PAR NAZIM BRAHIMI
Le projet de gazoduc Transsaharien qui va lier le Nigeria à l’Algérie, en passant par le Niger, pour approvisionner l’Europe en gaz, est en avance au grand dam du Maroc tenté de devancer l’Algérie en faisant valoir une autre offre pour le Nigeria, dans le même objectif d’approvisionner le continent européen.
«Les dernières informations dont nous disposons sont que le gazoduc reliant le Nigeria à l’Algérie va commencer à fonctionner dans peu de temps», selon des sources proches du dossier, citées dans la presse espagnole, affirmant que le projet de Transsaharien est le «plus réaliste».
La même source a relevé que contrairement à la possibilité de concrétiser le projet du gazoduc Nigeria-Algérie dans le court terme, le projet qu’offre le Maroc, le Nigal, ne peut être opérationnel qu’en… 2046. Soit d’ici plus de deux décades. Le gazoduc Nigeria-Algérie verra le jour, bien plus tôt, surtout après la décision d’Alger de prendre à sa charge la partie nigérienne, ce qui ne fera qu’accélérer la cadence du projet et rapprocher le délai de concrétisation.
D’autant plus que les hauts responsables algériens et nigérians font de ce projet un «objectif stratégique», un choix réitéré récemment à la faveur de la visite effectuée en Algérie par le ministre nigérian des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama.
Les deux pays ont réaffirmé, à cette occasion, leur engagement à mener jusqu’au bout le Transsaharien, qui reliera le Nigeria à l’Algérie, en passant par le Niger, pour approvisionner l’Europe en gaz.
En effet, lors de l’entretien qu’a eu le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, avec son homologue nigérian, les deux chefs de la diplomatie ont réaffirmé «l’engagement des deux pays à réaliser les projets structurants initiés conjointement dans le domaine économique, notamment le gazoduc Alger-Lagos, la route transsaharienne et la dorsale à fibre optique».
Auparavant, la nouvelle ambassadrice du Nigeria en Algérie, Aisha Mohammed Garba, avait indiqué avoir abordé les grands projets algéro-nigérians avec le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
«Nous avons réitéré l’engagement du Nigeria dans ses projets avec l’Algérie», avait indiqué Mme Garba, après sa réception par le Président, à qui elle venait de remettre ses lettres de créances l’accréditant en qualité de nouvel ambassadeur de la République fédérale du Nigeria en Algérie.
«Nos deux pays sont liés par de nombreux accords bilatéraux et multilatéraux, dont les plus importants sont la route transsaharienne, le gazoduc et le projet de liaison par fibre optique», a-t-elle dit, notant une nouvelle fois que «la concrétisation de ces projets ouvrira de nouveaux horizons économiques qui créeront des opportunités d’emploi non seulement aux pays impliqués dans les projets, mais aussi à de nombreux pays africains voisins».
Autrement dit, l’Algérie et Nigeria tiennent à leur mégaprojet de gazoduc à multiples dividendes socio-économiques pour les deux pays mais aussi de nombreux autres pays africains que cette infrastructure traversera, au grand dam du Maroc, qui constate que le projet avance «offrant des avantages en matière de coût, de réalisation et de sécurité», selon l’avis des experts.
Un coup d’accélérateur qui a été donné le 28 juillet dernier, lorsque les concertations de plusieurs mois entre l’Algérie, le Niger et le Nigeria s’étaient soldées par la signature, à Alger, d’un mémorandum d’entente pour atteindre cette concrétisation et permettre à la mégastructure de 4 000 km de se réaliser.
Ce mémorandum d’entente pour une interconnexion en pipelines entend, à terme, acheminer plus de 30 milliards de m3 par an de gaz naturel depuis le Nigeria.
Avec les deux gazoducs déjà opérationnels, à savoir l’Enrico Mattei et le Medgaz, dont les études de reconversion au transport de l’hydrogène devaient être lancées en ce début 2023, l’Algérie offre de meilleurs avantages que les fournisseurs actuels et potentiels de l’Europe, exception faite de la Russie, plus grand fournisseur de l’Europe en gaz.
C’est cela l’engagement dont il est question, manifesté dans un document signé dans la capitale algérienne à «aller de l’avant» dans la réalisation du TSGP, avait indiqué le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, expliquant que cette étape dans la gestion du projet signifie la poursuite de la mise en œuvre de tous les programmes tracés pour sa réalisation, notamment l’élaboration des études et des différents aspects liés à la réalisation. Il a ajouté que «les trois pays ont convenu de faire aboutir le projet dans un court délai». n