Le ministre de l’Industrie pharmaceutique Lotfi Benbahmed a inauguré, hier, de nouvelles unités pour la production locale de médicaments anticancéreux et d’insuline, traduisant ainsi sur le terrain le défi d’assurer la disponibilité de ces catégories de médicaments dans le cadre de la souveraineté nationale.
La première escale du ministre l’a mené à Réghaïa où il a visité, plus précisément, l’unité de production « Profam », affiliée au complexe Biopharm, spécialisée dans le développement de la production de médicaments anticancéreux sous forme sèche. Le PDG de Biopharm Abdelouahed Kerrar a précisé, lors de cette visite, que cette unité est équipée d’un laboratoire de contrôle qualité pour les analyses physico-chimiques et microbiologiques. Elle a une capacité de production de 10 millions de comprimés par an, avec un portefeuille de 3 produits actuellement en production et 9 en développement.
Il est à noter qu’avec le lancement de la chaîne de production de Propharm, le nombre d’unités de fabrication de médicaments anticancéreux en Algérie passe à six, dont trois au Centre, deux à l’Est et une à l’Ouest du pays. Ceci dans l’objectif «de répondre aux besoins du marché et d’assurer la continuité de la disponibilité et de l’accessibilité des médicaments d’oncologie qui ont connu des ruptures d’approvisionnement au niveau des structures hospitalières, notamment dues à l’épidémie de la Covid-19 », précise le ministre de l’Industrie pharmaceutique sur sa page officielle. La deuxième escale de Lotfi Benbahmed, l’a mené à Oued Smar, où il a inauguré la première unité de production d’insuline en Algérie, en l’occurrence l’unité de production Biothéra, affiliée au complexe Biocare Biotech’. Sur la page officielle du ministère de l’Industrie pharmaceutique, il est précisé que cette nouvelle unité de production d’insuline est un investissement 100% algérien et en Full Process, une capacité de production de plus de 10 millions de boîtes de 5 stylos non réutilisables. Ce qui permettra, d’une part, d’alléger la facture d’environ 120 millions d’euros et assurer le double de la consommation annuelle algérienne de ce type d’insuline avec la possibilité d’exporter à l’étranger. Il est également annoncé que les mécanismes de cette unité permettront la production de tous les types d’insuline pour un marché estimé à 400 millions d’euros d’ici 2024. Par ailleurs, concernant le fait d’assurer la fiabilité de la qualité de la production nationale ainsi qu’à oeuvrer à garantir la disponibilité de la matière première, qui a connu de fortes perturbations durant la pandémie de la Covid au niveau du marché international, le département de Benbahmed a également œuvrer à trouver des solutions avec la relance de l’emblématique site de production de produits pharmaceutiques à Médéa à travers l’entreprise nationale Saidal. En effet, jeudi dernier, le ministre de l’Industrie pharmaceutique Lotfi Benbahmed a inauguré le premier laboratoire de contrôle qualité des produits anticancéreux en Algérie, baptisé « Cytolab ».
Créé en partenariat avec le groupe sud-coréen CKD Otto, ce laboratoire « permet de procéder aux analyses de contrôle de qualité des six médicaments de chimiothérapie fabriqués par Saidal », souligne le ministre de l’Industrie pharmaceutique.
Outre l’inauguration du laboratoire Cytolab, Benbahmed s’est rendu au complexe Antibiotical de Saidal, « fleuron de l’industrie pharmaceutique algérienne dans les années 80. Spécialisé dans la production d’antibiotiques et de matière première, dimensionné pour couvrir les besoins de l’Algérie et de toute l’Afrique, avec ses neuf réacteurs », rappelle le ministère. L’unité Saidal de Médéa disposait d’une « capacité de production de 750 tonnes de principes actifs pénicilline et non pénicilline issus de la biotechnologie sous forme injectable ». Le ministre de l’Industrie pharmaceutique a, dans ce sillage, dénoncé le fait que «sous pression des lobbies d’importation et faute d’investissement, les réacteurs ont été progressivement abandonnés et se sont arrêtés dans cette unité en 2006 ».
Ainsi, après 16 ans d’arrêt, le ministre a « donné instruction de réactiver, dans un délai d’une année, l’unité de production de matière première, soit avant le 5 juillet 2023».
Il est précisé que cette relance se fera avec la « mise en œuvre et l’accélération du plan de réinvestissement déjà approuvé. Ceci va permettre au Groupe Saidal de réhabiliter et de mettre à niveau toutes ses installations dans le cadre du projet de partenariat avec une firme chinoise en vue de la production, dès 2023, de 15 nouvelles matières premières».
Parmi les objectifs de ces investissements pour la production de cette matière première, celui d’assurer l’autonomie de l’industrie pharmaceutique nationale afin de garantir la disponibilité des produits pharmaceutiques et de renforcer la souveraineté sanitaire. Il s’agit également de créer de la valeur ajoutée en augmentant le taux d’intégration et être plus compétitifs sur les marchés extérieurs. Finalement, après deux années marquées par de nombreuses ruptures de médicaments, dont les plus dramatiques sont les fortes perturbations des médicaments anticancéreux vitaux pour les malades algériens, notamment les enfants atteints de cancer, ainsi que les nombreuses polémiques autour de la disponibilité de l’insuline, le lancement de six unités de production de médicaments d’oncologie et celui d’une production 100% algérienne d’insuline, l’espoir aujourd’hui est que la problématique de la rupture de médicaments a enfin trouvé une solution pérenne.