PAR NAZIM BRAHIMI
Au centre de zones d’ombre autour de sa réalisation, le projet du port-centre d’El Hamdania, dans la commune de Cherchell (Tipasa), continue de faire parler de lui. Une situation plus qu’inconfortable pour un projet stratégique inscrit en… 2010, puis, lancé en 2015 sans jamais sortir du sol. Soit une décennie perdue.
Visiblement, la non-réalisation de ce projet, qui a été inscrit à l’ordre du jour de la réunion du Conseil des ministres du 28 février dernier, fait réagir les responsables. Le dernier en date est Amar Grine, le Directeur général de l’Agence nationale pour la réalisation du port-centre d’El Hamdania, lequel a affirmé que l’entame des travaux est tributaire de l’accord de la partie chinoise en ce qui concerne le financement du projet.
Ce chantier, dont les travaux sont programmés sur sept ans, sera financé par un prêt du Fonds national d’investissement (FNI) et un crédit à long terme d’Exim Bank of China.
Comprenant trois lots, à savoir le port en eau profonde, les zones logistiques et industrielles ainsi que la pénétrante et la voie ferrée, le projet coûtera 3,3 milliards de dollars. En vertu d’un protocole d’entente, conclu le 17 janvier 2016, sa réalisation a été confiée à une société mixte de droit algérien composée du Groupe public des services portuaires et de deux compagnies chinoises, CSCEC (China State Construction Engineering Corporation) et CHEC (China Harbour Engineering Company). Régie par la règle 51-49%, cette société mixte est chargée de réaliser les travaux d’études, de construction, d’exploitation et de gestion de l’infrastructure portuaire.
Techniquement, il est expliqué qu’avec 20 mètres de tirant d’eau, ce port en eau profonde sera réalisé non seulement pour le commerce national par voie maritime, mais aussi en tant que hub pour les échanges au niveau régional. L’infrastructure disposera de 23 quais d’une capacité de traitement de 6,5 millions de conteneurs et de 25,7 millions de tonnes/an de marchandises générales.
Effectuant hier, en compagnie du wali de Tipasa, une visite sur le site, le premier chef de l’Agence nationale créée pour prendre en charge la réalisation du projet, a souligné que toutes les contraintes ont été levées, relevant que le coût de réalisation a été réduit comparativement à la valeur arrêtée en 2018.

Blocages
«Sur vingt ans, le manque à gagner a atteint près de 20 milliards de dollars, soit plusieurs fois le montant total estimé pour la réalisation du port d’El-Hamdania», notent des spécialistes. Pour ces derniers, la réalisation du projet permettra d’«en finir définitivement avec les ports secs et, à terme, avec le système actuel de trafic portuaire dans sa globalité». « Tous les intervenants et lobbies du commerce extérieur et du transport portuaire, qui ont de gros intérêts dans la situation actuelle, ne veulent évidemment pas que ce projet voie le jour», ajoute-t-on.
Lors de la réunion du Conseil des ministres du 28 février, durant laquelle a été abordé le sujet, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné la prise effective de toutes les dispositions nécessaires au lancement des travaux de réalisation du port stratégique d’El-Hamdania. Le Président a fixé «un délai de deux mois, au maximum» pour le lancement effectif de ce mégaprojet».
Pour sa part, le ministre des Travaux publics et des Transports, Kamel Nasri, a fait le point, le 26 mai, sur la phase préparatoire dudit projet, évoquant l’état d’avancement des dispositifs administratifs, financiers et organisationnels devant permettre le lancement et la réalisation de cette importante infrastructure à caractère économique et commerciale.