Il a été fait par l’ancien militaire extradé d’Espagne Mohamed Benhalima. Ses révélations, diffusées hier par la DGSN, sont un témoignage à charge contre Rachad et une pièce nouvelle au dossier de justice par lequel ce réseau islamiste est classé comme «groupe terroriste» susceptible de représenter une menace pour la sécurité du pays. Les faits rapportés par le prévenu Benhalima confondent le dénommé Larbi Zitout et le réseau de cyberactivistes qu’il chapeaute sur la toile.

PAR NAZIM BRAHIMI
Les révélations livrées par le détenu Mohamed Benhalima et diffusées hier par la DGSN sur le web opposant Larbi Zitout et le réseau qu’il entretient selon cet ancien militaire extradé récemment d’Espagne où il avait demandé sans succès le droit d’asile politique sont clairement apparues comme un témoignage à charge contre ce personnage et, par extension, comme une nouvelle pièce au dossier de justice qui a classé son réseau d’obédience islamiste Rachad en tant que «groupe terroriste» représentant une menace pour la sécurité de l’Etat et du pays. Les «graves révélations» de Benhalima, annoncées auparavant dans un communiqué de la DGSN, sont en somme des aveux à charge contre Zitout et les actions hostiles qu’il mènent à partir de son lieu de résidence londonien au nom du courant idéologico-politique auquel il appartient.
Après ces révélations, que le prévenu Benhalima a présenté comme étant «membre de l’organisation terroriste Rachad», c’est un portrait alarmant qui est désormais dressé de ces «cyberactivistes» qui mènent, selon des responsables algériens, une guerre de «troisième génération» contre l’Algérie et sa sécurité. Il est celui de propagandistes obéissant à des agendas menant des actions contre la stabilité et les intérêts du pays à l’exemple des personnages que cite Benhalima : Larbi Zitout, Amir Dz et autre Mohamed Abdallah. Ce dernier, rappelons-le, a été condamné, le 13 mars en cours, par le tribunal de Bir Mourad Raïs (Alger), à six ans de prison ferme et une amende de 100.000 DA.
Poursuivi notamment pour publication et diffusion d’informations mensongères et distribution de tracts attentatoires à l’intérêt national et à la vie privée d’autrui, le tribunal de Bir Mourad Raïs avait émis, en mars 2021, un mandat d’arrêt contre Mohamed Abdallah, qui est un ex-gendarme dans les unités d’aviation ayant fui en Espagne.
Il a été extradé par les autorités espagnoles en août 2021 pour être placé en détention provisoire à la prison militaire de Blida avant sa comparution et sa condamnation par le tribunal de Bir Mourad Rais.
Le nom de Mohamed Abdallah, gendarme déserteur, figure, faut-il également le souligner, parmi le groupe de personnes contre lesquelles un mandat d’arrêt international a été lancé le 21 mars 2021, c’est-à-dire, il y a juste une année. Il s’agit entre autres de Boukhors Amir et Mohamed Abdallah, tous poursuivis pour appartenance «à une organisation terroriste visant à nuire à la sécurité de l’État et à porter atteinte à l’unité nationale, financement d’un groupe terroriste et blanchiment d’argent».
Dans ses révélations, Mohamed Benhalima a indiqué, hier, que Mohamed Abdallah lui a demandé «de ne pas quitter l’Algérie et de continuer à travailler au sein du MDN afin de fuiter des informations à Larbi Zitout pendant le Hirak». Dans ses déclarations, Mohamed Benhalima a levé le voile sur ce qu’il a qualifié de la «stratégie» de Zitout qui «dispatche» les thèmes et les questions que ses «éléments» vont devoir aborder dans leurs vidéos publiées sur les réseaux sociaux. Il a ajouté que Zitout s’appuyait également dans ses «œuvres» sur ses deux frères (Smail et Mouloud) qui mobilisent d’autres individus pour les mêmes objectifs, ajoutant qu’une somme qu’Amir Dz aurait laissé chez la famille de Zitout est la source de leur différend, insistant à dire que «seul le buzz et l’argent intéressaient les deux activistes sur la toile».
Selon les témoignages de Benhalima, «Amir Dz avait une somme d’argent de 200 000 euros auprès du frère de Zitout», ajoutant que le nommé Abdou Semmar l’a contacté pour «réaliser une émission» et qu’il «m’a dit avoir des relations avec des maires en France» et qu’il «peut l’aider». Benhalima a révélé aussi qu’Amir Boukhars l’a aidé pour «rencontrer un avocat proche des services de renseignements français».
Exprimant ses regrets d’avoir été «embarqué» dans ces plans, Benhalima a souhaité «la grâce» du président de la République.«Je lui demande de me pardonner. Je ne sais pas comment je me suis retrouvé dans cette situation que je regrette fortement», a-t-il lancé. «Je demande également pardon à ma maman ainsi qu’à toutes les personnes à qui j’ai causé du tort à travers mes actes et attitudes. Zitout m’a utilisé pour ses intérêts et ceux de ses frères qui se sucrent et s’enrichissent sur le dos des détenus…».
Rappelons que l’ex-militaire Mohamed Benhalima a été extradé jeudi soir vers l’Algérie après un arrêté d’expulsion des autorités espagnoles. Mohamed Benhalima avait quitté l’Algérie en septembre 2019 et il est accusé par les autorités d’appartenir à l’organisation terroriste Rachad. n