S’exprimant hier sur les ondes de la Radio nationale, Chaîne III, le professeur Djamel Eddine Nibouche, Chef du service de cardiologie à l’hôpital Nafissa-Hamoud d’Alger, a estimé que la situation actuelle du système de santé nécessite, entre autres, la création de nouveaux types d’assurance maladie et l’ouverture vers le privé.

Par Nadir Kadi
Le responsable, tout en faisant la promotion d’une réforme qui favoriserait la «médecine privée», a, cependant, souligné que le modèle social adopté par l’Algérie devrait perdurer «tout le monde» devant «pouvoir bénéficier de soins». Le risque à éviter serait de tomber dans le piège d’une «médecine à deux vitesses», précise en substance le professeur Nibouche.
Le responsable et praticien, qui apparaît à travers ses déclarations comme largement favorable à la «médecine privée», rappelle et déclare qu’en 2018 «la loi prévoit l’élaboration d’une stratégie de médecine privée (…) Il faut évidemment y aller et donner tous les moyens à la prise en charge adéquate du citoyen algérien». Cette offre de soins payants aurait, selon le professeur, «fait ses preuves dans le monde (…) Dans les pays développés, elle occupe une place très importante». Une position forte qui serait également possible en Algérie, où la médecine privée » occupe une place importante (…) mais j’estime que nous sommes dans une situation embryonnaire, presque anarchique. Il faudrait que la gestion et le fonctionnement de la médecine privée en Algérie soient institutionnalisés pour être efficaces».
Appelant en ce sens à la réforme du système de santé, l’ouverture vers le privé devrait toutefois être accompagnée d’un important travail de contrôle de l’Etat. «Il faut donner la fonction réelle» et définir «le rôle que doivent jouer les structures privées». Et dans cette même idée, le professeur Djamel Eddine Nibouche a salué comme une avancée notable le projet de création d’un hôpital de haut niveau avec un partenariat allemand et qatari. Un centre qui sera à même d’éviter les coûteux transferts de patients à l’étranger : » L’Algérie a opté depuis longtemps pour une médecine sociale, pour l’équité face aux soins où tous les citoyens ont la chance d’être traités de la même façon», cependant, «l’Algérie n’a pas actuellement les moyens d’assurer une médecine de qualité concernant ces soins de haut niveau, et c’est pour cette raison qu’il y a des prises en charge délivrées à l’étranger» ; dans ce contexte, «la création d’un hôpital privé ou public de haut niveau (…) doit se faire».
Djamel Eddine Nibouche a également partagé, hier, son point de vue sur la question délicate du financement de la santé, estimant notamment que «… les caisses de la sécurité sociale devraient être nombreuses (…) C’est important d’avoir une caisse pour les salariés, la Cnas est là pour les retraités, la Casnos pour les non salariés, mais il faudrait aussi des caisses pour une assurance complémentaire». L’objectif serait de faire en sorte que ces mutuelles «puissent prendre en charge tout ce qui est complémentaire. Si une personne a déjà 80% de prise en charge par la Cnas, les 20% restants pourraient éventuellement être pris en charge par des mutuelles». Le professeur Nibouche, sans toutefois s’avancer sur le modèle économique d’un tel système, et plus encore sur le risque à long terme sur le modèle social, ajoute dans cette même logique d’ouverture économique : « Il faudrait également qu’il y ait plusieurs assurances (…) A titre d’exemple, l’assurance pour le rapatriement des corps devrait être plus précise. Actuellement, il s’agit de la Cnas, mais il y a des difficultés liées à la complexité de l’opération». n