La Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) a fait savoir, hier, par la voix de son président Sami Agli, qu’elle attendait la parution du nouveau code de l’investissement avec une certaine «hâte» ; le texte devrait, en effet, définir certaines des modalités longtemps attendues par les investisseurs, à savoir «comment venir investir en Algérie ? Comment sortir en vendant ses parts ? Comment transférer ses dividendes ? Comment amener du capital ? Ce code doit être une réponse claire à toutes ces questions».
Par Nadir Kadi
Le président du CAPC, qui intervenait sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III, a par ailleurs ajouté que le contexte économique avait besoin, aujourd’hui, de reformes profondes, notamment sur «l’assainissement du cadre règlementaire et juridique», la redéfinition du «Code du travail» et du «système bancaire»… mais surtout la «lutte contre la bureaucratie» et les aberrations réglementaires, qu’il assimile a une «forme de terrorisme» contre la volonté d’investir.
Responsable et représentant du patronat, qui aurait été reçu au cours de la semaine dernière par le Médiateur de la République, dans le but d’aborder ces questions. Sami Agli a expliqué hier que «le président de la République nous donne aujourd’hui le maximum de possibilités pour porter la voix des chefs d’entreprise», cette «médiation» qui définit la nouvelle politique aurait ainsi «réglé des problèmes, nous en avons des exemples concrets». En ce sens, faisant le lien avec les récentes déclarations de l’exécutif, notamment lors de l’ouverture des travaux de la Conférence nationale sur la relance industrielle, le président du CAPC déclare : «On a vu que près de 400 projets, qui étaient bloqués par ce terrorisme bureaucratique, ont été libérés (…) cela redonne confiance, des chefs d’entreprise étaient bloqués à cause d’un papier, aujourd’hui, ils sont reçus par les walis, des documents d’urgence sont délivrés et, dans les 48 heures, on peut commencer à créer de la richesse et de l’emploi. Il faut généraliser cela sur n’importe quel projet, petit ou grand». Sami Agli demande par la même occasion à ce que la norme soit la confiance : «Le contrôle doit être à posteriori, l’investisseur peut s’engager sur l’honneur à compléter son dossier, mais le projet doit entrer en exploitation avant tout.»
Président du CAPC, qui a par ailleurs abordé la question de la ressource humaine et de la formation, elle serait aujourd’hui considéré comme «la troisième en Afrique après les Seychelles et l’Ile Maurice» ; une position plus qu’honorable, qu’il s’agit cependant de rentabiliser : «Oui, il y a des manquements, mais il y a aussi énormément d’aspects positifs. L’infrastructure de l’Algérie est aujourd’hui très forte, il y a un énorme réseau d’universités, la jeunesse est bien formée… maintenant, il s’agit de mettre tous ces aspects en synergie pour créer de l’emploi, de la richesse et renforcer le pouvoir d’achat.» A ce titre, le responsable du patronat demande que «la réforme du code du travail et la gestion de la ressource humaine soient conduites sur le seul principe du mérite (…) C’est pour moi le centre de toutes les décisions». Il faut privilégier «les meilleurs». Cependant, Sami Agli met en garde et demande au gouvernement «d’aller vite mais sans précipitation», «cela est un gros chantier, il y a une volonté de changement profond du cadre réglementaire (…) mais ce sont des lois qui ont de lourdes conséquences. Il faudrait à tout prix prendre le temps de le préparer. C’est un équilibre entre vitesse de l’action et responsabilité de l’action».
Quant à la question de la réforme du système bancaire, il s’agit pour S. Agli de la «mère des réformes» pour arriver, ajoute-t-il en substance, à mettre en pratique le principe de «liberté d’investir et de commercer». Ainsi en parlant plus généralement du système financier, ce dernier «est en chantier et nous sommes partenaires des pouvoirs publics en tant que force de proposition (…) On ne peut aujourd’hui penser à l’internationalisation de l’entreprise algérienne, parler d’exportation ou de développement humain… sans penser à la réforme des banques, elle est en cours». Dans cette logique, la suppression du «fléau» de l’informel pourrait passer par la mise sous contrôle des devises et l’installation de bureaux de change. «Aujourd’hui un Algérien contrevient à la loi à chaque fois qu’il voyage, il achète de la devise la place sur son compte et elle devient en quelque sorte légale (…) C’est une ancienne pratique qu’il faut réformer.
Portons les choses aux standards». Et parmi ces «anciennes pratiques», le président du CAPC a également dénoncé, hier, les conséquences de la «planche à billets», responsable aujourd’hui de l’inflation des dinars au moment où les prix des matières premières augmentent sur les marchés mondiaux.