La consultation référendaire pour la révision constitutionnelle, hier, a présenté un paysage similaire à celui observé durant les trois semaines de campagne : un engagement quasi-physique du gouvernement et de ses membres, Premier ministre en tête, pour la réussite du scrutin. En face, un électorat visiblement peu emballé et une affluence aux urnes mitigée, en particulier dans les grands centres urbains. Un absent de poids : le chef de l’Etat, en séjour médical en Allemagne, qui a délégué son droit de vote à son épouse.

Dans la continuité de sa mobilisation durant la campagne référendaire sur la révision constitutionnelle, notamment lors des derniers jours de sensibilisation, le gouvernement Djerad était au rendez-vous, hier, jour de référendum, pour porter la voix de l’Exécutif et donner corps à la consultation, marquée par l’absence physique du président Tebboune, admis depuis mercredi dans un établissement hospitalier en Allemagne.
Une défection de taille qui est venue, au-delà des nombreuses interrogations qu’elle continue de susciter depuis la semaine passée auprès des Algériens, se greffer à une campagne référendaire sans grand attrait et où le manque d’engouement populaire en est le marqueur principal.
Le manque d’engouement durant les trois semaines de campagne semble avoir donné lieu à un référendum qui n’a pas mobilisé les grandes foules, notamment dans les régions du centre du pays, où le taux de participation est si faible qu’il renvoie ainsi l’image d’un référendum conforme à sa campagne. Une faiblesse que le contexte sanitaire, tout comme l’absence physique du premier magistrat du pays ne sauraient expliquer à eux seuls. Mais, sans doute, l’absence du Président, initiateur du projet, qui a exposé davantage les membres du gouvernement qui ont tenu ainsi, à l’occasion de l’accomplissement de leur devoir de vote, à défendre le projet de révision.
Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a estimé dimanche à Alger, que le référendum sur la révision de la Constitution «représente un jour pour l’avenir de l’Algérie nouvelle que nous souhaitons tous pour nos fils et petits-fils». Déclarant que «la voix aujourd’hui est au peuple et au citoyen et chacun est libre de choisir le chemin qu’il souhaite pour son pays», M. Djerad a ajouté : «Ce jour, qui coïncide avec le 1er Novembre, date du déclenchement de la guerre de libération nationale, représente pour le peuple algérien l’Histoire glorieuse, celle des martyrs et des moudjahidine, et qui a permis à nos ancêtres de libérer le pays.»
Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a déclaré que «la révision constitutionnelle constitue la clef devant nous mener vers l’Algérie nouvelle», ajoutant que l’opération de vote s’est bien déroulée au sein de la communauté nationale établie à l’étranger. De son côté, la ministre de la Culture, Malika Bendouda, a indiqué que la révision constitutionnelle «offre l’opportunité d’une nouvelle élite politique éloignée aussi bien de l’argent sale et sa nuisance et des préjugés qui ont dominé la société depuis plusieurs années», appelant, par la même occasion, les jeunes à s’exprimer «en toute objectivité et responsabilité».

Tebboune vote par procuration
En l’absence du président Tebboune, en Allemagne pour des soins, c’est son épouse qui a accompli le devoir électoral par procuration. «Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a accompli dimanche 1er novembre 2020 son devoir électoral par procuration à l’école primaire Ahmed-Aroua à Alger, conformément à la loi. L’épouse du Président Tebboune a voté à sa place au référendum sur l’amendement constitutionnel, étant donné que le Président est actuellement dans un hôpital allemand spécialisé où il reçoit des soins», a précisé un communiqué de la présidence de la République. De son côté, le conseiller du Président, Abdelhafid Allahoum, a déclaré, au sortir du bureau de vote où il a accompli son devoir, que «l’état de santé de M. Tebboune est bon», ajoutant que «le peuple algérien sait ce qu’il veut». Le propos de M. Allahoum sur l’état de santé du Président signe ainsi la nouvelle déclaration à ce sujet dans le sens où depuis jeudi dernier, il n’y pas eu de communications officielles en lien avec l’hospitalisation de Tebboune.
«Après les examens médicaux approfondis qu’a subis le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, dans un grand hôpital spécialisé allemand, le staff médical affirme que les résultats de ces examens sont rassurants», a indiqué jeudi un communiqué du palais d’El Mouradia, qui ajoute que «le Président reçoit actuellement le traitement adéquat et son état de santé est stable et n’est pas préoccupant».