Le président de l’Autorité palestinienne a, dans son discours du Caire, hier à l’ouverture de la conférence de la Ligue Arabe sur Jérusalem (Al Qods), renouvelé son appel pour un règlement juste de la question palestinienne à travers la création d’un Etat palestinien souverain dans les frontières d’avant 1961. S’il risque de ne pas être entendu comme voulu, alors que les factions palestiniennes de la résistance restent elles-mêmes divisée, son message selon lequel sans la reconnaissance des droits légitimes des Palestiniens, il n’y a aura pas de paix ni de sécurité, reste un rappel plus que jamais d’actualité.

Par Anis Remane
Le chef de l’Autorité palestinienne a appelé hier dimanche au siège de la Ligue arabe au Caire le monde à «protéger» les Palestiniens face à Israël «qui a dépassé toutes les lignes rouges», en accélérant la colonisation des territoires palestiniens, en multipliant la répression et en s’employant à «judaïser» la ville sainte de Jérusalem (Al Qods).
Mahmoud Abbas s’exprimait à l’ouverture de la conférence des ministres des Affaires étrangères des Etats de la ligue sur Jérusalem, à laquelle ont assisté le président égyptien Abdelfattah Sissi pour le rôle historique de son pays en tant que médiateur et le roi de Jordanie Abdallah II dont le pays est en charge des lieux saints chrétiens et musulmans à Jérusalem.
«La situation actuelle réclame une intensification de nos efforts», a plaidé Abdallah II, auquel le président américain Joe Biden affirmait récemment son «soutien fort pour une solution à deux Etats», israélien et palestinien. «M. Biden dit soutenir, mais il ne fait rien du tout», a accusé M. Abbas au cours de son discours fleuve. Les Palestiniens iront «dans quelques jours devant le Conseil de sécurité de l’ONU» et entendent saisir la Cour pénale internationale (CPI) car ils comptent désormais «chaque jour plus d’un martyr», a-t-il martelé.
La conférence de la Ligue arabe sur Jérusalem – «Résistance et développement» – vise à replacer la question palestinienne sur la scène internationale. Son objectif est de soutenir et de renforcer la «résistance» et la «résilience» des habitants palestiniens de Jérusalem en tant que première ligne de défense de la ville, qui mènent une bataille quotidienne contre la «judaïsation» de la ville et pour leur attachement à son identité et à son héritage culturel et religieux, chrétien et musulman.
Jamal Rushdi, porte-parole du secrétaire général de la ligue arabe, a indiqué que la participation du président palestinien, Mahmoud Abbas, a des significations importantes, car il s’agit notamment de mettre en œuvre la décision du dernier sommet arabe en Algérie, qui a recommandé la tenue d’une conférence internationale sur Jérusalem. Il a ajouté que la conférence vise également à présenter la question de Jérusalem à l’opinion publique mondiale, en particulier les violations et les crimes israéliens systématiques en cours, dans le but de vider la ville de sa population palestinienne, en plus des tentatives de judaïser la mosquée Al-Aqsa. En outre, il a rappelé que les incursions de la Mosquée Al-Aqsa visent à aggraver les tensions dans la région.

Multiplication de la répression
Pour le président de l’Autorité palestinienne, le temps est venu de demander aux Nations unies d’accorder le statut de membre à part entière à «l’État de Palestine», une initiative qu’il accomplira cette semaine, a-t-il assuré. M. Abbas a expliqué : «Nous exigerons la publication d’une résolution confirmant la protection de la solution à deux États en accordant à l’État de Palestine le statut de membre à part entière de l’ONU, en mettant fin aux actions unilatérales, en particulier les activités de colonisation, qui sont toutes nulles et illégales, en respectant les accords signés et les résolutions de légitimité internationale, et appelant à une conférence internationale de paix».
Il a précisé que les Palestiniens demanderont à l’ONU d’appeler Israël à ne plus prendre d’initiatives unilatérales, évoquant spécifiquement les colonies juives, et à «respecter les accords et les résolutions internationales». Par visioconférence, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a affirmé que «la position de l’ONU est claire : elle refuse les décisions unilatérales», citant notamment «les colonies israéliennes illégales à Jérusalem-Est», partie palestinienne de la Ville sainte.
La conférence des Etats de la Ligue arabe pour Jérusalem devait se terminer hier par une déclaration finale de dix-neuf points, appelant à la protection de la ville sainte et au soutien des Palestiniens face à la répression et l’occupation israéliennes.
Selon ce document, il n’y aura pas de paix, de sécurité ni de stabilité sans le respect des droits «légitimes» et «inaliénables» des Palestiniens. Il s’agit de la fin de l’occupation israélienne, de la création d’un Etat palestinien souverain avec Jérusalem-Est pour capitale, du droit au retour. Parmi les points, une clause appelant la communauté internationale à prendre des mesures concrètes pour fournir une protection internationale au peuple palestinien et faire face à l’agression continue d’Israël contre le peuple palestinien sous toutes ses formes, y compris la colonisation israélienne, le régime d’apartheid et les mesures discriminatoires. Le Conseil de sécurité est interpellé pour assumer ses responsabilités envers la mise en œuvre effective de ses résolutions liées à la cause palestinienne, y compris les résolutions 242, 338, 1515 et 2334, et à œuvrer à «mettre fin aux politiques et pratiques israéliennes illégales contre le peuple palestinien et supprimer les colonies illégales et le mur d’annexion et d’expansion».

Mettre fin aux politiques et pratiques israéliennes illégales
La déclaration appelle également à la protection des lieux saints islamiques et chrétiens de la ville de Jérusalem et à l’arrêt des tentatives israéliennes visant à modifier le statu quo historique et juridique dans la ville de Jérusalem et dans la mosquée Al-Aqsa, et les tentatives de changer son nom, de le diviser temporellement et spatialement, de saper la liberté de prière des musulmans en son sein, et de chercher à saper ses fondements et à falsifier son histoire. La déclaration a également souligné le rejet des mesures israéliennes systématiques et illégales visant les églises et à affaiblir la présence chrétienne dans la ville sainte. La déclaration affirme le rejet de toute décision qui viole le statut juridique de Jérusalem, y compris l’ouverture de tout bureau ou mission diplomatique dans la ville. Cela constitue une agression contre les droits du peuple palestinien, une provocation aux sentiments de la nation arabe, islamique et chrétienne, et une grave violation du droit international et des résolutions pertinentes des Nations Unies, y est-il écrit.
Elle s’est félicitée de la résolution n° 77/247 de l’Assemblée générale des Nations Unies, qui appelait à demander un avis consultatif à la Cour internationale de Justice sur la nature de l’occupation coloniale israélienne sur les terres de l’État de Palestine, les implications de cette présence, et les pratiques illégales qui y sont associées.
Elle exhorte la Cour pénale internationale à achever l’enquête pénale et à tenir pour responsables les auteurs de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et d’autres crimes qu’Israël a commis et commet encore contre le peuple palestinien sans défense, notamment les crimes de colonisation et d’annexion, les agressions et le siège incessant de la bande de Gaza…
Un Palestinien de 14 ans tué lors d’un nouveau raid israélien en Cisjordanie
Les forces d’occupation israéliennes ont tué dimanche un adolescent palestinien lors d’un nouveau raid de l’armée dans le nord de la Cisjordanie occupée, a rapporté le ministère palestinien de la Santé.
«Qoussaï Radwane Waked, 14 ans, est décédé après avoir été grièvement blessé à l’abdomen par des tirs à balles réelles de la part de l’occupation israélienne» dans la ville de Jénine, a indiqué le ministère dans un communiqué.
Un photographe de l’AFP a vu le corps de l’adolescent enveloppé dans un drap et transporté sur une civière.
Ce nouveau décès survient dans un contexte de flambée de violences. Il porte à au moins 46 le nombre de Palestiniens tués. Samedi, un Palestinien a été tué près de la ville de Naplouse dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Selon le ministère de la Santé palestinien, Mithkhal Suleimane Rayyane, 27 ans, a été touché à la tête d’une balle tirée par un colon à proximité du village de Qarawat Bani Hassan.
Lors des funérailles de Rayyane dimanche, Attia Asi, un Palestinien affirmant avoir assisté à la scène la veille, a déclaré à l’AFP que les coups de feu étaient «au début des tirs en l’air puis après ils étaient dirigés vers les personnes (palestiniennes) dans le but de tuer».
Environ 475.000 colons israéliens vivent dans des implantations considérées comme illégales par le droit international en Cisjordanie, où habitent plus de 2,8 millions de Palestiniens.
Par ailleurs, trois jeunes palestiniens ont été blessés dimanche par les balles de l’occupation israéliennes lors d’une incursion dans la ville de Jénine, selon des sources locales palestiniennes.
Les mêmes sources ont révélé que deux jeunes palestiniens ont été blessés au ventre précisant qu’ils ont été transférés à l’hôpital.
Les forces armées israéliennes ont fait une incursion dans la ville et ont encerclé une maison palestinienne, arrêtant un ex-prisonnier, Jibreel Al-Zubeidy, qui avait passé plus de 11 ans dans les geôles de l’occupation.
Il est à noter qu’Al-Zubeidy est le frère du martyr palestinien Dawood Al-Zubeidy et il est membre au mouvement de Fatah. Par ailleurs, quelque 598 civils palestiniens, dont 99 enfants, ont été arrêtés par les autorités sionistes en janvier dernier, selon les institutions des prisonniers.
Les institutions des prisonniers et des droits de l’Homme révèlent, qu’au cours du mois de janvier, les autorités de l’occupation ont arrêté (598) citoyens palestiniens, dont (99) enfants et (8) femmes. La plupart des arrestations ont été enregistrées à El Qods, suivi par El Khalil et Jénine, précise la source. Selon la même source, Israël détient actuellement environ 4780 prisonniers, dont 29 femmes, 160 mineurs, 915 détenus administratifs et 5 enfants.
Les autorités de l’occupation utilisent aussi, depuis quelques temps, des politiques de punition collective contre les citoyens palestiniens d’El Qods tels que : Le bouclage de maisons des prisonniers et martyrs palestiniens. n