Par Bouzid Chalabi
Après une année 2021 marquée par des tensions sur des produits alimentaires de très large consommation, celle-ci va-t-elle se terminer sur le même scénario ? Cela en a tout l’air, puisqu’une tension sur l’huile de table et le sucre cristallisé commence à voir le jour chez les grossistes.
Ceux de Oued Smar, haut-lieu du commerce en gros en denrées alimentaires de la capitale, ont non seulement décidé de ne plus s’approvisionner auprès des usines de production, mais ont aussi vu tout leur stock fondre comme neige au soleil par l’effet d’achat massif des détaillants. Pour le premier constat, le président du Comité des grossistes de Oued Smar, Walid Messaoud, approché hier par Reporters, affirme que les «unités imposent, depuis quelques jours, une restriction sur nos volumes de commande. Du coup, et compte tenu du coût du fret, on préfère remettre à plus tard nos approvisionnements dans l’attente d’une disposition plus souple». Quant au second, ce même responsable nous dira : «A l’approche de la nouvelle année, la rumeur quant à une hausse du prix de l’huile et du sucre ont poussé les consommateurs à multiplier leurs achats au point où les commerçants enregistrent des records de vente en ces deux denrées, ce qui a provoqué une baisse vertigineuse de nos stocks.»
En effet, des images relayées sur les réseaux sociaux montrent des gens se ruant sur l’huile dès l’ouverture des grands espaces de vente. Leur but étant de se ravitailler en quantité suffisante «avant l’entrée en vigueur d’une nouvelle tarification», selon la rumeur qui circule. Du côté des services commerciaux des producteurs, que Reporters a pu joindre jeudi dernier, c’est le même argument. «Nous n’avons eu aucune instruction dans ce sens. Et si tel était le cas, nous aurions avisé notre clientèle de grossistes», expliquent-ils.
Faut-il également savoir que tous les détaillants que nous avons pu interpeller nous ont avancé «une tension dans les jours qui viennent sur le sucre, dès lors où la facture d’achat sera rendue obligatoire. De ce fait, nous allons réduire nos volumes d’achats en la matière, pour ne pas dire faire dans le strict minimum, histoire de ne pas trop pénaliser notre clientèle». En somme, l’année 2022 risque de mal commencer pour les consommateurs. C’est d’ailleurs ce que l’on redoute chez les associations de protection du consommateur.
Cela dit, il y a lieu de rappeler, comme nous l’avions rapporté dans ces mêmes colonnes dans une édition du mois d’octobre 2021, que le prix plafonné d’un bidon d’huile alimentaire de 5 litres a été fixé à 650 DA TTC au lieu de 600 DA auparavant, alors que le prix des bouteilles de 2 litres et d’1 litre sont restés inchangés, respectivement, 250 dinars TTC et 125 dinars TTC, en vertu d’un Décret exécutif publié au Journal Officiel (JO) n°77 du 21 octobre 2021. Or dans les supérettes les prix plafonnés sont rarement appliqués à la lettre.
Notons toutefois que les cours mondiaux des matières premières entrant dans la production de l’huile de table et du sucre cristallisé ont connu des hausses sensibles ces deux derniers mois. Ce qui pousse à croire que les prix à la consommation de ces deux matières pourraient connaître une augmentation dès le 1er janvier 2022. Mais attendons cette échéance pour être fixé.