Par Lyes Sakhi
Réforme ou pas réforme ? La question n’a pas été retenue et ne figure pas dans l’ordre du jour du sommet de la Ligue arabe. Elle reste cependant comme le grand non-dit qui a dominé et continuera de dominer les travaux du rendez-vous arabe d’Alger.
Même si elle ne figure pas parmi les points abordés, il est attendu que la demande de réforme du fonctionnement et des structures de la Ligue fasse l’objet des discussions et que le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, soumette aux participants au sommet «plusieurs idées», a déclaré à ce sujet le chef de la diplomatie Ramtane Lamamra.
La question de la réforme de la Ligue arabe sera posée par le chef de l’Etat, sachant que l’Algérie lui accorde «une extrême importance», a ajouté le ministre algérien des Affaires étrangères lors d’une conférence de presse animée dans la soirée de lundi dernier. L’Algérie n’a pas abandonné son projet, et «le Président insistera sur l’urgence d’appliquer les recommandations algériennes adoptées en 2005 par la Ligue arabe», a-t-il ajouté.
En 2005, l’Algérie avait fait des recommandations pour la réforme de l’organisation panarabe lorsqu’elle avait accueilli le Sommet arabe. Il s’agit entre autres de la création d’un parlement transitoire, de la mise en place d’une instance de suivi de l’application des décisions, de l’amendement du mode de vote et d’opter pour un secrétariat général tournant de l’organisation au lieu qu’il reste aux seules mains du pays hôte, l’Egypte.
Des recommandations que les dirigeants arabes présents à Alger avaient dit valoriser, mais qui, visiblement, n’ont pas été défendues concrètement sur le terrain, notamment en raison d’un manque d’unanimité au sein de la Ligue à ce sujet ; peut-être à cause du peu d’intérêt qu’avaient ses grands Etats membres à s’intéresser à la réforme d’une organisation en dehors de laquelle ils défendent le plus souvent leurs intérêts.
Présentement, la réforme reste donc hors sujet et le secrétaire général de la Ligue, l’Egyptien Ahmed Aboul Gheit, ne l’a même pas effleuré, préférant se taire sur la question et se concentrer sur celle, plus consensuelle, de la cause palestinienne et les gains qu’elle devrait engranger à l’issue du sommet. Celui-ci «insufflera une forte impulsion à la position palestinienne», a-t-il déclaré lundi dernier dans un entretien accordé à l’agence de presse du Moyen-Orient (MENA). Pour M. Aboul Gheit, «le monde entier est tenu de défendre la solution à deux Etats, non seulement par la parole et le discours comme on le voit, mais en exerçant la pression sur Israël (…) pour que les Palestiniens recouvrent leurs droits (…) pour l’établissement d’un l’Etat indépendant sur les frontières du 4 juin 1967».
Il a précisé que l’ordre du jour du Sommet comprenait «toutes les questions politiques habituelles», laissant entendre que la revendication de la réforme ne l’est pas. Les pays arabes, a-t-il dit, doivent prendre des décisions définissant leurs positions collectives arabes, en tête desquelles la cause palestinienne et le renforcement de la résistance palestinienne, ainsi que les questions liées aux crises arabes en Syrie, au Yémen, en Libye, au Soudan, en Somalie et au Liban, en sus des questions prioritaires dont la mise au point d’une stratégie arabe pour réaliser la sécurité alimentaire face à la crise mondiale multidimensionnelle et ses répercussions graves sur la sécurité alimentaire arabe».
Pour ce qui est de la Libye, M. Aboul Gheit a souligné que la Ligue arabe «se base dans son approche de la crise libyenne, sur la nécessité d’oeuvrer, en premier, à l’arrêt de la violence et à l’entame d’un dialogue sérieux pour la stabilité, sur une base constitutionnelle, en vue de tenir les élections qui ont été reportées en décembre passé». Concernant le Liban, M. Aboul Gheit a indiqué qu’une décision serait prise à l’issue du Sommet arabe, sous le titre «Solidarité avec le Liban et soutien à ce pays», exprimant, néanmoins, sa crainte quant aux conséquences de la vacance du poste de président de la République dans le contexte des défis majeurs et de la crise économique.
Quant à la situation au Yémen, l’intervenant a estimé que le non renouvellement de la trêve dans ce pays est «un développement négatif (…) dans le contexte d’une détérioration terrifiante sur les plans, humanitaire, économique et sanitaire».