Le cahier des charges portant sur le projet Solar 1000 a été libéré, et il est disponible, depuis jeudi, chez la Société algérienne des énergies renouvelables (SHAEMS), qui a été chargée de la gestion de ce projet cardinal dans la stratégie de transition énergétique mise en place par les pouvoirs publics. C’est d’ailleurs la même agence SHAEMS qui a fait l’annonce officielle, dans un communiqué, de la disponibilité du document, alors que des soumissionnaires affluaient à son siège pour en retirer une copie.Par Feriel Nourine
Ces derniers doivent sans doute être soulagés par une nouvelle qu’ils attendaient impatiemment, non sans manifester leur incompréhension face au retard des autorités concernées pour la livraison du cahier des charges alors que l’appel d’offres relatif à Solar 1000 a été lancé fin décembre dernier.
En ce sens, le directeur général du Cluster Energie Solaire (CES) Boukhalfa Yaïci est monté au créneau le 9 février courant, appelant le ministère de la Transition énergétique et des Energies renouvelables à la libération du cahier des charges afin de permettre aux opérateurs intéressés de passer aux étapes qui suivent, à commencer par la soumission au projet.
«Nous avons été très contents de voir l’appel d’offre finalement annoncé (le 24 décembre 2021). Les opérateurs ont payé les frais nécessaires pour l’obtention du cahier des charges, mais à ce jour ils ne l’ont pas encore reçu», a déclaré le DG du CES qui regroupe l’ensemble des opérateurs de la filière de l’énergie solaire en Algérie.
M. Yaïci a insisté sur la nécessité d’agir «rapidement» pour que les entreprises ayant manifesté leur intérêt pour ce grand puissant d’énergies renouvelables puissent entamer sa réalisation.
Ne cachant sa «surprise» devant cette situation de blocage, le même responsable n’a pas hésité à la mettre sur le compte du réflexe de dépendance de la rente des hydrocarbures, d’autant que les prix en hausse actuellement affiché sur le marché ont de quoi encourager la préservation ce type de reflexe.
«Une hausse des prix du baril est très bonne pour l’Algérie, mais j’ai l’impression qu’elle est en train de nous faire revivre les années passées, avec les mêmes reflexes», avait-il relevé, considérant, à juste de titre, que beaucoup de temps a été déjà perdu, sachant que le plan d’action de 2020, prévoyait la production de 15 000 MW d’électricité à l’horizon 2035, dont 4 000 MW d’ici à 2024. «Normalement, nous sommes sur une cadence de 2 000 mégawatts par an», a expliqué M. Yaïci, regrettant qu’en 2022 «nous n’avons encore rien vu du déploiement de ce plan d’action». Une réalité génératrice de déception chez le même intervenant. «Nous sommes très déçus. Le programme qui est l’un des projets phares du gouvernement ne connaît pas un début d’application», a-t-il regretté.
En tous les cas, la sortie du DG du CES semble avoir eu le résultat escompté par les acteurs de la filière, et le cahier des charges attendu n’a pas tardé à être libéré et remis aux soumissionnaires potentiels. Lesquels seraient prêts à passer à l’action sur le terrain dans les plus brefs délais au cas où ils sont retenus. «Si la machine est mise en marche, cela va créer de la confiance chez les investisseurs et les projets commenceront à être réalisés. On va voir, donc, une création importante d’entreprises et d’emplois», a poursuivi M. Yaïci.
Concernant l’opération d’ouverture des plis pour ce projet, elle a été fixée pour le 30 avril, et cette date a été maintenue, indique-t-on.
Solar 1000 consiste en la constitution de Sociétés de Projet (SPV) chargées de réaliser un projet de centrales solaires photovoltaïques d’une capacité totale de 1.000 MWc, réparties sur le territoire national, en lots de 50 à 300 MWc chacune, indique l’appel d’offre lancé le 24 décembre dernier.
Les sites destinés à l’implantation des installations de ces centrales seront mis à la disposition des SPV par la Société Algérienne des Energies Renouvelables dénommée «SHAEMS, Spa», chargée par le ministre de la Transition énergétique et des énergies renouvelables, du traitement de cet appel d’offres, précise la même source.
La participation à cet appel d’offres est ouverte à toute personne physique ou morale, seule ou en groupement, qui mobilise les financements nécessaires à la réalisation de ce projet, justifie de références avérées dans le développement et le montage de projets de centrales de production indépendante d’électricité (mode IPP, notamment, de sources renouvelables), et dispose également de capacités pour l’exécution de toutes les prestations requises pour ce type de projet.
Il est également souligné que les investisseurs intéressés devront assurer le développement, le financement, la conception, la fourniture d’équipements, la construction, l’exploitation et la maintenance de ces centrales, ainsi que la réalisation des installations d’évacuation et de raccordement aux réseaux électriques et la commercialisation de l’électricité produite à partir de ces centrales.
La commercialisation de l’électricité produite «se fera à travers un contrat de vente et d’achat d’électricité (Power Purchase Agreement PPA), conclu pour une durée d’exploitation de vingt-cinq ans (25) ans pour chacune des centrales, entre la SPV et l’acheteur désigné».