L’industrie pharmaceutique en Algérie maintient le bon cap. Le pays a investi dans la production de l’insuline et des médicaments anticancéreux. Ce ne sont pas des projets qui attendront plusieurs années pour entrer en production mais ils le seront tout prochainement. C’est ce qui a été mis en exergue lors d’une conférence nationale intitulée «Souveraineté sanitaire, souveraineté pharmaceutique» organisée hier à Alger.
La facture d’importation de l’insuline est estimé à 400 millions de dollars par an actuellement, mais elle va connaître «une baisse de 50% en 2023, grâce à la production locale», a indiqué le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Abderrahmane Lotfi Djamel Benbahmed, à l’ouverture des travaux de la conférence. Il a ajouté que «l’inauguration de la première unité de production d’insuline à 100% algérienne devra intervenir lors des prochains jours».
Concernant les produits anticancéreux, «six nouvelles unités de production seront inaugurées dans les prochains jours» également, a fait savoir le président de l’Observatoire national de veille sur la disponibilité des produits pharmaceutiques, Redha Belkacemi. «Ce sont des médicaments importants qui constituent un poids sur le budget de l’Etat et qui ont connu des perturbations de disponibilité», a-t-il précisé, relevant que la production locale «permettra d’éviter les aléas de disponibilité et d’éviter la dépendance vis-à-vis du marché international et ses perturbations».
Les nombreux professionnels du secteur présents à la rencontre ont, pour leur part, tenu à souligner que la production locale des médicaments d’oncologie et celle de l’insuline représentent les nouveaux défis de l’industrie pharmaceutique algérienne qui est à classer dans le cadre de la souveraineté sanitaire du pays. Cette souveraineté sanitaire a plus que jamais prouvé son importance lors de la pandémie du Covid-19, a tenu à rappeler M. Belkacemi.
La production locale couvrira entre 70 et 80% du marché national en 2023
Pour sa part, le président de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP), Abdelouahed Kerrar, a indiqué que l’Algérie réalise une croissance à deux chiffres dans le secteur de l’industrie pharmaceutique depuis une quinzaine d’années, ce qui renforce la souveraineté sanitaire du pays. «C’est un grand saut réalisé par notre pays à travers 196 unités pharmaceutiques tirant également les prix vers le bas au profit du citoyen et de l’Etat», a-t-il affirmé, cité par l’APS. De plus, a-t-il rappelé, le lancement progressif par l’Algérie de la production de traitements d’oncologie en full process ajoutée à la fabrication prochaine d’insuline permettra aux produits locaux de couvrir près de 80% du marché national d’ici 2023.
La veille, lors de son déplacement à Aïn Defla, le ministre a affirmé que plus de 70 % des besoins nationaux en médicaments sont couverts par l’industrie pharmaceutique locale. «A la création de notre ministère en 2020, les besoins nationaux en médicaments étaient couverts localement à hauteur de 52%, un taux qui, depuis lors, a nettement évolué puisque dépassant à l’heure actuelle les 70%”, a signalé le ministre de l’Industrie pharmaceutique. Appelant à fournir davantage d’efforts en vue d’encourager la production locale du médicament, il a mis l’accent sur le fait que l’industrie pharmaceutique doit fournir une valeur ajoutée. «Notre stratégie est des plus claires : il ne s’agit pas de faire une industrie pharmaceutique pour le plaisir d’en faire, mais il faut que cette industrie fournisse une valeur ajoutée, condition sine qua non du développement économique de notre pays et, par ricochet, de la création de postes d’emploi», a-t-il déclaré. Faisant remarquer qu’«aucun pays au monde ne dispose d’une autosuffisance en matière de production de médicaments», il a noté que l’Algérie s’emploie à réduire la facture d’importation de médicaments inhérents à un certain nombre de pathologies. Il reste d’autres défis, selon le président de l’UNOP, dont celui du développement de «nouvelles aires thérapeutiques» nécessitant une grande expertise, notamment en ce qui concerne les produits de biotechnologie.