Abderrahmane Raouya revient au ministère des Finances qu’il avait quitté en avril 2019 au profit de Mohamed Loukal. Ce dernier, qui figurait dans le gouvernement Bedoui des affaires courantes, est remercié au profit justement de son prédécesseur, Abderrahmane Raouya.

C’est pendant que Mohamed Loukal était au ministère des Finances que le retour à l’endettement extérieur a été officiellement acté, tout comme celui de la suspension de la planche à billets et la fin des avantages fiscaux accordés à nombre de secteurs d’activités notamment ceux fonctionnant au régime CKD-SKD. Abderrahmane Raouya, qui a été expert du Fonds monétaire international (FMI) en République démocratique du Congo de 2003 à 2005, sera éventuellement appelé à négocier les premiers prêts avec des créanciers internationaux, ou du moins définir les garde-fous aux entreprises publiques souhaitant lever des fonds à l’international dans le cadre des dispositions prévues par la loi de finances 2020. Abderrahmane Raouya revient en tout cas au ministère des Finances dans un contexte marqué par le creusement des déficits et par l’amenuisement des ressources, alors que la prochaine étape requiert une plus grande rigueur budgétaire ainsi que la mise en place des réformes économiques et budgétaires et le retour aux opérations d’assainissement des finances publiques.
Des défis non moins importants attendent le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, qui réussit à conserver son poste malgré la levée de boucliers à laquelle il a été confronté tout au long des débats sur la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Depuis son examen en réunion du gouvernement par le ministre de l’Energie du gouvernement des affaires courantes, cette loi avait provoqué un tollé général au sein de l’opposition, voire au niveau des partis de la majorité, alors que la rue bouillonnait pendant plusieurs jours, y voyant d’importantes concessions faites aux investisseurs étrangers. Mohamed Arkab qui avait géré cette période est maintenu dans le premier gouvernement d’Abdelmadjid Tebboune. Il succède ainsi à lui-même mais il sera confronté à des défis tous aussi sensibles que complexes que ceux posés par la nouvelle loi sur les hydrocarbures, dont la diversification des sources énergétiques avec une part belle faite au schiste et à l’offshore, la redynamisation de l’investissement dans l’amont pétrolier et gazier, l’amélioration des scores en matière de production et de recettes. Pour l’investissement, les mêmes défis se dressent sur le chemin du nouveau ministre de l’Industrie, Ferhat Ait Ali, connu pour ses positions tranchantes en matière de gestion et du soutien à l’investissement. Le successeur de Djamila Tamazirt à la tête de l’Industrie aura à gérer des dossiers très complexes, dont celui de l’assemblage automobile pour lequel un nouveau cahier des charges était en préparation, mais aussi celui de nombreuses filières industrielles mises à mal par les mesures et décisions des précédents gouvernements. Ferhat Ait Ali sera essentiellement appelé à mettre en place les conditions et les mesures d’un retour de la croissance. Pour ce faire, il va falloir réviser le code de l’investissement, la règle du 51/49% et remettre de l’ordre dans de nombreux secteurs, tout en accélérant l’assainissement de l’environnement direct dans lequel évolue l’entreprise, en modifiant le régime fiscal comme cela a été promis par Abdelmadjid Tebboune, mais aussi en facilitant l’accès aux crédits et en améliorant le climat des affaires, réputé pour être l’un des plus repoussants de la région. Pour ainsi dire, les défis auxquels sont confrontés les trois ministres en charge des principaux portefeuilles économiques ne sont pas des moindres. L’un d’entre eux revient dans un contexte de graves tensions financières, tandis que l’autre est maintenu pour concrétiser les objectifs contenus dans la nouvelle loi sur les hydrocarbures, alors que le troisième arrive à un moment où l’activité économique et industrielle connait un net ralentissement.