Depuis l’annonce faite jeudi dernier, quant à l’organisation d’un large débat où la presse sera mise à contribution dans la campagne pour le référendum sur la Constitution révisée, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, multiplie les sorties médiatiques. Le coup d’envoi de cette campagne sera donné demain, 16 septembre. Une date qui «correspond à la convocation imminente du corps électoral», a déclaré le ministre dans un entretien accordé à l’APS.
Les dispositions de la loi organique de 2016 relative au régime électoral explique dans son article 149 que «les électeurs sont convoqués par décret présidentiel quarante-cinq (45) jours avant la date du référendum populaire» prévu le 1er novembre prochain.
Le ministre a révélé ensuite par qui et comment sera mené la campagne référendaire. «Le débat que le ministère entend engager dès la convocation du corps électoral implique directement trois grands acteurs, chacun dans le rôle que lui impartit le droit : primo, les entreprises publiques et privées de presse écrite, électronique et audiovisuelle, secundo, l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), tertio, l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav)», a déclaré le ministre, en rappelant le rôle de chacun de ces acteurs. Il a indiqué, par la suite, que «l’enjeu pédagogique de la campagne (…) est évident. Il sollicite également tous les acteurs politiques et associatifs, ou encore académiques. Il ne s’agit point de revenir sur l’option institutionnelle retenue pour entreprendre les réformes multisectorielles profondes requises par la situation, au profit d’un quelconque autre scenario ‘transitionnel’». Il enchaînera en lançant un appel à une large participation, estimant que «faire l’impasse sur le jeu institutionnel, comme ne pas participer au débat, qui se veut large, pluriel et inclusif, sur le projet de révision constitutionnelle ou encore ne pas participer aux prochaines consultations prévues autour du texte, participe du cataclysme radical».
Les quatre volets de la campagne référendaire
Le Pr Belhimer a expliqué comment sera menée la couverture médiatique consacrée au référendum populaire, soulignant que celle-ci s’articulera autour de quatre volets, l’explication et la vulgarisation, la sensibilisation, le déroulement du scrutin et les réactions. Le volet portant sur la campagne d’explication et de vulgarisation de la Constitution révisée, qui a obtenu le quitus du Parlement en ses deux chambres, portera sur les propositions contenues dans les six axes de la mouture du projet, à savoir «les droits fondamentaux et les libertés publiques», «le renforcement de la séparation et de l’équilibre des pouvoirs», «l’indépendance de la justice», « l’indépendance de la Cour constitutionnelle», «la transparence, la prévention et la lutte contre la corruption» et «l’Autorité nationale indépendante des élections», a-t-il affirmé.
Il mettra en exergue qu’une «attention particulière est accordée ici à la séparation et à l’équilibre des pouvoirs, à la moralisation de la vie publique et au caractère social d’un Etat qui survit aux événements et aux hommes grâce au droit». Quant à la sensibilisation, elle sera assurée par «la couverture du factuel, la réalisation d’interviews et de reportages vivants tant écrits qu’audiovisuels». La phase du scrutin prend en charge trois besoins, selon le ministre. Le premier concerne tous les aspects liés à l’organisation du scrutin et à son bon déroulement. Le second aborde l’opération de vote de la communauté algérienne établie à l’étranger et celle des populations nomades dans le Sud algérien et les Hauts-Plateaux, par le biais des correspondants de presse. Le troisième est relatif au jour J avec toutes les couvertures prévues : le déroulement du scrutin, le suivi des taux de participation, les reportages vivants dans les bureaux de vote, etc., a précisé le Pr Belhimer. L’ultime phase, a-t-il ajouté, est celle des «réactions des différents acteurs, notamment de la société civile, des partis et personnalités politiques, des experts et des citoyens. Elle doit dégager des perspectives d’avenir qui rendent effectives les constructions juridiques».
Concernant la stratégie médiatique que le gouvernement compte mettre en place lors de la campagne référendaire, notamment en matière du respect des règles d’éthique et de déontologie, le ministre a d’abord évoqué le secteur de l’audiovisuel dont la régulation revient à l’Arav. Celle-ci dispose de «moyens de veille et de suivi qui l’autorisent à sanctionner toute violation des règles éthiques et déontologiques, en plus des saisines possibles émanant de parties habilitées à le faire». Pour ce qui est de la presse écrite et électronique, il a estimé qu’en attendant l’installation du Conseil national de la presse écrite et de l’autorégulation qu’elle institutionnalisera, il est fait «appel aux nobles valeurs de civisme et de patriotisme, au professionnalisme et au sens de responsabilité des titres existants, au demeurant fortement enracinées parmi nos confrères, afin de faire du rendez-vous du 1er novembre un grand tournant dans la construction de la nouvelle Algérie».
Le ministère de la Communication, tutelle de tous ces organes, malgré les mises en garde récurrentes contre les atteintes aux règles d’éthique et de déontologie, ne peut «occulter l’attachement, large et profond, de l’écrasante majorité de nos journalistes à un exercice sain et paisible du métier», a souligné M. Belhimer.
Le ministre a, par ailleurs, noté que le Comité d’experts chargé de la révision de la Constitution est resté au plus près de ce que la feuille de route du président de la République lui a confié comme mission, à savoir que l’amendement de la Constitution soit «la pierre angulaire pour l’édification d’une nouvelle République afin de réaliser les revendications de notre peuple exprimées par le mouvement populaire». Il a également rappelé que ce chantier pour une «Constitution révisée et remaniée» est une concrétisation du «premier des 54 engagements électoraux du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, portant sur l’instauration d’une nouvelle République répondant aux aspirations du peuple».