. n